(Washington) Le box-office américain s’apprête à vivre un contraste saisissant à son sommet ce week-end, les films les plus attendus mettant en scène d’un côté une emblématique poupée, et de l’autre, l’inventeur de la bombe atomique.

Depuis vendredi matin, des centaines de milliers de cinéphiles nord-américains s’engouffrent dans les salles obscures pour visionner Barbie et Oppenheimer.

Les premiers chiffres aux États-Unis et au Canada annoncent l’un des meilleurs week-ends de l’année pour l’industrie.

Le long métrage sur la poupée rose a déjà accumulé plus de 22 millions de dollars de recettes pour les avant-premières, 10,5 millions pour celui autour de la première arme nucléaire, selon Boxoffice Pro.

Et Barbie pourrait terminer le week-end à 150 millions, dépassant la performance du second opus d’Avatar en décembre dernier.

« Les attentes sont tellement énormes que ce que l’on essaye de déterminer, ce n’est pas si cela aura du succès, mais de quelle ampleur sera ce succès », explique à l’AFP le directeur éditorial de Boxoffice Pro, Daniel Loria.

Plus de 200 000 spectateurs ont même prévu d’aller voir l’un puis l’autre dans la même journée d’ici à la fin du week-end, selon l’Association nationale des propriétaires de salles.

« Comme une traînée de poudre »

D’ores et déjà, la projection simultanée des deux superproductions a nourri une vague de blagues et détournements sur les réseaux sociaux, les spectateurs s’amusant à envisager au passage leur transformation vestimentaire d’un film à l’autre, mais aussi l’apparition d’une gamme de produits dérivés spécifiques, une tendance déjà surnommée « Barbenheimer ».

La stratégie de communication en ligne pour Barbie a « pris comme une traînée de poudre, attirant toute une génération ainsi qu’une audience féminine insuffisamment prise en compte », alors que le réalisateur Christopher Nolan attire lui ses propres inconditionnels, remarque Shawn Robbins, analyste en chef pour Boxoffice Pro.

« Ils se sont retrouvés mélangés dans ce qui semble être un condensé inattendu de la culture populaire, qui s’est exprimé au travers du phénomène “Barbenheimer” », ajoute-t-il dans une interview à l’AFP.

Un effet qui pourrait « avoir renforcé l’intérêt pour les deux films comme aucun des deux n’y serait parvenu autrement, s’ils étaient sortis à des dates différentes », insiste M. Robbins.

Un avis que rejoint David Gross, du cabinet Franchise Entertainment Research, pour qui les films vont s’aider mutuellement plutôt qu’être en compétition, en créant de l’envie auprès des cinéphiles.

« Un peu fou »

« Les cinéphiles s’en emparent et en font un objet propre », selon David Gross, « je n’ai pas souvenir d’un tel phénomène ».

« Oppenheimer est plutôt à destination des hommes, des plus âgés, quand Barbie vise plutôt les femmes et les plus jeunes », a-t-il encore dit, « mais je pense que tout le monde » pourra aller voir les deux.

« Le cinéma était plein à 10 h 30 ce matin, c’était un peu fou », raconte à New York Eric Adams, commercial de 27 ans, qui ira voir Barbie en fin de soirée, faute de ticket disponible aux horaires plus habituels.

Depuis le Colorado, Emma McNealy, 35 ans, raconte qu’elle aurait plutôt regardé Oppenheimer depuis chez elle en streaming, mais que les discussions sur « Barbenheimer » autour d’elle l’ont poussée à revenir vers le grand écran.

Hollywood, malgré la double grève en cours chez les scénaristes et les acteurs, se prend aussi au jeu.

Tom Cruise, à l’affiche d’un nouvel opus de Mission : Impossible, a dit sur Twitter son enthousiasme pour les deux films. En retour, la réalisatrice de Barbie, Greta Gerwig, et la star dans le rôle-titre, Margot Robbie, se sont montrées avec des tickets pour le film de Tom Cruise.