Chaque jour, La Presse présente des films vus sur la Croisette.

Une enquête passionnante

Anatomie d’une chute, de Justine Triet

Révélée il y a 10 ans grâce à La bataille de Solférino, son premier long métrage de fiction, Justine Triet est de nouveau sélectionnée dans la compétition officielle, quatre ans après Sibyl. Anatomie d’une chute porte très bien son titre. En effet, le récit consiste essentiellement à tenter de recréer les circonstances de la chute mortelle qu’a faite un homme après s’être défenestré depuis l’étage supérieur de la maison qu’il occupe avec sa famille non loin de Grenoble.

Mais la chute, apprendra-t-on au fil des éléments révélés tout au long de ce drame passionnant, est aussi celle du couple qu’il formait avec sa femme d’origine allemande (Sandra Hüller). Au fil de l’enquête attendue au cours de laquelle on tente d’éclaircir le mystère entourant la mort de l’homme (accident, suicide, meurtre ?) s’ajoute ainsi une étude de la dynamique d’un couple dont la relation pouvait parfois être tumultueuse.

Concentré sur l’enquête dans la première partie pour ensuite se transformer en film de procès, Anatomie d’une chute emprunte une approche classique pour laisser toute la place à l’intrigue et au jeu des acteurs, tous excellents, particulièrement Sandra Hüller (Toni Erdmann). Cette dernière était aussi de Sibyl, le long métrage précédent de Justine Triet.

Un drame historique classique

PHOTO FOURNIE PAR BROUHAHA ENTERTAINMENT

Jude Law et Alicia Vikander dans Firebrand. Le film de Karim Aïnouz est sélectionné à Cannes en compétition officielle.

Firebrand, de Karim Aïnouz

Lauréat en 2019 du prix Un certain regard grâce à La vie invisible d’Eurídice Gusmão, Karim Aïnouz est pour la première fois en lice pour la Palme d’or. Le cinéaste brésilien propose cette fois un drame historique ayant pour cadre la cour d’Angleterre au moment où Henri VIII, interprété par Jude Law, y vit ses dernières années.

Ainsi, le personnage principal de Firebrand (Le jeu de la reine) est Catherine Parr (Alicia Vikander), la sixième et dernière épouse du monarque britannique. Nommée régente par son mari pendant que ce dernier fait campagne en France, Catherine Parr, réformatrice convaincue, profite de l’occasion pour penser à une modernisation du royaume.

Le récit est en outre construit autour des intrigues pouvant facilement valoir à la reine des accusations de trahison de la part d’un roi qui, atteint gravement par la maladie à son retour, s’apprête à quitter ce bas monde. Le mérite de ce « film à costumes », dont la réalisation est fort bien soignée, réside dans cette façon d’évoquer l’histoire à travers un personnage moins étudié dans les livres.

Alicia Vikander, lauréate d’un Oscar grâce à The Danish Girl en 2016, offre une performance remarquable. Cela dit, l’ensemble reste sur le terrain bien balisé du film classique. Qu’en pensera le jury ?