Les dirigeants du parti majoritaire en Thaïlande vont proposer aux parlementaires de leur formation de nommer Somchai Wongsawat candidat au poste de premier ministre en remplacement de Samak Sundaravej qui a jeté l'éponge jeudi dernier, selon un porte-parole du parti.

M. Somchai, 61 ans, premier ministre par intérim et ministre sortant de l'Education, n'est autre que le beau-frère de Thaksin Shinawatra, puissant homme d'affaires qui a dirigé la Thaïlande de 2001 à 2006 avant d'être renversé par des généraux royalistes et de s'exiler en Grande-Bretagne à la suite d'accusations de corruption.

«Le comité exécutif (du Parti du pouvoir du peuple) s'est accordé à l'unanimité pour sélectionner Somchai comme candidat au poste de premier ministre», a déclaré à La Presse Kudeb Saikrajang, un porte-parole du PPP.

M. Somchai est «l'homme de la situation», a-t-il ajouté, précisant qu'une réunion des parlementaires du PPP était prévu à 14h00 (3h00 HAE) pour approuver cette nomination qui sera ensuite soumise aux autres partis, membres de la coalition au pouvoir, avant une élection formelle du nouveau premier ministre mercredi au Parlement.

Les deux autres prétendants à la succession de M. Samak étaient Surapong Suebwonglee, ministre sortant des Finances et secrétaire général du PPP, et Sompong Amornviwat, ministre sortant de la Justice, et, encore lundi matin, certains responsables du PPP affirmaient que la partie n'était pas gagnée pour M. Somchai.

«Il doit y avoir discussion», avait martelé Songsak Thongsri, membre d'une importante faction favorable à M. Surapong. Par rapport à ses deux concurrents, avait-il dit, M. Surapong présente l'avantage d'être un peu moins proche de M. Thaksin, bien qu'il ait été son porte-parole.

Selon l'analyste politique Thitinan Pongsudhirak, «M. Somchai est le choix logique» pour succéder à M. Samak, car son épouse dirige une importante faction du PPP et il est «soutenu par la base dans le nord et le nord-est» de la Thaïlande, bastions ruraux traditionnels de M. Thaksin.

Le premier ministre sortant et leader du PPP, Samak Sundaravej, qui avait mené son parti à la victoire lors des législatives de décembre 2007, avait dû démissionner la semaine dernière à la suite d'une décision de justice. La Cour constitutionnelle l'avait en effet reconnu coupable d'avoir accepté de l'argent d'une entreprise privée produisant ses émissions culinaires à la télévision.

Mais M. Samak, 73 ans, était déjà considérablement affaibli par l'occupation depuis le 26 août du complexe abritant ses bureaux à Bangkok par des milliers de manifestants royalistes l'accusant d'être un «homme de paille» de M. Thaksin.

Il est peu probable que la crise politique thaïlandaise s'achève avec l'élection d'un nouveau premier ministre issu du PPP.

«Nous n'accepterons personne du Parti du pouvoir du peuple», a réaffirmé lundi à l'AFP Pibhop Dhongchai, un des leaders des manifestants.

Selon l'analyste Thitinan, «M. Somchai sera une proie facile» car les opposants «viseront sa faiblesse fatale d'être le beau-frère de Thaksin».

Dimanche, M. Somchai, en qualité de premier ministre par intérim, avait fait un geste en levant l'état d'urgence proclamé le 2 septembre à Bangkok par M. Samak après de violents affrontements entre partisans et adversaires du gouvernement, qui avaient fait un mort et des dizaines de blessés.

L'armée avait refusé de recourir à la force pour faire respecter l'état d'urgence qui a eu un effet catastrophique sur la florissante industrie touristique thaïlandaise.