Les nouvelles infections au VIH sont en augmentation chez les homosexuels, les toxicomanes et les prostituées dans le monde, selon l'ONUSIDA. Prises pour cibles par la loi dans de nombreux pays, ces communautés préfèrent rester dans l'ombre et ne sollicitent pas de traitements, ni d'aide.

«Il est inacceptable» que 85 pays aient encore des législations pénalisant les relations entre adultes du même sexe, dont sept prévoyant la peine capitale, estime Michel Sidibé, directeur de l'ONUSIDA.

Dans les pays réprimandant l'homosexualité (tels que la Chine, le Kenya ou le Malawi), environ 33% des nouvelles infections au VIH touchent des hommes ayant des relations sexuelles avec d'autres hommes, un chiffre en croissance significative. Par contraste, dans les Caraïbes, où la plupart des pays n'ont pas de lois répressives, seulement 3 à 6% des infections au VIH touchent des homosexuels, a expliqué M. Sidibé lors d'une présentation organisé lundi par la Fondation des Nations unies.

Le directeur de l'ONUSIDA s'est dit «très effrayé» qu'il y ait encore des propositions de loi répressives comme en Ouganda, rendant l'accès impossible pour les groupes à risque aux programmes de son organisation, qui lutte actuellement pour un accès universel au traitement contre le virus HIV.

«Nous devons insister pour que les droits de ces minorités soient maintenus. Si nous ne faisons pas cela... je pense que l'épidémie va à nouveau croître», a-t-il averti. «Nous ne pouvons pas accepter la tyrannie de la majorité».

Michel Sidibé a également averti contre l'échec de la prévention du Sida dans des pays développés comme les États-Unis. Il a estimé «choquant» que, dans un pays où les lois ne sont pas répressives et où la communauté gay a été la première à s'attaquer au VIH, plus de 50% des nouvelles infections au virus du Sida l'année dernière aient touché la communauté homosexuelle. Le taux d'infection est encore plus élevé dans la tranche d'âge 19-25, a-t-il précisé.

«Alors qu'il n'y avait presque aucun cas il y a plusieurs années, nous observons ce nouveau pic chez des gens qui n'ont pas accès à toutes les informations, à la protection qui est requise», a-t-il commenté. Il a en cela souligné l'échec à faire passer le message de la prévention et dénoncé la vanité de la nouvelle génération ayant accès au traitement aux États-Unis, comme en Europe et en Afrique.

Les consommateurs de drogue sont également très concernés par la recrudescence du virus HIV, a averti le directeur de l'ONUSIDA. «Soixante-dix pour cent des nouvelles infections surviennent en Europe de l'Est et en Asie centrale parmi les consommateurs de drogue, qui sont pénalisés», a-t-il précisé, ajoutant qu'«ils n'ont pas accès à des services. Ils doivent se cacher et passer dans la clandestinité».

Trois des 16 millions de personnes dans le monde qui s'injectent de la drogue par voie intraveineuse sont positives au virus HIV. Moins de 4% d'entre elles ont accès à un traitement et moins de 8% à des services d'accompagnement, a commenté M. Sidibé. «C'est la même chose pour les hommes ayant des relations sexuelles avec d'autres hommes», a-t-il ajouté.

Et d'appeler à «une révolution préventive» incluant une campagne dans les principales villes du monde, sur le modèle des campagnes antitabac de ces dernières années.