L'avance du candidat démocrate à la Maison-Blanche Barack Obama sur le républicain John McCain demeure mince ou nulle dans les sondages alors que la conjoncture politique devrait favoriser les démocrates, et certains se demandent pourquoi M. Obama ne décolle pas.

L'économie américaine est mal en point, la cote du président républicain George W. Bush est au plus bas, tout le monde s'attend à ce que les républicains subissent une sévère défaite aux élections législatives de novembre, la guerre d'Irak est impopulaire et tous les sondages soulignent que les Américains estiment que les États-Unis sont engagés sur la mauvaise voie.

Pourtant, à moins de trois mois de la présidentielle, le candidat démocrate Barack Obama ne parvient pas à décoller dans les sondages et demeure talonné, voire parfois légèrement devancé, par son adversaire républicain.

Obama est tout à la fois nouveau, différent et relativement inconnu sur la scène politique, affirme Bruce Buchanan, un professeur de sciences politiques à l'université du Texas à Austin. «Cela suffit pour que les gens se méfient, y compris ceux qui ont l'intention de voter pour lui», a-t-il dit.

Une moyenne des sondages nationaux réalisée par le site spécialisé indépendant RealClearPolitics.com accordait jeudi à M. Obama une avance de 3,5% sur M. McCain.

Le duel s'annonce particulièrement serré dans plusieurs États clefs. Les deux candidats sont donnés à égalité dans l'Ohio (nord) et M. McCain mène dans le Missouri (centre) et en Floride (sud-est).

«Cela ne devrait pas arriver alors que le président sortant est si impopulaire, qu'il y a une guerre impopulaire et que l'économie est proche de la récession», estime Costas Panagopoulos, un expert des questions électorales à l'université Fordham.

Les sondages concernant les élections au Congrès montrent que les candidats démocrates bénéficient d'un large avantage sur leurs adversaires républicains. Selon l'institut Rasmussen, 46% des électeurs américains affirment vouloir voter pour un démocrate au Congrès contre 36% qui préféreraient choisir un républicain.

Les experts avancent plusieurs hypothèses pour expliquer l'écart entre les intentions de vote pour M. Obama et les candidats démocrates au Congrès.

L'âge de M. Obama, qui a fêté ses 47 ans lundi, peut-être un facteur, de même que sa race. S'il était élu président, M. Obama deviendrait le premier président noir de l'histoire des États-Unis.

Mardi, le chroniqueur conservateur du New York Times David Brooks écrivait: «les électeurs ont du mal à situer (Obama) dans son contexte, à comprendre les racines et les valeurs auxquelles il s'identifie.

M. Obama demeure un inconnu pour nombre d'électeurs alors que tous les Américains ou presque connaissent le passé héroïque de John McCain, ancien prisonnier de guerre au Vietnam et siégeant au Congrès depuis 1982. Malgré l'impopularité du parti républicain dans l'opinion, M. McCain est jugé positivement par une large majorité d'Américains.

Le camp Obama affiche sa sérénité. «Un des faits sous-évalués de la campagne est la différence d'enthousiasme entre les partisans d'Obama et ceux de McCain», estime David Plouffe, directeur de campagne du sénateur de l'Illinois.

«Cela nous aidera au niveau de la participation le jour du scrutin, cela nous aide pour pousser les gens à s'enregistrer sur les listes électorales, pour nous organiser sur le terrain», a ajouté M. Plouffe.

«Nous nous sentons très confiants», a-t-il dit concédant cependant que les électeurs «ont besoin d'en savoir plus sur Barack Obama».