Plusieurs régions du monde n'ont pas attiré l'attention qu'elles méritaient dans l'espace public en 2009. Retour sur 5 conflits «oubliés» de la dernière année.

Somalie

Guerre, sécheresse, crise économique: fin 2009, l'UNICEF affirmait que la moitié de la population somalienne a besoin d'aide au plus vite. Dans la capitale, Mogadiscio, les combats sont devenus presque quotidiens, tandis que le «couloir d'Afgoye», au Sud du pays, est désormais l'un des camps de réfugiés les plus populeux du monde avec ses quelque 540 000 déplacés, selon l'UNICEF. La plupart des enfants nés dans la capitale somalienne n'ont jamais connu la paix, victimes des violences physiques et morales, souvent recrutés par les milices armées. Et l'avenir est sombre. L'influence d'Al-Qaeda s'accroît en Somalie. Le pays pourrait bientôt devenir «le nouvel Afghanistan», a mis en garde l'Union européenne dans un rapport publié fin septembre.

 

 

Sud-Soudan

La situation se dégrade au Sud-Soudan où la signature d'un accord de paix entre les forces armées et les rebelles sudistes, en 2005, n'a pas permis de mettre un terme aux violences tribales. La dernière année a été marquée par une hausse du nombre d'attaques qui ont fait plus de 2000 morts et 250000 réfugiés. L'ONU s'inquiète du nombre croissant d'enfants kidnappés par des tribus rivales (370 en 2009), parfois si jeunes qu'ils ne savent plus d'où ils viennent lors qu'ils sont libérés. La situation devra être suivie de près en 2010, alors que se tiendront les premières élections générales multipartites en 24 ans.

 

 

Photo: AFP

L'ONU s'alarme de la hausse du nombre d'enfants kidnappés par des tribus rivales.

Yémen

Les États-Unis ont tiré la sonnette d'alarme sur la situation au Yémen le 7 décembre dernier. Et pour cause. Depuis 2004, le pays est déchiré par les combats entre la rébellion zaïdite et l'armée yéménite. Le gouvernement de Saana a bien lancé une vaste offensive militaire en août dernier pour ramener le calme dans les montagnes du nord du pays, mais les résultats tardent à se manifester. Le conflit a aussi pris une dimension internationale en novembre dernier avec l'entrée en scène de l'Arabie saoudite qui a lancé des opérations pour défendre sa frontière avec le Yémen à la suite d'une incursion des rebelles dans son territoire. Le bilan des victimes continue donc d'augmenter: des centaines de civils ont été tués et 55 000 autres ont fui le pays au cours des 12 derniers mois. Autre raison de s'inquiéter: des experts craignent maintenant qu'Al-Qaeda renforce sa position au Yémen pour faire contrepoids à l'augmentation des troupes militaires américaines en Afghanistan.

 

 

Photo: archives AFP

Des miliers de personnes ont défilé le 12 décembre dernier dans les rues de la capitale du Yémen, Saana, pour manifester leur inquiétude devant la hausse des violences au pays.

Colombie

Loin de s'essouffler, la guérilla colombienne a gagné du terrain en 2009. En conflit avec l'État colombien depuis plus de 40ans, les Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc) ont créé des «commandos mobiles» en 2009 et haussé de 25% le rythme de leurs opérations: il y en aurait maintenant plus de trois par jour en moyenne. La population est en danger: plus de 380 champs minés ont été découverts en 2009 (contre 231 en 2008) et des milliers d'enfants et d'adolescents -selon Human Rights Watch- ont été enrôlés de force par les militaires. Bref, après les victoires de 2008 -dont la libération de la célèbre otage Franco-colombienne Ingrid Betancourt- le conflit «s'enlise» écrit l'ONU dans son plus récent rapport.

 

 

Photo: archives AFP

La libération d'Ingrid Betancourt a quelque peu éclipsé le fait que les Farc détiendraient toujours 24 prisonniers politiques.

République démocratique du Congo

La République démocratique du Congo vit l'une des crises humanitaires les plus meurtrières du monde, marquée par les viols, les violences interethniques et les massacres de villageois. Selon l'International Crisis Group, le conflit en RDC aura fait plus de 1000 morts en 2009. La population est terrorisée et en deux mois, plus 92 000 personnes ont fui le regain de violences dans le nord-ouest du pays. Pire, l'ONU constate une hausse du nombre de viols, utilisés comme arme de guerre dans le conflit par les milices rebelles. Ainsi, entre janvier et juin, 5387 femmes ont rapporté avoir été victimes d'abus sexuel, certaines mettant en cause des Casques bleus. Dans ces conditions, le Conseil de sécurité de l'ONU a prolongé d'un an son régime de sanction contre le pays, incluant un embargo sur les armes.

D'après La Presse, AFP, AP et Courrier international.

Photo: AFP

Cet hôpital de Tandala voit défiler de plus en plus de blessés depuis quelques mois, au gré d'une intensification des combats en RDC.