Le président pakistanais Pervez Musharraf peut démission d'ici deux jours ou bien affronter une procédure de destitution, a affirmé samedi le chef de la diplomatie Shah Mahmood Qureshi.

Si la coalition au pouvoir depuis les législatives de février veut pousser Musharraf à démissionner, ses partisans veulent qu'il bénéficie d'une immunité de poursuites s'il s'y résout, et ne soit pas contraint à l'exil. Les tractations en coulisses vont donc bon train, d'autant qu'une procédure de destitution risque d'aggraver encore la situation explosive dans le pays.

Selon la presse locale, des responsables étrangers, notamment saoudiens ou occidentaux, seraient impliqués dans des médiations entre les divers protagonistes.

Le dossier de demande de destitution du président, arrivé au pouvoir par un coup d'État en 1999 avant d'être élu puis réélu, devrait l'accuser de violations de la constitution et de conduite irresponsable, se contentait-on de dire dans les rangs de la coalition. Son limogeage de juges de la Cour suprême et l'imposition de l'état d'urgence l'année dernière devraient y figurer. Mais le dossier, qui nécessite encore d'être finalisé, pourrait être présenté au Parlement dès le début de la semaine prochaine.

«Le temps est compté pour Musharraf», a déclaré Qureshi (Parti du peuple pakistanais, PPP) samedi. «S'il ne se décide pas à démissionner dans les deux jours qui viennent, la procédure de destitution sera lancée».

Mais pour Tariq Azim, un proche de Musharraf, ce dernier ne compte pas démissionner. «Il est confiant et pense qu'il pourra se défendre devant le parlement et facilement l'emporter, car quoi qu'il ait fait, il l'a fait dans l'intérêt du pays et pour la nation», a-t-il déclaré.

Au sein de la coalition, des divergences sont en outre apparues sur l'éventualité d'un compromis en échange de la démission de Musharraf. Pour Sadiqul Farooq, porte-parole du parti de l'ex-premier ministre Nawaz Sharif, renversé par Musharraf en 1999, il est hors de question de lui accorder l'immunité et le président devrait être jugé pour trahison.

Le PPP de l'ancienne Première ministre assassinée Benazir Bhutto a adopté un ton plus conciliant. Le PPP «ne cède jamais à la politique de la vengeance car il veut un Pakistan stable et une démocratie durable», a déclaré samedi le ministre de l'Information Sherry Rehman.

Homme fort du Pakistan, Musharraf a gagné la faveur de Washington en se mobilisant à ses côtés contre les talibans et Al-Qaeda. Renonçant l'année dernière à sa casquette de chef des armées, il est devenu très impopulaire en imposant l'état d'urgence en 2007, dans un pays où la violence se déchaînait, avant d'être désavoué par la victoire de l'opposition aux législatives de février.