Après sept récompenses au Gala Artisans, le film de Stéphane Lafleur remporte quatre autres prix Iris au 25e Gala Québec Cinéma.

Dimanche soir, Jay Du Temple, élégant, drôle et insolent, a animé la 25e édition du Gala Québec Cinéma, présenté pour la première fois sur Noovo et noovo.ca, en direct de Grandé studios, à Pointe-Saint-Charles. Au cours de la soirée où ont été remis 12 prix Iris, Viking, remarquable tragicomédie de science-fiction à l’humour décalé de Stéphane Lafleur, s’est distingué à quatre reprises.

En plus d’être sacré Meilleur film, Viking a permis à Stéphane Lafleur de repartir avec l’Iris de la Meilleure réalisation et de partager le prix du Meilleur scénario avec Eric K. Boulianne. « Comme c’est un prix du scénario, j’aimerais remercier Sophie Leblond, qui a fait le montage du film. J’aimerais aussi remercier ce garçon à côté de moi, je t’aime », a déclaré celui qui avait remporté ces deux derniers prix en 2008 pour Continental, un film sans fusil, son premier long métrage.

« Je voudrais féliciter ceux qui étaient en nomination, mais pas l’autre Eric K. Boulianne, qui me gosse », a blagué le scénariste. Vu dans Viking et Le plongeur, le prolifique et polyvalent artiste était également la tête d’affiche et l’un des auteurs de Farador, savoureuse et hilarante comédie fantaisiste d’Édouard Albernhe Tremblay, en lice pour le Meilleur premier film et gagnante du Meilleur maquillage (Iris attribué à Lyne Tremblay, Faustina De Sousa, François Gauthier et Michael Loncin).

PHOTO OLIVIER JEAN, LA PRESSE

Steve Laplante

Pour sa part, Steve Laplante, qui incarne avec brio David, alias John, dans Viking, a remporté l’Iris de la Meilleure interprétation masculine dans un premier rôle. « Stéphane Lafleur, quand j’ai su que je travaillerais avec toi, je savais que je travaillerais avec un grand réalisateur, mais je ne savais pas que l’homme que tu es allait l’accoter », a lancé l’acteur.

Nommé 18 fois, le film du réalisateur de Tu dors Nicole avait remporté sept prix au Gala Artisans, animé jeudi soir au Studio D par Fabiola Nyrva Aladin, la Janet de Viking, en lice pour l’Iris de la Révélation de l’année.

Une belle relève

Révélée dans La déesse des mouches à feu (2020), d’Anaïs Barbeau-Lavalette, Kelly Depeault a reçu le prix de la Meilleure interprétation féminine dans un premier rôle pour Noémie dit oui, de Geneviève Albert, qui concourait dans quatre catégories, dont celle du Meilleur premier film. « Soyons l’amour avec lumière et joie », a dit la jeune actrice, qui incarne magistralement une adolescente piégée par un proxénète.

PHOTO OLIVIER JEAN, LA PRESSE

Kelly Depeault

Irrésistible dans le rôle du truculent et touchant cuisinier Bébert, Charles-Aubey Houde a reçu l’Iris de la Meilleure interprétation masculine dans un rôle de soutien dans Le plongeur. Brillante adaptation du roman de Stéphane Larue, le long métrage de Francis Leclerc, écrit avec le coscénariste de Viking, Eric K. Boulianne, figurait dans 12 catégories.

PHOTO OLIVIER JEAN, LA PRESSE

Charles-Aubey Houde

Nommé 13 fois, Les chambres rouges, glaçant et anxiogène thriller de Pascal Plante (Les faux tatouages, Nadia, Butterfly), s’est illustré à deux reprises au cours de la soirée. De fait, les talentueuses Laurie Babin et Juliette Gariépy, qui y incarnent la naïve Clémentine et l’énigmatique Kelly-Anne, ont été respectivement saluées des prix de la Meilleure interprétation féminine dans un rôle de soutien et de la Révélation de l’année.

Salut l’acteur !

Figure incontournable du cinéma québécois, animateur des premier et dixième galas, acteur fétiche du grand Denys Arcand, Rémy Girard a reçu l’Iris hommage des mains de son amie Louise Portal, lauréate de l’an dernier. Yves Jacques, Michel Charette, Hélène Bourgeois Leclerc, Denis Bouchard, Dominique Michel et Denis Villeneuve ont salué l’acteur qui, bien que cumulant 59 films au compteur, recevait son premier prix Iris.

