Ségolène Royal ne cesse de tirer à boulets rouges sur le gouvernement français, allant jusqu'à mettre en cause l'entourage du président Nicolas Sarkozy dans la «mise à sac» de son appartement.

L'ex-candidate présidentielle a signalé la semaine dernière lors d'une rencontre avec des journalistes que son logement de Boulogne-Billancourt, dans les Hauts-de-Seine, avait été visité fin juin à son insu.

Le ou les intrus - qu'elle décrit comme des «professionnels» - sont partis sans rien prendre après avoir posé bien en vue sur son lit un bijou appartenant à l'un de ses enfants. Et laissé sur un meuble le procès-verbal déchiré d'une déposition qu'elle avait faite à la police lors d'un précédent cambriolage survenu en août 2006.

Des gestes qui avaient clairement pour objectif «d'intimider» et de «faire peur», juge la politicienne, qui lie l'événement à ses critiques du gouvernement.

«J'observe que la semaine dernière, au moment où j'ai dit qu'il fallait mettre fin à la mainmise du clan Sarkozy sur la France, mon domicile a été mis à sac. Je fais un rapport entre les deux», a-t-elle déclaré.

Son intervention lui a valu une volée de bois vert de la part d'élus de droite qui l'accusent de lancer de graves insinuations sans l'ombre d'une preuve.

Frédéric Lefebvre, porte-parole du parti de la majorité, a déclaré que Mme Royal avait «pété un câble» et devrait pouvoir bénéficier d'une «aide psychologique».

Le président de l'Assemblée nationale, Bernard Accoyer, plus cinglant encore, a souligné que l'ex-candidate socialiste avait atteint un «niveau de stupidité affligeant».

Ces salves n'ont en rien refroidi Ségolène Royal, qui accuse le gouvernement de vouloir la faire taire. «On a rarement atteint une telle vulgarité, une telle violence dans les propos de la majorité en place contre une responsable de l'opposition», a-t-elle noté.

«Dans n'importe quelle autre démocratie, le pouvoir... se serait ému (d'un telle mise à sac)», a déclaré Mme Royal.

Enquête policière

La police a ouvert une enquête. Et précisé rapidement que des empreintes digitales utilisables avaient été relevées. Une jeune femme yougoslave de 23 ans a récemment été mise en cause par les autorités pour le cambriolage survenue en 2006 mais aucune accusation n'a encore été portée.

L'ex-candidate s'est aussi attiré les foudres du gouvernement récemment pour avoir mis en garde Nicolas Sarkozy contre toute tentative de «récupération politique» de la libération de l'otage franco-colombienne Ingrid Betancourt. Elle avait notamment déclaré que les actions du président français n'avaient joué «aucun rôle» dans le dénouement de l'affaire.

Certains analystes estiment que Ségolène Royal cherche, par des sorties percutantes, à se donner une visibilité médiatique maximale à l'approche d'un important congrès du Parti socialiste prévu dans quelques mois. La politicienne cherchera alors à être désignée comme premier secrétaire de la formation, un poste hautement convoité.

«Ces provocations lui permettent, le temps d'une polémique, de se placer au centre du jeu et de faire entendre une voix qu'elle veut entièrement consacrée à lutter contre le pouvoir sarkozyste», souligne un chroniqueur du Figaro, proche du gouvernement.

Un élu socialiste lié à l'ex-candidate, François Rebsamen, affirme, pour la défendre, que la «concentration des pouvoirs médiatiques, financiers, économiques dans les seules mains du président de la République oblige à hausser le ton pour se faire entendre».

Ségolène Royal, elle, persiste et signe malgré les controverses. «Je ne suis sujette à aucune pression ou aucun chantage de cette liberté de parole, elle est totale et je continuerai de l'exercer», a-t-elle déclaré hier matin sur les ondes de France Inter.