Après 1981, 1987 et 1991, Ricardo Trogi tourne ces jours-ci la suite de ses péripéties dans 1995, un film qui s’annonce le plus « drôle » et « loufoque » du lot. Nous étions sur le plateau cette semaine.

« Chers téléspectateurs, c’est avec beaucoup de tristesse qu’on doit vous annoncer la disqualification du concurrent Ricardo Trogi ! » Son crime ? Une appréciation « sans équivoque » du groupe rock Aerosmith, « une musique facile qui ne fait pas partie des valeurs ni de la philosophie de la Course… »

Nous sommes sur un plateau de télévision de l’émission La course, et celui qui prononce ces paroles n’est nul autre que Pierre Therrien, incarné ici par Mickaël Gouin.

On devine qu’il s’agit évidemment d’un mauvais rêve, ou à tout le moins d’une hallucination du personnage principal, Ricardo Trogi.

« Le film raconte mon passage à cette émission [La course destination monde, édition 1994-1995] », commente le réalisateur, coiffé de son emblématique casquette, en marge du tournage, dans les anciens bureaux de l’Office national du film (ONF), sur le bord de l’autoroute 40. À l’époque, « je faisais de l’anxiété un peu, rit-il, à cause d’un médicament très fort contre la malaria ! ».

Après avoir raconté son enfance (1981), son adolescence (1987), puis ses péripéties lors de son premier voyage sac au dos en Europe (1991), Ricardo Trogi poursuit donc sa fresque biographique avec ses balbutiements pour le moins laborieux dans le merveilleux monde de la réalisation.

  • Le plateau de télévision de l’émission La course

    PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

    Le plateau de télévision de l’émission La course

  • Mickaël Gouin dans le rôle de l’animateur Pierre Therrien

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    Mickaël Gouin dans le rôle de l’animateur Pierre Therrien

  • Ricardo Trogi dirige Mickaël Gouin.

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    Ricardo Trogi dirige Mickaël Gouin.

  • Francis-William Rhéaume (dans le rôle de Jean-Michel Vidal), Maude Bouchard (Louise Racicot), Ricardo Trogi, Mickaël Gouin (Pierre Therrien) et David Leblanc (Michel Coulombe)

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    Francis-William Rhéaume (dans le rôle de Jean-Michel Vidal), Maude Bouchard (Louise Racicot), Ricardo Trogi, Mickaël Gouin (Pierre Therrien) et David Leblanc (Michel Coulombe)

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À noter que si l’émission de Radio-Canada qui a propulsé la carrière du réalisateur a été légèrement rebaptisée pour des raisons de droits, on a gardé les vrais noms de tous les autres personnages, bien connus des téléspectateurs (Pierre Therrien, mais aussi les juges Michel Coulombe, Louise Racicot et Manon Barbeau).

Détail sympathique : d’anciens caméramans de l’émission ont été recrutés à titre de figurants. On les apercevra sans doute maniant leurs imposantes caméras d’époque, ici ou là pendant le film.

« J’ai été propulsé au bout du monde », raconte le réalisateur, qui part tourner au Maroc la semaine prochaine (en lieu et place de l’Égypte, déjà trop compliquée en 1995), avant de se rendre au Népal, pour son ultime destination.

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Les caméramans et leurs caméras d’époque !

Et, sans prétention, c’est très drôle. C’est assez solide. En tout cas, moi, c’est celui [des quatre] que je trouve le plus drôle.

Ricardo Trogi, réalisateur

Pourquoi ? Parce que la technologie, ou plutôt l’absence de technologie, lui donne drôlement du fil à retordre. « On est un an avant internet ! », fait-il valoir. Avant la généralisation des cellulaires (tout le monde est ici « accroché » à son téléphone), sans GPS, encore moins Facebook. « Si tu n’appelles pas, tu n’auras pas de nouvelles ! », dit celui qui se souvient encore de devoir appeler sa mère de l’étranger pour entendre ses reportages d’une oreille (sa mère rapprochant le téléphone – à fil, évidemment –, d’un téléviseur !). Ça vous donne une idée du portrait.

« C’était compliqué ! »

Et le mandat n’était pas des moindres : imaginez un peu débarquer du jour au lendemain dans un pays étranger, sans parler la langue locale, avec 500 $ de « budget survie » par semaine. Imaginez devoir en outre trouver sur place des sujets originaux !

« Ce sont des petits détails le fun, les spectateurs vont vraiment se faire raconter c’était quoi, pour un “courseur”, faire un film de quatre minutes. » En gros, on l’aura compris : « C’était compliqué ! »

Je n’ai pas peur du ridicule. Je ne prends pas les bouts où je suis le plus glorieux. Mais je prends les bouts où j’ai l’air le plus fou.

Ricardo Trogi, réalisateur

Et avec 1995, « c’est là où j’avais des affaires les plus drôles à raconter ».

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Jean-Carl Boucher

Une affirmation que ne renie pas Jean-Carl Boucher, qui incarnera Ricardo Trogi à nouveau et à sa plus grande joie, et pour la quatrième fois.

« Je pense que oui, acquiesce-t-il. Définitivement. C’est très loufoque, et dès le début ! »

Il faut dire que son personnage, mi-vingtaine, est toujours aussi gaffeur. « Oui, il se met souvent les pieds dans les plats. Il est bien intentionné, mais malhabile ! »

Le comédien en profite pour souligner « le réel bonheur » qu’il a à travailler avec Ricardo Trogi à nouveau. « Je suis content d’avoir connu quelqu’un d’aussi bien que lui aussi jeune ! […] Ça a vraiment cliqué. […] Et on a un peu le même humour ! »

Entre autres gaffes et pépins technologiques, son personnage va perdre sa caméra en Égypte, confie-t-il. « Et c’est le fun pour le public de voir quelqu’un qui se met autant dans le trouble. Il a une mission claire, mais il est incapable de la remplir. L’humour est beaucoup là : à chaque scène son problème ! »

Si vous vous demandez quelle sera la sélection musicale du film, sachez que le réalisateur a fait une liste de « 110 tounes », mais que ses choix ne sont pas encore arrêtés. « Ce sera une surprise, et c’est plus le fun comme ça ! », conclut-il. À suivre, alors, en salle l’été prochain.