Le Britannique Nick Broomfield a présenté vendredi au festival de San Sebastian Battle for Haditha, fiction réaliste sur la guerre en Irak, un film choc mettant en scène des ex-Marines et des acteurs amateurs.

Toujours attaché à revenir sur des faits réels tragiques, Nick Broomfield reconstitue ici sur l'un des épisodes les plus sombres de la présence américaine en Irak: la tuerie de 24 civils irakiens par des Marines américains le 19 novembre 2005.

La dureté de ce film, tourné en Jordanie, a conduit quelques spectateurs vers la porte de sortie. Le reste du public a applaudi.

Filmé principalement caméra à l'épaule, Battle for Haditha pourrait être le documentaire qu'aucun journaliste n'a jamais pu réaliser en Irak.

«Je pense que ce film peut jouer un rôle, apporter des informations alors qu'il y en a très peu qui sortent d'Irak où la plupart des sources sont institutionnelles. C'est un conflit où il n'y a pas eu assez d'information», a déclaré en conférence de presse Nick Broomfield, venu défendre seul son film.

Difficile de savoir qui sont les méchants dans ce film qui ne prend partie pour quiconque. Seule certitude: les principales victimes sont les civils.

«Ça serait trop compliqué de rejeter la responsabilité sur tel ou tel groupe, a affirmé le cinéaste. Je voulais seulement retranscrire la réalité de manière très simple, à travers les réactions humaines».

Quatre ans après l'invasion américaine, le conflit irakien inspire les cinéastes, avec plusieurs films présentés dans les derniers grands festivals, comme Redacted de Brian de Palma, projeté fin août à Venise ou Dans la vallée de Elah de Paul Haggis, en septembre à Deauville.

Après l'Irak, l'Afghanistan fera samedi irruption dans la station balnéaire basque. Dans Buddha Collapsed Out of Shame, la réalisatrice iranienne Hana Makhmalbaf, 18 ans, offre sa vision de la destruction en 2001 par les taliban des bouddhas géants de Bamiyan.

San Sebastian, qui cherche un second souffle après plusieurs éditions décevantes, projette cette année moins de films espagnols et latino-américains et fait plus de place au cinéma européen ou américain, avec des réalisateurs de renom comme Cronenberg, Manuel Poirier ou John Sayles.

Le jury présidé par l'écrivain américain Paul Auster devra départager le 29 septembre les 16 films en compétition officielle.

Cinéma espagnol tout de même. Dans Mataharis, l'autre film présenté vendredi, la réalisatrice Iciar Bollain pose son regard sur trois femmes détectives: Eva, jeune maman débordée, Carmen, délaissée par son mari, et Inès, en quête du compagnon idéal.

??force d'épier les autres, elles découvrent les mensonges et impasses de leur propre vie privée. À l'arrivée, un film qui ne parvient pas à sortir des sentiers battus mais que sauve une affiche de jeunes acteurs espagnols convaincants, dont Tristan Ulloa (Lucia y el sexo, Julio Medem, 2000) et Najwa Nimri (El método, Marcelo Pineyro, 2005).

La journée de samedi sera aussi marquée par la projection du seul film français de la sélection, La maison, de Manuel Poirier. Il y retrouve l'un de ses acteurs fétiches, l'Espagnol Sergi Lopez (Western, Harry, un ami qui vous veux du bien, Peindre ou faire l'amour), en quadragénaire sur le point de divorcer.