Le Conseil exécutif de l'Unesco a échoué une nouvelle fois vendredi soir à désigner un nouveau directeur général de l'organisation au deuxième tour de scrutin dont l'Egyptien Farouk Hosni reste le favori, a-t-on annoncé officiellement au siège de l'institution.

Aucun candidat n'a obtenu la majorité requise des suffrages exprimés par les 58 membres du Conseil exécutif, l'instance dirigeante de l'organisation, et un troisième tour aura lieu samedi, a indiqué un porte-parole de l'Unesco.

De source diplomatique, Farouk Hosni, ministre égyptien de la Culture, a obtenu 23 suffrages (contre 22 au premier tour), suivi par l'Autrichienne Benita Ferrero-Waldner, commissaire européenne aux Relations extérieures (9 voix, contre 7 la veille), la candidate bulgare Irina Bokova (8, sans changement), l'Equatorienne Ivonne Baki (8 contre 7 la veille).

D'intenses transactions avaient eu lieu vendredi entre les délégations européennes pour tenter d'aboutir à une candidature unique pour contrer le candidat égyptien, au centre d'une controverse pour des prises de position antisémites et anti-israéliennes dont l'accusent des organisations juives et des intellectuels.

«La question est de savoir si les Européens vont se mettre d'accord sur une candidature unique» pour faire échec au ministre égyptien de la Culture, soulignait-on au sein de l'organisation. La perspective de voir Farouk Hosni à la tête de l'Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture, est dénoncée depuis des semaines par des organisations juives et des intellectuels qui l'accusent de prises de positions antisémites et anti-israéliennes, ainsi que d'appartenir depuis plus de vingt ans à un régime pratiquant la censure.

Favori du scrutin, M. Hosni a en définitive recueilli, jeudi soir lors du premier tour, les voix de 22 des 58 pays membres du Conseil exécutif de l'Unesco, alors qu'il lui fallait la majorité des suffrages exprimés, soit 29 voix.

La délégation égyptienne a affirmé accueillir «très favorablement» les résultats du premier tour, qui constituent «une base solide pour les prochains tour de ces élections», dans un communiqué. Mais la victoire du candidat égyptien ne paraissait plus aussi assurée.

Les tractations entre délégations européennes portaient donc sur des désistements, a-t-on indiqué de sources diplomatiques et au sein de l'Unesco.

Derrière M. Hosni, la candidate bulgare Irina Bokova a emporté 8 suffrages, l'Autrichienne Benita Ferrero-Waldner, commissaire européenne, 7 voix, à égalité avec l'Equatorienne Ivonne Baki et le Russe Alexandre Iakovenko. La Lituanienne Ina Marciulionyte a obtenu 3 suffrages et le Tanzanien Sospeter Mwijarubi Muhongo, une voix.

L'Allemagne a clairement signifié son intention de faire barrage au candidat égyptien, selon une source diplomatique. 

Des responsables français ont en revanche laissé entendre que Paris pourrait soutenir Farouk Hosni, en dépit de la controverse.

Le Grand Rabbin de France, Gilles Bernheim, a appelé vendredi la direction du pays à «éclaircir» sa position, se disant «terriblement bouleversé» par la perspective que «l'Unesco, qui est un lieu de culture universelle, aurait à sa tête un homme qui parle de brûler des livres».

M. Hosni s'était déclaré en mai 2008 prêt à «brûler» tout livre israélien qu'il trouverait en Égypte. Il avait affirmé par la suite que ces propos avaient été sortis de leur contexte.

D'autres tours de scrutin seront organisés samedi, lundi, et un dernier mardi lors duquel cette fois seuls les deux candidats en tête seront dans la course.