La presse internationale témoignait lundi soir d'une «Obamania», faite d'impatiences et d'espoirs dans le nouveau président américain, qui prête serment mardi à Washington, tandis que plusieurs dirigeants souhaitaient qu'il aide le monde à sortir de la crise actuelle.

Toutefois, à quelques heures de la prise de fonctions de Barack Obama, soutenu par la plupart des gouvernements étrangers et l'opinion publique, selon les derniers sondages, de nombreux dirigeants et commentateurs mettaient en garde contre des attentes «irréalistes» concernant sa présidence.

Les images du président américain élu ont fait la Une lundi de la plupart de la presse écrite et des télévisions du monde entier, le grand quotidien espagnol El Pais titrant, sous une photo de M. Obama avec son épouse Michelle: «le rève américain arrive au pouvoir».

Pour sa part, le chef du gouvernement espagnol, Jose Luis Zapatero a déclaré que «l'effet Obama» pourrait écourter la récession économique globale, si la nouvelle administration américaine «génère la confiance».

En Italie, les sites internet des grands quotidiens saluaient également lundi soir l'avénement d'une nouvelle ère à Washington. «Obama, une popularité au firmament» estime La Repubblica (gauche), en précisant que «la journée d'investiture coûtera 170 millions de dollars».

Quant au Corriere della Sera, il considère que l'investiture d'Obama est «un événement médiatique qui exalte l'esprit américain».

La Chancellière allemande Angela Merkel espère pouvoir travailler plus étroitement avec Barack Obama, a déclaré l'un de ses porte-parole Ulrich Wilhelm.

Le nouveau président américain est attendu en avril en Europe pour un sommet international sur la crise économique et une réunion de l'Otan.

D'ores et déjà, à Londres, le Premier ministre britannique Gordon Brown a estimé que la situation au Moyen Orient devait être la priorité de M. Obama en matière de politique étrangère, avec le changement climatique et la lutte contre la pauvreté.

L'espoir que la nouvelle administration de Washington resserre ses liens avec le reste du monde, est partagé par 67% des personnes interrogées, selon un sondage réalisé dans 17 pays pour le service mondial de la radio BBC, seuls deux de ces 17 pays, le Japon et la Russie, ne dépassant pas les 50%.

Interrogées sur le retrait des troupes américaines d'Irak, la lutte contre le réchauffement climatique ou la paix entre Israéliens et Palestiniens, les personnes sondées au Ghana sont les plus positives avec 87% d'opinions favorables, suivies de l'Italie (79%), l'Allemagne et l'Espagne (78%) et la France (76%).

Viennent ensuite le Mexique et le Nigeria (74%), tandis que d'autres sondages au Canada indiquent 80% de soutien à M. Obama. Le nouveau locataire de la Maison Blanche devrait effectuer l'une de ses premières visites en février dans ce pays, un voyage qualifié de «merveilleux geste pour rétablir les fortes relations américano-canadiennes», selon le Premier ministre Stephen Harper.

Pour autant, M. Harper a estimé qu'il ne fallait pas se bercer d'illusions, «tant sont grands les défis à relever par le président Obama», ajoutant que ce dernier devrait se concentrer sur les problèmes économiques.

Même son de cloche à Berlin, où Mme Merkel a averti, dès la semaine dernière qu'il pourrait y avoir «une discussion très sérieuse» avec Washington, s'il y avait une aide à l'industrie automobile américaine que l'Europe considèrerait «inéquitable».

Pour sa part, le Premier ministre russe Vladimir Poutine a exprimé son scepticisme samedi dernier, lors d'une visite à Berlin. «Je suis profondément convaincu que les plus grandes déceptions naissent de grands espoirs», a-t-il dit.

Lundi à Moscou, le ministre adjoint des Affaires étrangères, Sergei Ryabkov a estimé que la Russie attendait la nouvelle administration américaine avec «un optimisme mesuré», compte tenu des récentes déclarations de M. Obama et de la Secrétaire d'Etat désignée Hillary Clinton.

Enfin, le quotidien sud-africain The Times s'en est pris au président sortant George W Bush, considérant que «le Monde va dire au revoir à un homme qui a été décrit comme l'un des pires présidents américains».