Le Hezbollah libanais a remis mercredi à Israël les corps de deux soldats enlevés en 2006 en échange de cinq prisonniers libanais, dans le cadre d'un accord qui a provoqué jubilation au Liban mais tristesse et amertume en Israël.

Le plus ancien détenu libanais en Israël, Samir Kantar, et quatre autres prisonniers sont arrivés à Naqoura, à la frontière sud du Liban, à bord de quatre véhicules du Comité international la Croix-Rouge (CICR).

Membre du Front de libération de Palestine (FLP), M. Kantar avait été condamné en 1980 à cinq peines de prison à vie et 47 ans additionnels pour un triple meurtre, l'année précédente, en Israël.

Plus tôt, le Hezbollah avait remis les corps de deux soldats israéliens enlevés à la frontière israélo-libanaise en 2006, initiant un échange négocié par l'intermédiaire de l'Allemagne et organisé par le CICR à la frontière.

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Les autorités israéliennes se sont ensuite assurées qu'il s'agissait bien des dépouilles d'Ehud Goldwasser et Eldad Regev, dont la capture lors d'une opération du Hezbollah en territoire israélien, le 12 juillet 2006, avait déclenché une offensive israélienne de 34 jours au Liban.

Quelque 1.200 personnes y avaient été tuées côté libanais, pour la plupart des civils, et 160 côté israélien, essentiellement des soldats.

Israël de son côté a également transféré les restes de 12 combattants du Hezbollah et palestiniens, selon le CICR. Ces dépouilles figurent parmi les restes de quelque 200 combattants qui doivent être remis dans le cadre de l'échange.

Alors que le Liban célébrait le retour des prisonniers en héros, l'atmosphère était sombre côté israélien.

Réunies devant les domiciles des familles Goldwasser et Regev dans le nord d'Israël, de nombreuses personnes ont éclaté en sanglots à la vue des images des cercueils retransmises par les télévisions.

«Il a été difficile de voir un cercueil posé au sol, puis un autre. C'était horrible. J'ai demandé à ce qu'on éteigne la télévision car je ne voulais plus regarder ça», a affirmé le père d'Eldad Regev, Zvi.

Particulièrement douloureux aussi aux yeux des Israéliens est la présence de Kantar parmi les libérés.

En 1979, ce Libanais avait tué dans le nord d'Israël un policier, pris en otage et abattu un civil puis tué d'un coup de crosse la fille de ce dernier, âgée de moins de 4 ans.

«Honte à la nation qui célèbre la libération d'une bête humaine qui a fracassé le crâne d'un bébé de quatre ans», a affirmé le premier ministre israélien Ehud Olmert.

Le président israélien Shimon Peres a également fait part de son amertume disant que M. Kantar, «ce meurtrier», «n'a jamais exprimé de regrets».

Les autres prisonniers libanais libérés sont Khodr Zaidane, Maher Kourani, Mohammad Sorour et Hussein Sleimane, tous pris lors de la guerre de 2006.

«Le chef du Hezbollah va renforcer son image de seul leader arabe qui a affronté Israël et l'a vaincu», écrit le quotidien israélien Maariv.

Au Liban, où mercredi a été décrété jour férié, la jubilation était visible.

A Naqoura, à quelques km de la frontière, les cinq hommes, habillés en treillis des combattants du Hezbollah, un drapeau libanais en brassard, sont apparus souriants à la foule et aux responsables du mouvement chiite qui les ont accueillis.

Ils sont ensuite montés à bord de deux hélicoptères de l'armée libanaise qui les conduisent vers l'aéroport de Beyrouth où ils devaient être reçus par le président Michel Sleimane, le premier ministre Fouad Siniora et le président du Parlement Nabih Berri. Une immense foule attendait également de les fêter dans la banlieue sud de Beyrouth, bastion du Hezbollah.

«Le Liban verse des larmes de joie, Israël verse des larmes de douleur», clamait, triomphale, une banderole géante déployée près de la frontière.