Difficile de choisir entre 138 films documentaires en provenance de 47 pays et diffusés en 12 jours, comme le propose la 26e édition des Rencontres internationales du documentaire de Montréal (RIDM) ? La Presse a scruté de près la programmation. Voici nos suggestions.

Bye Bye Tiberias

Dans le film d’ouverture, Bye Bye Tiberias, la réalisatrice Lina Soualem trace le portrait de sa mère, la comédienne palestienne Hiam Abbass, qui a une prolifique carrière des deux côtés de l’Atlantique. Avec sa fille, Hiam retourne dans son village de Galilée, une occasion de constater que les liens familiaux ont résisté à l’exil. Le choix du film s’est fait avant la guerre entre Israël et le Hamas et présente une autre facette de la région. « C’est un film très touchant, intime, sur les femmes de la famille de Lina. La question politique reste en arrière-plan », indique Marlene Edoyan, codirectrice artistique des RIDM.

PHOTO FOURNIE PAR LES RIDM

Image de La garde blanche

En compétition

Répartis dans 5 sections, 47 films, 18 longs et 29 courts et moyens métrages, sont inscrits en compétition. Le film Caiti Blues est notamment inscrit dans la compétition des longs métrages nationaux avec trois autres œuvres québécoises prometteuses. Claude Demers (Les dames en bleu) propose Journal d’un père, où la paternité est explorée à travers des images d’archives. Après l’exceptionnel Soleils noirs, Julien Elie pousse plus loin sa réflexion sur le Mexique avec La garde blanche. On y rencontre des gens ayant le courage de se dresser contre le colonialisme exempt d’humanité qui teinte une partie de la société mexicaine. Enfin, dans Má Sài Gòn (Mère Saigon), Khoa Lê met ses pas dans ceux de la communauté LGBTQ+ du Viêtnam, son pays d’origine.

PHOTO FOURNIE PAR LES RIDM

Image du film Caiti Blues

En direct de Cannes, Berlin, Nyon…

Un festival trouve aussi son sens dans quelques perles et valeurs sûres sorties ces derniers mois dans les grands rendez-vous du septième art. De la compétition officielle à Cannes, arrive Youth (Spring) du réalisateur Wang Bing, qui tourne sa caméra vers de jeunes travailleurs du textile en Chine. Aussi présenté à Cannes, le très musical Caiti Blues de la Franco-Québécoise Justine Harbonnier s’intéresse au sort d’une jeune chanteuse traquant la réussite dans l’Amérique profonde. Reparti de la Berlinale avec deux prix dans la section Encounters, The Echo de Tatiana Huezo narre, avec des éléments de fiction, le quotidien d’un village reculé du Mexique où les enfants prennent soin des aînés. On jettera aussi un œil à Pure Unknown de Valentina Cicogna et Mattia Colombo, film présenté à Visions du réel (Nyon) et consacré au sort des migrants en Méditerranée.

PHOTO TIRÉE DU SITE OFFICIEL D’OLIVIER GODIN

Eve Duranceau dans La suite canadienne

Danse et chorégraphie

La danse et la chorégraphie s’inscrivent depuis longtemps dans l’histoire culturelle du Québec, comme en témoignent deux documentaires des RIDM explorant deux époques distinctes. Dans La suite canadienne, le cinéaste Olivier Godin, à Fantasia l’été dernier avec Irlande, cahier bleu, filme le travail du chorégraphe Adam Kinner qui remet en lumière le célèbre ballet créé en 1958 par Ludmilla Chiriaeff. Une triple mise en abyme à laquelle participe la comédienne Eve Duranceau. Par ailleurs, le cinéaste Karl Lemieux propose, avec Somehow Continue, une exploration formelle et sonore hors norme et fascinante. Son film en 16 mm noir et blanc est consacré à la chorégraphe Dana Gingras alors que cette dernière coordonne la préparation d’un spectacle en plein air dans un parc du Mile End.

PHOTO FOURNIE PAR LA FONDATION CHANTAL AKERMAN

Image du film D’Est

D’Est, de Chantal Akerman

C’était un temps de passage et de transition. D’incertitude et d’inquiétude. En Europe de l’Est, en ce début des années 1990, le bloc communiste s’effondre. Les habitants, abonnés aux règles de vie strictes, font soudainement connaissance avec plus de liberté. L’économie de ces pays est en quête de repères. Mais est-ce que tout est bouleversé d’un seul coup ? Avec une caméra 16 mm, la cinéaste Chantal Akerman traverse ce monde en suspension, de l’Allemagne de l’Est à la fin de l’été jusqu’en Russie au cœur de l’hiver. Contemplatif, D’Est est tissé de longs et lents plans-séquences, partant des campagnes pour se diriger vers les villes et leurs longues files d’attente tétanisées dans des décors lugubres. Une projection unique de ce film en version restaurée est inscrite à la programmation.

PHOTO FOURNIE PAR L’OFFICE NATIONAL DU FILM

Image du film Koromousso – Grande sœur, tourné en Afrique et au Québec

ONF : au cœur des préoccupations sociales

Enfin, l’Office national du film (ONF) propose quatre films où de grandes préoccupations sociales se font écho. Récemment diplômée en cinéma, Romane Garant Chartrand présente Après-coups, court métrage empathique et sans pathos sur le quotidien de résidantes dans une maison pour femmes violentées. Dans Koromousso – Grande sœur d’Habibata Ouarme et Jim Donovan, des Canadiennes d’origine africaine démontrent avec candeur et abandon leur envie de vivre et de regagner leur corps après une excision. L’avocate torontoise Mellisa Miller défend avec hargne les personnes âgées abusées dans Le temps dérobé d’Helene Klodawsky. Alors que WaaPaKe (Demain) de Jules Arita Koostachin est tissé de témoignages bouleversants par des victimes de pensionnats autochtones. Malgré la lourdeur des sujets, l’espoir règne partout.

Les RIDM se tiennent du 15 au 26 novembre.

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