Deux ans après une guerre destructrice entre Israël et le Hezbollah chiite, le Liban fait toujours face à l'instabilité politique et au marasme économique, malgré quelques signes d'espoir.

«Le problème essentiel qui a surgi lors de la guerre de 2006 n'a pas encore été résolu, à savoir la question des armes du Hezbollah», affirme à l'AFP l'analyste politique Michael Young.

«On n'a toujours pas trouvé une réponse à la question de savoir comment un État libanais souverain peut cohabiter avec l'+État+ du Hezbollah», dit-il.

Le 12 juillet 2006, Israël lance une offensive d'envergure au Liban après la capture par le groupe chiite de deux soldats israéliens à la frontière entre les deux pays. Résultat, plus de 1.200 tués au Liban, civils pour la plupart, et 160 tués, côté israélien, en majorité des militaires.

L'armée israélienne se retire du sud du Liban après 34 jours de combats, sans être parvenue à neutraliser le Hezbollah, qui clame sa victoire, ou du moins affirme sa capacité à faire la différence sur le terrain.

Mercredi, des responsables militaires et des services de renseignements israéliens ont même affirmé que le Hezbollah avait triplé sa capacité en roquettes depuis la guerre.

Autre «succès» pour le Hezbollah: le gouvernement israélien a approuvé en juin un accord sur un échange de prisonniers libanais contre les corps des deux soldats enlevés et qui doit prochainement entrer en vigueur.

«Il est ironique de voir que le Hezbollah a pu obtenir par la violence ce que l'Autorité palestinienne n'a pu obtenir après 10 ans de négociations», affirme Nadim Chehadé, expert sur le Liban de l'Institut Chatham House basé à Londres.

Depuis la fin de la guerre, le Liban a été en proie à une crise politique aiguë entre la majorité antisyrienne soutenue par les pays occidentaux et la majorité des pays arabes d'une part et l'opposition menée par le Hezbollah et appuyée par Damas et Téhéran d'autre part.

Ce bras de fer a culminé avec un coup de force du Hezbollah en mai dans l'ouest de la capitale, après des combats meurtriers à travers le pays ayant fait 65 morts.

Malgré les critiques de la majorité qui l'accuse d'avoir utilisé ses armes contre ses propres citoyens, le Hezbollah continue d'affirmer qu'il ne désarmera pas.

«Le Hezbollah a eu recours à la force et a gagné et la coalition (au pouvoir) a dû se rétracter. Le pouvoir doit s'accommoder à nouveau de la puissance du Hezbollah», affirme Paul Salem, président du Centre Carnegie pour le Proche-Orient.

Un accord de paix entre les deux parties à Doha a permis en mai l'élection du chef de l'armée Michel Sleimane à la tête de l'État, après six mois de vide présidentiel. Il prévoyait aussi la formation d'un gouvernement d'union nationale mais celui-ci n'a pas encore vu le jour en raison de différends sur l'attribution des portefeuilles.

Après la guerre, le Liban a fait face à des combats entre l'armée et des islamistes dans un camp palestinien du nord du pays, à des assassinats de personnalités antisyriennes et à un sit-in de l'opposition au coeur de Beyrouth, en plus de la crise politique, ce qui a lourdement affecté l'économie.

«Nous avons tout simplement raté deux années de croissance», a indiqué à l'AFP le ministre de l'Economie, Sami Haddad.

Mais pour le ministre des Finances Jihad Azour, malgré l'impact douloureux sur l'économie, celle-ci a pu résister.

Depuis l'accord de Doha, les investissements étrangers et les flux de capitaux ont augmenté, selon lui. Le ministère du Tourisme s'attend de son côté à plus d'un million de visiteurs cet été.

Malgré ces avancées timides vers la stabilité, l'avenir du Liban et celui du Hezbollah restent incertains.

«Si la Syrie et Israël ne parviennent pas à un accord de paix, l'État libanais continuera de coexister avec celui du Hezbollah», affirme M. Salem.