« Je ne suis jamais plus heureux dans mon travail que sur un plateau. Quand je suis sorti du Conservatoire, je ne pensais pas que ma carrière se ferait surtout au grand écran », a lancé Rémy Girard.

PHOTO OLIVIER JEAN, LA PRESSE

Rémy Girard a reçu l’Iris hommage.

À chaque film, chaque tournage, je suis heureux. Plus que jamais, j’ai le désir de continuer à rencontrer d’autres personnages. En attendant, je vous dis à bientôt dans un cinéma près de chez vous.

Rémy Girard, qui a reçu l’Iris hommage

Il y a 10 ans, l’inoubliable Michel Côté, disparu le 29 mai dernier à 72 ans, se voyait remettre ce prix hommage pour l’ensemble de sa carrière. On a d’ailleurs pu voir plusieurs extraits de films mettant en scène l’acteur lors du segment In Memoriam où Marie-Eve Janvier, accompagnée au piano par Jean-Michel Blais, chantait Emmenez-moi de Charles Aznavour.

Afin de saluer sa mémoire, le Gala Québec Cinéma a renommé le Prix du public le prix Michel-Côté. Dans un mélange de joie et d’émotion, Maxime Le Flaguais, fils de l’acteur, et Marc-André Grondin, qui a incarné son fils dans C.R.A.Z.Y. du regretté Jean-Marc Vallée, ont remis le prix saluant le film le plus populaire au premier long métrage d’Anik Jean, Les hommes de ma mère.

Écrit par Maryse Latendresse, Les hommes de ma mère était aussi en lice dans les catégories du Meilleur premier film et de la Meilleure interprétation féminine dans un premier rôle pour Léane Labrèche-Dor. Rappelons que, pour la première fois, ce sont trois films de femmes qui ont connu les meilleurs box-offices : 23 décembre, réalisé par Miryam Bouchard sur un scénario d’India Desjardins ; Le temps d’un été, écrit par Marie Vien et mis en scène par Louise Archambault ; et celui d’Anik Jean.

« Quelle entrée spectaculaire dans le cinéma », s’est exclamé Patrick Roy, président d’Immina Films, qui a rappelé au gouvernement fédéral que l’industrie attendait avec impatience le maintien du financement de Téléfilm Canada. L’émotion dans la voix, il s’est dit fier de gagner ce premier prix Michel-Côté, un homme « exceptionnel, généreux et disponible ».

PHOTO OLIVIER JEAN, LA PRESSE

Anik Jean, enlacant Maxime Le Flaguais et recevant le prix Michel-Côté. À leur gauche, Marc-André Grondin.

« C’est ce prix-là que je voulais pour mon film ! Je veux faire brailler encore ! Vous m’avez fait brailler ! », a dit Anik Jean avant de passer la parole à Patrick Huard, producteur et acteur du film, qui a aussi salué Michel Côté qui lui a « montré à raconter des histoires qui parlent de vous ». Par ailleurs, C.R.A.Z.Y. a été élu par le public film préféré des 25 dernières années : « Le film n’a pas vieilli, a dit Danielle Proulx, qui accompagnait sur scène Alex Vallée. Malheureusement, Michel et Jean-Marc ne vieilliront pas non plus. »

Nommé six fois, lauréat de l’Iris du Film s’étant le plus illustré à l’extérieur du Québec remis jeudi soir, Falcon Lake, envoûtant récit initiatique aux accents poétiques flirtant avec le cinéma de genre de Charlotte Le Bon, a obtenu le prix du Meilleur premier film. La cinéaste a voulu ajouter sa « modeste voix » à la communauté internationale en demandant un « cessez-le-feu immédiat » en évoquant le conflit israélo-palestinien.

PHOTO OLIVIER JEAN, LA PRESSE

Charlotte Le Bon

Après avoir remporté l’Iris du Meilleur montage (Film documentaire) au Gala Artisans, Jeremiah Hayes est reparti avec le prix du Meilleur film documentaire pour Dear Audrey, bouleversant portrait du documentariste Martin Duckworth et de sa femme aux prises avec la maladie d’Alzheimer, la photographe Audrey Schirmer, lequel concourait dans quatre catégories.

Rejoint à la fin du gala par Fabiola Nyrva Aladin, qui n’a pu s’empêcher de lancer un juron en annonçant que Viking était le Meilleur film de l’année, Jay Du Temple s’est écrié « longue vie au cinéma québécois, c’était un honneur ! ».

Consultez la liste complète des finalistes et des lauréats