Alors que la Grande-Bretagne va dépêcher 500 soldats de plus en Afghanistan, la France a exclu mardi l'envoi de nouvelles troupes de combat et l'Allemagne a annoncé qu'elle ne répondrait pas avant deux mois aux demandes de renforts faites par Washington à ses alliés.

À quelques heures de l'annonce par le président Barack Obama de sa nouvelle stratégie pour l'Afghanistan, qui devait comporter l'envoi de 30.000 soldats américains supplémentaires pour tenter de maîtriser l'insurrection des talibans, Paris et Berlin ont réagi de manière bien moins positive que Londres et Rome aux demandes pressantes de renforts que Washington présente ces derniers jours à ses principaux alliés.

«Nous entendons les souhaits des États-Unis, mais nous n'allons pas nous décider ces jours-ci. Nous ne le ferons qu'après la conférence sur l'Afghanistan (...) qui doit avoir lieu le 28 janvier à Londres», a déclaré  la chancelière allemande Angela Merkel.

Convoquée à l'initiative de Paris, Berlin et Londres avec le soutien des États-Unis, cette conférence internationale sur l'Afghanistan vise à faire évoluer les relations entre les autorités de Kaboul et la communauté internationale.

Selon le quotidien français Le Monde, Washington demande 10 000 soldats supplémentaires à ses alliés, dont 2 000 à l'Allemagne, 1 500 à l'Italie, 1 500 à la France et 1 000 au Royaume-Uni.

Après la conférence de Londres, «l'Allemagne décidera si elle fait ou non des efforts supplémentaires et, le cas échéant, quels efforts», a précisé Mme Merkel. Elle a rappelé que le concept de sécurité prôné par l'OTAN inclut des efforts «militaires mais aussi de reconstruction civile».

Avec 4 500 soldats, le contingent allemand est le troisième en importance.

Actuellement, quelque 112 000 soldats étrangers sont déployés sur le théâtre d'opérations, au sein de la Force internationale d'assistance à la sécurité (Isaf) de l'OTAN et de la coalition sous commandement américain «Enduring Freedom» («Liberté immuable»), qui a renversé le régime des talibans fin 2001.

Les États-Unis sont de très loin le plus gros contributeur, avec près de 70 000 soldats au 1er décembre.

Dès lundi, le premier ministre britannique Gordon Brown a confirmé l'envoi de 500 soldats supplémentaires. Cela portera le contingent britannique, le deuxième en nombre, à 9 500 hommes, plus de 10 000 hommes si l'on inclut les forces spéciales.

Les renforts «se déploieront début décembre pour renforcer la présence britannique dans la province du Helmand», bastion des talibans dans le sud, a précisé M. Brown.

L'Italie, dont le contingent est le sixième en importance, a elle aussi fait connaître sa disposition à envoyer des renforts, sans toutefois citer de chiffre.

«Il est évident que l'Italie devra finir le travail commencé avec l'OTAN et fournir une contribution supérieure s'il le faut», a déclaré lundi le ministre des Affaires étrangères, Franco Frattini.

La France, qui a le quatrième contingent avec 3.750 hommes sur le théâtre d'opérations, a exclu mardi d'envoyer de nouvelles troupes de combat. Mais elle n'a pas écarté la possibilité de renforcer sa contribution à la formation de l'armée et de la police afghanes.

«Aujourd'hui, on exclut l'envoi de troupes de combat au sol», a déclaré à l'AFP le représentant spécial de M. Sarkozy pour l'Afghanistan et le Pakistan, Thierry Mariani.

Le président Nicolas Sarkozy avait déclaré en octobre dernier: «La France n'enverra pas un soldat de plus».

«On pourrait envoyer des militaires supplémentaires pour la formation de la police et de l'armée afghanes», car «notre effort supplémentaire peut prendre plusieurs formes», a toutefois souligné M. Mariani.

Confirmant que les États-Unis réclament à leurs alliés de l'OTAN «10000 hommes supplémentaires», M. Mariani a précisé que la France allait «prendre quelques semaines pour donner sa réponse», en rappelant l'échéance de la conférence du 28 janvier à Londres.

La Pologne, elle, prendra une décision «à la fin de cette année ou au début de l'année prochaine», a déclaré mardi le premier ministre Donald Tusk.

M. Tusk a ajouté qu'il n'était «pas enthousiaste» devant la perspective d'envoyer des renforts et que la Pologne le ferait seulement «si elle n'a pas d'autre solution».