Les bureaux de vote ont ouvert dimanche au Cambodge pour des élections législatives qui devraient confirmer la prééminence du parti au pouvoir de Hun Sen, Premier ministre depuis 23 ans.

Quelque 8,1 millions d'électeurs étaient appelés à voter jusqu'à 15h00 locales, en présence de milliers d'observateurs --dont 130 de l'Union européenne--, afin de désigner 123 députés parmi les candidats des 11 partis en compétition.

«Nous espérons que tout se déroulera normalement», a déclaré à l'AFP Tep Nytha, chef de la Commission électorale nationale, à l'ouverture des 15 255 bureaux de vote du royaume.

La campagne a été beaucoup moins violente que lors des scrutins précédents, mais les enjeux ont été éclipsés par une crise avec la Thaïlande voisine dans une zone contestée près de l'ancien temple khmer de Preah Vihear (nord du Cambodge) où des milliers de soldats thaïlandais et cambodgiens sont mobilisés. Des négociations sont prévues lundi à ce sujet entre Phnom Penh et Bangkok.

Sur le front électoral, le Parti du peuple cambodgien (PPC) de Hun Sen, qui disposait de 73 députés dans l'Assemblée sortante, a déclaré espérer accroître son assise parlementaire d'au moins huit sièges, afin de renforcer son emprise sur le pouvoir à l'issue des législatives de dimanche.

Le Premier ministre, qui domine la scène politique depuis plus de deux décennies, a été parmi les premiers à voter tôt dans la matinée.

Souriant, Hun Sen, âgé de 55 ans, a donné un baiser à son bulletin de vote avant de l'introduire dans l'urne dressée dans une école de Ta Khmao, dans la banlieue de la capitale Phnom Penh.

«En tant que citoyens, nous sommes heureux de voter», a-t-il dit à la sortie du bureau de vote. «Jusqu'ici, l'atmosphère est bonne et j'espère qu'aujourd'hui, jusqu'à la fin du vote et au dépouillement des bulletins, l'élection se déroulera en douceur à travers le pays», a-t-il ajouté.

Ailleurs, des queues s'étaient formées parfois dès 06h00 du matin. «Je voulais être la première» à voter, a dit Chum Bun, âgée de 74 ans, ajoutant: «J'espère choisir un bon dirigeant pour mes enfants».

Le PPC est au pouvoir au Cambodge depuis la fin du régime ultra-communiste des Khmers rouges (1975-1979), tenu pour responsable d'un génocide ayant fait près de deux millions de morts. Les Khmers rouges avaient été chassés de Phnom Penh par des forces vietnamiennes.

En 1993, lors des premières élections libres organisées sous l'égide des Nations unies, le parti de Hun Sen avait été contraint de partager le pouvoir avec des royalistes, mais ces derniers, profondément divisés, risquent d'être laminés aux législatives de dimanche, selon des analystes.

La principale formation d'opposition --le Parti Sam Rainsy (PSR) de l'ancien ministre des Finances du même nom-- devrait réaliser des scores honorables, en particulier à Phnom Penh, ajoutent ces experts.

Les premières tendances électorales devraient être annoncées dans la soirée de dimanche.