Un grand pas pour la liberté d'expression a été franchi en 2010, constate Amnistie internationale dans son tout dernier rapport annuel sur la situation des droits de l'homme dans le monde. La révolte commençait tout juste à bouillonner en Tunisie quand l'année s'est achevée, mais WikiLeaks avait déjà rendu publics des tas d'informations et les médias sociaux, qui allaient jouer un rôle central durant le printemps arabe, gagnaient en popularité à mesure que les technos dernier cri devenaient de plus en plus accessibles. Survol de la dernière édition de la bible des droits de l'homme.

Trois raisons de se réjouir

1. Fini l'impunité en Amérique du Sud

L'Argentine, le Chili, le Pérou et la Colombie ont traîné devant les tribunaux des généraux responsables d'actes de torture ou de meurtres. Une opération inimaginable il y a 20 ans, note Amnistie.

2. Justice en Inde

Pour la première fois en 2010, 26 ans après la catastrophe de Bhopal, des cadres de la société Union Carbide ont été reconnus responsables de la fuite mortelle de gaz, qui a fait des dizaines de milliers de morts depuis le désastre.

3. Des avancées pour les Africaines

L'accès aux soins de santé maternelle s'améliore, notamment au Burkina Faso et en Sierra Leone, où les autorités se sont attaquées aux obstacles financiers.

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Trois inquiétudes

1. Printemps arabe, la suite

«On a assisté à une révolution des droits de l'homme, dit Béatrice Vaugrante, directrice de la section francophone d'Amnistie internationale (AI) au Canada. On ne sait pas encore si ce sera une révolution des institutions.» Les pays occidentaux, dit AI, ont l'obligation d'aider les nouveaux gouvernements sur la voie de la liberté.

2. La guerre, toujours

Somalie, Soudan, Israël et territoires palestiniens occupés, Colombie... Autant de conflits où, écrit Amnistie, «les populations civiles sont bien souvent prises pour cibles par les groupes armés et les forces gouvernementales».

3. L'information, plus que jamais

Fournisseurs d'accès internet ou de téléphonie mobile, gestionnaires de médias sociaux et numériques, tous doivent prendre conscience de leurs nouvelles responsabilités: le respect des droits de l'homme. AI leur demande d'éviter d'être manipulés par les gouvernements répressifs à des fins d'espionnage ou de restrictions de la liberté d'expression.

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Le Canada dans la ligne de mire

1. Le sort des prisonniers afghans

Personne n'est à l'abri d'enquêtes de la Cour pénale internationale sur des allégations de torture, rappelle AI. Le procureur de la CPI, Luis Moreno-Ocampo, a déjà indiqué qu'il allait étudier le cas des prisonniers afghans capturés par les militaires canadiens et transférés aux autorités locales.

2. Le sort des autochtones

Spoliation des terres, mais aussi, atteinte aux droits des femmes. «Il n'y a jamais eu autant d'enfants retirés aux autochtones depuis le pire de l'époque des pensionnats», dénonce Mme Vaugrante.

3. Le sort des réfugiés

Un projet de loi conservateur propose des mesures pour une détention à long terme de réfugiés entrés au pays de façon «irrégulière», ce qui inquiète AI.