La socialiste française Ségolène Royal a affirmé jeudi être sans doute «suivie» ou «écoutée», alimentant ainsi la polémique qu'elle a suscitée en liant un récent cambriolage de son appartement à ses attaques contre le président Nicolas Sarkozy.

Relevant que cette «mise à sac» avait eu lieu dans un laps de «temps très court», entre 20H30 et 22H30, «à un moment où il n'y a pas de cambriolage car il y a beaucoup d'allers et venues», Mme Royal a déclaré sur la radio RTL qu'elle était «sans doute suivie».

«Soit je suis écoutée, soit je suis suivie depuis mon lieu de travail jusqu'à mon domicile, c'est une évidence», a dit Mme Royal, battue à la présidentielle par M. Sarkozy et candidate déclarée au poste de premier secrétaire du Parti socialiste.

Mme Royal, qui veut se positionner comme la principale opposante au chef de l'État, a vu dans ce cambriolage commis le 27 juin non «une affaire personnelle, mais une affaire politique».

Elle a relevé une nouvelle fois la «coïncidence très étrange» de l'effraction, survenue au lendemain de sa mise en cause de «la mainmise sur la France du clan Sarkozy».

Lors de cet incident, «il y a eu effraction, mais il n'y a pas eu vol», selon des sources proches du dossier. L'appartement de Mme Royal avait déjà été cambriolé en août 2006.

Le parti UMP au pouvoir (droite) a vivement réagi, suggérant à Mme Royal de recevoir une «aide psychologique».

La ministre de l'Intérieur Michèle Alliot-Marie a affirmé que les propos de la dirigeante socialiste ne correspondaient «à rien», et a appelé à attendre le résultat des enquêtes «qui permettront de savoir dans quelles circonstances et pourquoi l'appartement de Mme Royal a pu être visité».

Les précédentes déclarations de l'ancienne candidate à la présidentielle avaient déjà suscité mercredi quolibets et indignation à droite. Dans le camp socialiste, ses proches avaient pris sa défense, d'autres se montrant plus prudents.

Le premier ministre François Fillon lui avait reproché de «perdre le contrôle d'elle-même», tandis que le président UMP de l'Assemblée Bernard Accoyer avait jugé qu'elle avait atteint «un niveau de stupidité affligeant».

Mme Royal a dénoncé jeudi «la violence et la vulgarité» des propos de responsables UMP. «Dans n'importe quelle autre démocratie, le pouvoir se serait ému», a-t-elle estimé.

Le quotidien de gauche Libération se montrait également critique jeudi à l'égard de Mme Royal, qu'il avait soutenue lors de la présidentielle. Il a publié sa photo en Une surmontée du titre «La gaffitude», en référence au néologisme de «bravitude» que la candidate socialiste avait utilisé pendant la campagne électorale de 2007.

Le quotidien de droite Le Figaro a vu dans les accusations de Mme Royal une stratégie «pour exister coûte que coûte».

Mme Royal avait déjà suscité un tollé la semaine dernière dans la classe politique, y compris dans les rangs socialistes, en déclarant que le président Sarkozy n'était «pour rien» dans la libération de l'otage franco-colombienne Ingrid Betancourt.