Réunis exceptionnellement à l'occasion d'un forum religieux dans une église évangélique de Californie, Barack Obama et John McCain ont défendu samedi leur vision de la foi, tentant de rallier à eux une partie de l'électorat chrétien en vue du scrutin de novembre.

Traditionnellement conservateurs et proches du Parti républicain, les protestants évangéliques représentent environ un quart de l'électorat des États-Unis et ont largement contribué à l'élection et à la réélection de George W. Bush.

Interrogés séparément par Rick Warren, très influent pasteur de l'église Saddleback de Lake Forest (Californie), qui compte pas moins de 23 000 paroissiens, les deux candidats à l'élection présidentielle se sont donné une brève accolade en se succédant à la tribune du forum.

Apparaissant ensemble sur une même scène pour la première fois depuis des mois, les deux hommes ont échangé leurs vues sur la religion et la morale, s'opposant comme prévu sur la difficile question de l'avortement: face à John McCain qui soutenait que les droits humains commencent «à la conception», Barack Obama a réaffirmé son soutien à la légalisation de l'interruption volontaire de grossesse, mais seulement à un stade précoce. Le candidat démocrate s'est déclaré conscient de l'hostilité suscitée par cette position chez les électeurs pro-vie.

Il a aussi souhaité que le gouvernement américain fasse davantage pour prévenir les grossesses non-désirées et apporte une aide matérielle supérieure aux femmes de condition modeste.

Les deux rivaux ont semblé plus proches sur la question tout aussi délicate du mariage homosexuel. Chacun à leur tour, ils ont estimé qu'un mariage devait être l'union d'un homme et d'une femme. Barack Obama s'est toutefois dit favorable aux unions civiles entre partenaires du même sexe, ne serait-ce que pour élargir les droits des gays.

Ce rassemblement religieux a permis au candidat noir d'exprimer publiquement sa foi chrétienne et de dissiper la rumeur tenace selon laquelle il serait musulman, ce dont 12% des Américains sont encore persuadés, selon un récent sondage du Pew Research Center.

Devant une assistance qui lui était a priori acquise, John McCain a quant à lui profité de l'occasion pour parler religion, sujet sur lequel il ne s'ouvre que rarement et se montre beaucoup moins à l'aise que son adversaire.

A la question du révérend Warren qui lui demandait quel était l'échec moral le plus patent essuyé par les États-Unis, Barack Obama a évoqué «la façon dont nous traitons les pauvres». John McCain a pour sa part répondu que le pays ne se consacrait «pas suffisamment à des causes dépassant l'intérêt particulier».

Quant à savoir quelle a été la décision la plus difficile de sa vie, le candidat républicain a rappelé son refus d'être libéré avant d'autres prisonniers de guerre au Nord-Vietnam. «Il m'a fallu beaucoup prier», a-t-il confié, se présentant à nouveau comme un candidat plus expérimenté que son rival démocrate.

Celui-ci a de son côté reconnu que sa jeunesse avait été «difficile» et qu'il avait, lors de moments de détresse, consommé de la drogue et de l'alcool, expérience dans laquelle il a vu un échec moral. A quelques jours de la convention démocrate de Denver (25-29 août), le candidat Obama ne s'était jamais autant livré en public sur ce sujet personnel.