Christopher Lee, dont la mort a été annoncée jeudi, était le plus célèbre suceur de sang du cinéma, le méchant par excellence qui a fait peur à des générations de cinéphiles dans des films d'épouvante comme Dracula, mais aussi dans James Bond, Star Wars ou Le Seigneur des Anneaux.

L'acteur britannique de 93 ans s'est éteint dimanche dans le sud-ouest de Londres, où il était né et où il vivait, ont indiqué à l'AFP les services de l'état civil de la mairie de Kensington et Chelsea.

L'annonce de son décès a été différée à la demande de sa femme Gitte Kroencke qui a d'abord voulu avertir tous les membres de la famille, a souligné le Daily Telegraph.

Selon le quotidien, l'acteur est mort à l'hôpital de Chelsea et Westminster où il avait été admis pour des problèmes respiratoires.

Les témoignages ont aussitôt afflué pour saluer la mémoire de cet acteur luciférien qui pouvait se vanter d'avoir été le seul à avoir incarné Frankenstein, le docteur Fu-Manchu, Raspoutine et surtout l'immortel comte Dracula.

«Triste d'apprendre le décès de Sir Christopher Lee, un titan de l'âge d'or du cinéma et vétéran distingué de la Deuxième Guerre mondiale», a réagi sur Twitter le premier ministre David Cameron.

Le maire de Londres, Boris Johnson, a rendu hommage au «maître du macabre».

«C'est terrible de perdre un vieil ami et Christopher Lee était l'un de mes plus anciens. Nous nous sommes rencontrés pour la première fois en 1948», a réagi l'ex-007, Roger Moore.

Gentleman élégant et raffiné, Christopher Lee a toujours affirmé que la vision du sang l'effrayait et dénoncé la violence brutale du cinéma contemporain.

Le titre du prince des ténèbres lui revenait de plein droit, malgré une carrière riche d'environ 250 films qui était loin de se limiter à ce genre.

Le physique posait son homme. Du haut de son 1,95 mètre, il pouvait paraître effrayant avec son regard noir surmonté d'épais sourcils, son grand front et ses mains longues et fines. Sa voix caverneuse à souhait lui a permis l'année dernière encore d'enregistrer, à 92 ans, un album de... heavy métal.

Un Dracula plus humain

Si l'on ajoute la momie Scaramanga dans James Bond, le comte Dooku dans Star Wars ou encore Saroumane dans la trilogie du Seigneur des Anneaux, aucun grand rôle obscur ne lui a échappé.

«Ces rôles sont plus intéressants, car ils offrent davantage de possibilités: vous pouvez être cruel ou séduisant, divertissant ou dangereux», disait-il.

Son chef d'oeuvre reste son interprétation du comte Dracula, qu'il avait incarné à huit reprises entre 1958 et 1976, et auquel il donna une nouvelle dimension, plus humaine.

Sur un mode plus burlesque, il était aussi un acteur fétiche du réalisateur américain installé à Londres Tim Burton (Sleepy Hollow, Charlie et la chocolaterie, Alice au pays des merveilles).

Né le 27 mai 1922, Christopher Lee descendait par sa mère d'une des plus anciennes familles italiennes, les Carrandini, dont la lignée remonte à Charlemagne.

Formé dans les écoles d'élite à Eton et Westminster, où il excellait en latin et grec ancien, il est venu au cinéma après avoir servi dans la Royal Air Force pendant la Deuxième Guerre mondiale.

Après des années de rôles secondaires, son interprétation du monstre de Frankenstein en 1957 aux côtés de son complice Peter Cushing l'a révélé. Son succès ne s'est ensuite plus jamais démenti et lui a permis de toucher plusieurs générations, y compris les plus jeunes grâce à la saga de la Guerre des Étoiles et celle du Seigneur des Anneaux.

«Ce qui compte vraiment, à mon grand âge, c'est que je sois connu par ma génération et aussi la suivante», disait-il au moment d'être anobli en 2009.

La star de l'épouvante menait une vie tranquille, dans un quartier bourgeois de Londres, avec sa femme, un ex-mannequin scandinave épousée en 1961 et avec laquelle il avait eu une fille. Il n'appartenait à aucun parti politique, ne pratiquait aucune religion et considérait les pratiques sataniques comme déraisonnables et certainement indignes du gentleman qu'il fût.