Le président Hugo Chavez, du Venezuela, a appelé hier son homologue Alvaro Uribe, de Colombie, pour le féliciter de l'opération qui a permis, sans effusion de sang, de libérer 15 otages la veille, dont l'ancienne candidate à la présidence du pays Ingrid Betancourt.

La guérilla des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC), ravisseurs des otages, était toujours muette hier sur ce nouveau coup dur pour elle. Bogota a présenté la libération comme le résultat d'une opération d'infiltration et de ruse au plus haut niveau des FARC.

Chavez, dont la médiation auprès des FARC a déjà fait libérer six otages mais qui était à l'écart de l'exploit de mercredi, a dit hier «rester disponible pour aider jusqu'à ce que le dernier otage de la guérilla colombienne soit libéré et que l'on parvienne à la paix, la paix complète, en Colombie».

Ingrid Betancourt, qui a réitéré ses ambitions politiques, a appelé hier Chavez et ses collègues d'Amérique latine à renouer avec Uribe pour que «tous les otages des FARC soient enfin libres».

«Comme un frère»

Elle a aussi souhaité que ces dirigeants exercent «l'influence» qu'ils peuvent sur les commandants des FARC afin qu'ils «aident aux changements que nous souhaitons apporter à la Colombie par la voie démocratique» et «obligent les FARC à abandonner le terrorisme et à emprunter la voie de la négociation».

Prenant la balle au bond, Hugo Chavez a réitéré son appel aux FARC à renoncer à la violence et à libérer les 750 otages qu'elles détiennent encore.

«De mon point de vue, le temps des fusils est passé. Espérons qu'il ne revienne jamais. Je lance de nouveau un appel à la guérilla pour qu'elle réfléchisse», a-t-il dit, ajoutant: «Je suis sûr que les pays du continent seraient disposés à former un groupe garant d'un accord de paix, où les parties et les engagements seraient respectés.»

Chavez, participant à une réunion des pays non alignés à Isla Margarita, dans le nord du Venezuela, a aussi dit qu'Alvaro Uribe «sera reçu comme un frère» à sa prochaine visite. Il est prévu qu'ils se rencontrent la semaine prochaine à Caracas, pour une première rencontre bilatérale depuis sept mois.

«Nous nous sommes dit des choses dures. Cela arrive entre frères. Mais c'est du passé. Espérons que cela le soit pour toujours», a déclaré Chavez.

L'Équateur et les FARC

Les relations s'étaient détériorées en novembre 2007 après la décision d'Uribe de retirer à Chavez le mandat de médiation qu'il lui avait confié dans la crise des otages des FARC. Les choses s'étaient aggravées après l'incursion de l'armée colombienne en Équateur, fin février, où un chef des FARC avait été tué.

L'Équateur, qui refuse toujours de renouer avec la Colombie, s'est félicité de la libération des 15 otages et réclamé celle «de tous les autres, sans conditions». Quito a aussi réaffirmé sa «condamnation de la prise d'otages par les FARC et les autres groupes irréguliers pour financer leurs activités».

Les FARC n'ont fait aucune déclaration. Mais elles réclamaient hier sur leur site web la libération de tous leurs combattants détenus par le régime, affirmant que «l'unique issue du conflit en Colombie passe par un règlement politique». Elles libéraient en même temps Onshuus Nino, un otage norvégien enlevé en janvier.

«i»Avec AFP, AP, Reuters, colombiareports.com, aftenposten.no, BBC et CNN»/i»

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Outre Ingrid Betancourt, 14 otages des FARC ont été libérés mercredi dans le cadre de l'opération Jaque (Échec) de l'armée colombienne. Il s'agit de Keith Stansell, Marc Gonsalves et Thomas Howes, trois citoyens des États-Unis et sous-traitants du Pentagone en Colombie, où Washington a injecté 7 milliards de dollars dans le Plan Colombie. Les 11 autres sont trois officiers de police et huit officiers de l'armée. L'un de ceux-ci, le caporal William Perez, s'est dévoué en captivité à soigner Mme Betancourt quand elle était gravement malade.

Ceux qui restent

Il reste aux mains des FARC encore au moins 24 otages «politiques» que la guérilla compte échanger contre quelque 500 à 700 maquisards détenus par le régime. Le président Alvaro Uribe, coincé par des scandales de corruption et de paramilitaires, a invité hier les FARC à «faire la paix»; l'évolution du dossier des otages et des détenus politiques donnera la mesure de «la paix» qu'il souhaite. Les FARC détiennent aussi entre 400 et 700 autres otages, désignés le plus souvent comme «économiques», car la plupart d'entre eux ont été enlevés pour des rançons. Il y a parmi eux des dizaines de policiers et de militaires, certains captifs depuis plus de 10 ans.