La police chypriote a annoncé avoir arrêté mardi un homme recherché dans le cadre de l'affaire de réseau d'espionnage présumé aux États-Unis au profit de la Russie.

Christopher Robert Metsos, 54 ans, a été arrêté à l'aéroport de Larnaca (sud) alors qu'il s'apprêtait à prendre un vol tôt mardi matin à destination de Budapest et qu'il se trouvait sur une liste de personnes à arrêter, a affirmé une source policière. Les autorités chypriotes avaient reçu samedi une «notice rouge» d'Interpol stipulant que cet homme était recherché, selon la même source.

Devant le tribunal de Larnaca, la police a identifié M. Metsos comme un Canadien porteur d'un passeport américain. Il a été remis en liberté contre le versement d'une caution de 20 000 euros (24 400 $CAN) en attendant son extradition, toujours selon cette source.

Contacté ultérieurement, le porte-parole de la police, Michalis Katsounotos, a indiqué que M. Metsos détenait un passeport canadien. Interrogé sur le passeport américain mentionné devant le tribunal de Larnaca, il a refusé de répondre.

Un porte-parole de l'ambassade des États-Unis à Nicosie s'est contenté de dire que «l'individu dont il est question n'est pas un citoyen américain, mais il fait l'objet d'une notice rouge».

Les autorités américaines avaient annoncé lundi un coup de filet contre dix personnes accusées de travailler aux États-Unis pour le compte de la Russie, précisant qu'un autre individu était en fuite. Poursuivis pour espionnage et, pour neuf d'entre elles, pour blanchiment d'argent, elles risquent jusqu'à 25 ans de prison.

La personne en fuite avait été identifiée comme Metsos et aurait été surveillée à New York en mai 2004 lorsqu'il avait reçu un sac contenant de l'argent d'une personne liée à la mission russe aux Nations unies.

La police a indiqué au tribunal de Larnaca que les États-Unis recherchaient M. Metsos pour espionnage au profit de la Russie et pour le blanchiment de 40 000 dollars (32 800 euros).

L'avocat de la défense Michalis Papathanasiou a demandé qu'il soit libéré  jusqu'à l'arrivée des documents relatifs à son extradition.

Le tribunal a accepté la demande de libération de M. Metsos, à condition qu'il se présente chaque jour au commissariat central de Larnaca et remette ses documents de voyage.

Le tribunal a également fixé au 29 juillet la date du début de l'audience concernant son extradition.

M. Metsos est arrivé à Chypre le 17 juin et se trouvait dans un hôtel de Larnaca, selon les autorités. Il est marié et a un enfant à Paris, selon la même source.

L'opération américaine menée dimanche est l'aboutissement de près de dix ans d'enquête du FBI. Selon la police, il s'agissait de s'immerger dans la société afin d'«obtenir des informations» en «infiltrant les cercles politiques américains».

La Russie s'est emportée mardi contre les autorités américaines après l'annonce de ces arrestations et a demandé des explications sur cet épisode digne de la Guerre froide, en plein contexte de relance des relations russo-américaines.

«À notre avis, de telles actions ne sont en rien fondées et sont mal intentionnées», a estimé la diplomatie russe, dans un communiqué.

«Nous ne comprenons pas les causes qui ont poussé le ministère américain de la Justice à faire des déclarations publiques dans l'esprit des «histoires d'espions» du temps de la Guerre froide», a martelé le ministère des Affaires étrangères.