C'est un départ difficile pour John McCain qui pensait avoir déniché la colistière idéale en la personne de Sarah Palin. Car si la droite religieuse appuie la candidature de la gouverneure de l'Alaska malgré sa situation familiale, on s'inquiète chez les républicains. Quant à George W. Bush, il a décidé de passer à l'offensive et d'appuyer le candidat républicain.

Depuis le début de la campagne de John McCain, George W. Bush s'était fait le plus discret possible. Hier, le président américain a fait une sortie publique remarquée afin de lui rendre hommage.

Son objectif: persuader les Américains qu'ils doivent voter pour McCain en novembre. Son argument massue: le candidat républicain est le mieux placé pour diriger un pays en guerre et le défendre contre les terroristes.

«Nous vivons dans un monde dangereux et nous avons besoin d'un président qui comprenne les leçons du 11 septembre 2001: pour protéger l'Amérique, nous devons demeurer à l'offensive, arrêter les attaques avant qu'elles se produisent et ne pas attendre d'être frappés une nouvelle fois», a-t-il dit.

«L'homme dont nous avons besoin est John McCain», a-t-il ajouté. Il avait, au préalable, dépeint le candidat comme un héros de la guerre du Vietnam. Et il a loué son soutien dans le dossier irakien.

Bush ne s'était pas déplacé à Saint Paul, ville du Minnesota où se déroule la convention. Il s'adressait aux participants par satellite, via un immense écran installé au-dessus de la scène. Un écran sur lequel on a diffusé, pendant une bonne partie de la soirée, l'image d'un drapeau américain fouetté par le vent.

La dernière fois qu'un président sortant avait brillé par son absence lors de la convention de son parti, c'était en 1968.

À l'origine, Bush devait se rendre à Saint Paul lundi soir pour y prononcer son discours. Mais ce dernier - comme toutes les autres allocutions prévues ce soir-là - a été annulé en raison de l'ouragan Gustav.

À noter, le président est apparu hier quelques minutes avant 22h, heure à laquelle les grands réseaux commencent à diffuser la convention. Bon nombre d'Américains ne l'auront donc pas vu.

On lui a par ailleurs accordé moins de temps que prévu. Il n'a parlé que huit courtes minutes. Bombardée de questions pour savoir si les organisateurs de la convention tentaient de cacher le président, la porte-parole de la Maison-Blanche, Dana Perino, a vigoureusement nié.

Tous les délégués interrogés par La Presse ont d'ailleurs réaffirmé leur foi en Bush. Ces républicains, pour la plupart purs et durs, étaient ravis d'entendre leur commandant en chef encenser McCain.

«C'est un homme qui a des convictions et qui a pris les décisions qu'il croyait bonnes. Un président exceptionnel, solide, qui a du caractère», a affirmé Fred Segrest, délégué septuagénaire de l'Alabama.

«Vous savez, l'histoire va être beaucoup plus tendre à l'égard de Bush que les médias le sont actuellement», a-t-il ajouté, encore amer que les journalistes aient «poussé Richard Nixon à démissionner» en 1974.

Mike Millard, colosse texan de 56 ans, était du même avis. «Il est très populaire parmi les républicains. Ils est demeuré à nos côtés. Il a été un président solide, particulièrement après le 11 septembre.»

Il reste qu'au sein du grand public, la cote de popularité de Bush est au plus bas. Si bien que l'heure de grande écoute de la convention a plutôt été consacrée à un bref hommage à Ronald Reagan et aux discours de Fred Thompson et Joe Lieberman.

Thompson, acteur et ancien sénateur à la mine patibulaire et à la voix de stentor, a lui aussi mis l'accent sur la carrière militaire de McCain. Photos à l'appui. Les partisans enthousiastes ont alors brandi fièrement des pancartes où on lisait «le pays d'abord».

Il en a profité pour saluer au passage la colistière du candidat, Sarah Palin qui a, selon lui, jeté les démocrates «et leurs amis des médias dans un état de panique».

La présence de Lieberman était plus exotique. Il y a huit ans, cet ancien sénateur démocrate était devenu colistier d'Al Gore. Bon ami de McCain, il a retourné sa veste, et siège comme indépendant au Sénat depuis 2006.

«Qu'est-ce qu'un démocrate comme moi fait à une convention républicaine comme celle-ci? a-t-il lancé. Je vais vous le dire. Je suis ici pour soutenir John McCain parce qu'un pays importe plus qu'un parti.»