Le Premier ministre russe Vladimir Poutine a déclaré samedi que la Géorgie, après son opération «criminelle» contre la république séparatiste d'Ossétie du Sud, qui a déclenché une violente intervention militaire russe, ne pourrait plus rétablir sa souveraineté sur ce territoire.

«Un coup mortel a été porté à l'intégrité territoriale de la Géorgie, un dommage considérable (a été provoqué) à sa souveraineté étatique: il est difficile de s'imaginer comment il serait possible après tout ce qui s'est passé (...) de convaincre l'Ossétie du Sud de faire partie de l'Etat géorgien», a déclaré M. Poutine à Vladikavkaz, capitale de la république russe d'Ossétie du Nord, voisine de l'Ossétie du Sud.

Alors que le Conseil de sécurité de l'ONU devait tenir une nouvelle réunion sur le conflit entre la Russie et la Géorgie, la France, qui préside l'Union européenne, a annoncé que le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, se rendrait «dès que possible dans la région» pour proposer «une sortie de crise».

La présidence française a également annoncé une réunion des ministres des Affaires étrangères de l'UE «au début de la semaine prochaine».

Peu avant ces développements, le président géorgien Mikheïl Saakachvili a proposé à la Russie que les forces géorgiennes cessent le feu en Ossétie du Sud si la Russie, intervenue pour soutenir les séparatistes, mettait fin à ses bombardements aériens en territoire géorgien.

«Nous sommes prêts à cesser le feu immédiatement si l'autre partie cesse de tirer et de bombarder», a déclaré M. Saakachvili sur la chaîne de télévision américaine CNN.

«Il est évident désormais qu'il devrait y avoir un cessez-le-feu, qu'il devrait y avoir un désengagement», a dit le président géorgien.

«Ils (les Russes) nous combattent et nous bombardent partout dans le pays. (...) Ils bombardent des cibles civiles», a affirmé M. Saakachvili. «Cela doit cesser immédiatement. Le monde doit s'unir. Il est temps que le monde réponde sans équivoque à cette violence, parle d'une seule voix pour condamner ces crimes de guerre», a-t-il ajouté.

Les 2000 hommes du contingent géorgien en Irak étaient prêts samedi à rentrer en Géorgie pour participer aux combats, mais attendaient le feu vert de Tbilissi, selon un responsable du contingent.

Plus tôt, M. Saakachvili avait annoncé qu'il avait «signé un décret sur l'état de guerre».

Dans la journée de samedi, un nouveau front s'est ouvert en Abkhazie, autre république séparatiste de Géorgie soutenue par la Russie.

Le président abkhaze Sergueï Bagapch a annoncé que ses forces avaient lancé une opération pour chasser les troupes géorgiennes des gorges de Kodori, seul secteur d'Abkhazie qui échappe à leur contrôle.

Les deux parties ont fait par la suite des déclarations contradictoires sur la situation sur le terrain dans cette zone.

Par ailleurs, depuis le déclenchement de l'offensive géorgienne en Ossétie du Sud dans la nuit de jeudi à vendredi, la situation reste confuse dans la capitale de cette république séparatiste, Tskhinvali. L'armée russe comme Tbilissi affirmaient à la mi-journée contrôler cette ville.

Côté géorgien, la télévision a fait état d'un bombardement par l'aviation russe sur la ville de Gori, dans le nord de la Géorgie, qui aurait tué un nombre indéterminé de civils.

Les forces aériennes russes ont «complètement dévasté le port de Poti sur la mer Noire, site clef pour le transport de ressources énergétiques de la mer Caspienne» vers l'Europe, selon le ministère géorgien des Affaires étrangères.

Les protagonistes ont continué à publier des bilans contradictoires.

Mille six cents personnes ont été tuées à Tskhinvali, selon une responsable des autorités séparatistes, Irina Gagloïeva.

L'ambassadeur de Russie à Tbilissi a fait état d'«au moins 2.000 civils tués» dans les combats à Tskhinvali, selon l'agence Interfax.

M. Saakachvili a démenti, parlant de «mensonges flagrants». Il n'y a «pratiquement pas de civils tués», a-t-il affirmé.

Plus de 30 000 personnes auraient fui l'Ossétie du Sud, franchissant la frontière avec la Russie, d'après le vice-Premier ministre russe Sergueï Sobianine.

Rejetant les accusations de Tbilissi, la Russe a nié avoir voulu le conflit.