Quatre Britanniques qui ont été détenus pendant plus de deux ans à Guantanamo ont déposé une requête devant la Cour suprême des États-Unis pour qu'elle se prononce sur le «droit des détenus à ne pas être torturés», selon des documents obtenus lundi.

S'ils se saisissent de cette requête, les neuf juges du plus haut tribunal américain diront si les droits constitutionnels qu'ils ont reconnus en juin aux détenus vont au delà de la contestation de leur détention.

Selon le texte de la demande, dont l'AFP a obtenu copie, «cette requête offre l'occasion de reconnaître et de faire respecter des droits qui sont au moins aussi élémentaires et essentiels pour l'autonomie humaine, le droit de culte et le droit de ne pas être torturés».

Shafiq Rasul, Asif Iqbal, Rhuhel Ahmed et Jamal Al-Harith, tous citoyens britanniques, ont été détenus à Guantanamo entre janvier 2002 et avril 2004 avant d'être libérés sans aucune charge et renvoyés en Grande-Bretagne.

Ils avaient alors déposé plainte contre Donald Rumsfeld, le secrétaire américain à la Défense de l'époque, et d'autres responsables de la base navale américaine à Cuba, réclamant chacun 10 millions de dollars.

La cour d'appel fédérale de Washington avait annulé leur plainte en janvier 2008.

«Le traitement des plaignants a clairement violé les droits humains légaux et (l'autre partie) était entièrement consciente de cette illégalité, comme aurait été n'importe quelle personne raisonnable dans (sa) position», ont-ils précisé dans la requête.

Les quatre anciens détenus, âgés de 19 à 24 ans lors de leur arrivée à Guantanamo, affirment avoir «été détenus et interrogés dans des conditions épouvantables en Afghanistan par les États-Unis avant d'être transportés à Guantanamo où ils ont été systématiquement torturés et maltraités, conformément aux directives de Rumsfeld et de la chaîne militaire de commandement».

Ils citent des «coups répétés», même lorsqu'ils étaient entravés, «un enfermement prolongé à l'isolement», une «nudité forcée», des «menaces d'attaque par des chiens non muselés», des «injections de substances inconnues dans leur corps».

Ils protestent également contre «une ingérence délibérée et le dénigrement de leurs croyances et de leurs pratiques religieuses», comprenant l'immersion d'un exemplaire du Coran dans un seau réservés aux besoins des prisonniers et la diffusion de musique forte à travers le camp à l'heure de la prière.