Jusqu'ici, le changement, c'était plutôt l'affaire de Barack Obama. Hier, John McCain s'est emparé du thème fétiche de son rival. Il a promis aux Américains, s'il est élu en novembre, de faire le ménage à Washington.

«Laissez-moi offrir un premier avertissement à ces gens à Washington qui sont vieux, dépensent beaucoup, ne font rien, font passer leurs intérêts en premier et le pays ensuite. Le changement arrive!» a lancé McCain, en acceptant officiellement de devenir candidat de son parti.

Le sénateur de l'Arizona est âgé de 72 ans. Il siège au Congrès depuis 1983. S'il triomphe cet automne, il deviendra le plus vieux politicien à accéder à la Maison-Blanche pour un premier mandat.

Mais le choix de Sarah Palin comme colistière semble lui faire l'effet d'une fontaine de Jouvence. «Je suis très fier d'avoir présenté notre prochaine vice-présidente au pays. Et je brûle d'envie de la présenter à Washington», a déclaré McCain.

Tel Obama, il a aussi promis qu'il pourra mettre fin à la partisanerie qui mine la politique américaine. «J'ai le bilan et les cicatrices qui le prouvent. Le sénateur Obama ne les a pas», a-t-il soutenu.

Mais les parallèles s'arrêtent là. McCain a aussi consacré une bonne partie de son discours à prouver que ce sont ses idées et non celles de son rival qui remettront le pays sur les rails.

«Mes réductions d'impôts vont créer des emplois. Ses réductions d'impôts vont en éliminer», a-t-il entre autres lancé. La relance de l'économie américaine, dont les ratés préoccupent les Américains, a été un des thèmes majeurs de son discours.

Le sénateur républicain avait fort à faire pour donner la réplique à son adversaire démocrate. Obama, la semaine dernière à Denver, avait prononcé un discours inspiré devant 80 000 partisans exaltés.

Hier, McCain a passé le test. Devant un public plus restreint - environ 20 000 personnes massées dans un complexe sportif de Saint Paul - mais fort enthousiaste. À l'exception de quelques manifestants en colère qui ont réussi à perturber son discours. Clin d'oeil à la convention démocrate où la soirée s'était terminée par un véritable feu d'artifice, hier, le discours de McCain a été suivi par la diffusion d'effets pyrotechniques sur un écran. Pendant ce temps, on faisait jouer la chanson Barracuda du groupe Heart, en référence au surnom attribué à Sarah Palin.

Pour aider McCain à se sentir à l'aise, la tribune utilisée depuis le début de la convention avait été modifiée. On a construit une passerelle qui lui permettait de s'avancer au milieu des délégués assis devant la scène. Il s'est tenu debout pendant presque tout son discours devant l'image haute définition d'un drapeau américain.

McCain a bien sûr fait référence à la guerre en Irak et à l'organisation terroriste Al-Qaeda. «Je me suis battu pour la bonne stratégie en Irak alors que ce n'était pas populaire», a-t-il dit. Il a aussi parlé de son passé militaire.

«Nous faisons face à plusieurs menaces dans ce monde dangereux. Mais je n'en ai pas peur. Je suis prêt à y faire face», a-t-il dit, mettant en valeur «toute son expérience». Il cependant ajouté qu'il détestait les guerres et travaillerait pour «une paix durable».

Le thème de la défense était donc aussi omniprésent. Avant l'apparition de McCain, on a diffusé une vidéo biographique qui mettait l'accent sur son passé glorieux. Celui dont le père et le grand-père étaient de célèbres amiraux est revenu de la guerre du Vietnam en héros. Il a passé là-bas près de six ans derrière les barreaux et on l'a torturé.

Le candidat avait été présenté par sa deuxième femme, Cindy. «J'ai frappé un coup de circuit avec John McCain», a lancé celle qui s'est présentée sur scène, dans un tailleur bleu électrique, avec l'ensemble de sa famille.

Avant elle, de bons amis de McCain ont réchauffé la foule. Notamment Tom Ridge, ancien gouverneur de la Pennsylvanie et candidat au poste de colistier jusqu'à tout récemment. «Nous avons un leader - certains le qualifient de franc-tireur - qui a mis sa vie en jeu pour ce pays», a-t-il déclaré.

La soirée n'aurait pas été complète sans un segment consacré à Sarah Palin. On a présenté aux participants une courte vidéo biographique - qui devait à l'origine être diffusée la veille - sur la colistière

On a insisté sur le fait qu'elle est une mère avant tout. Et on a mentionné qu'elle chassait l'orignal dès son adolescence. C'est peut-être ce qui avait inspiré une partisane cette inscription sur une pancarte: «Terroristes, méfiez-vous de Sarah!»