Devant une industrie du cinéma florissante au Québec, l’Université Concordia a décidé de mettre en œuvre un plan qui permettra de former un plus grand nombre d’étudiants qualifiés pour assurer la relève.

D’ici 2024, l’École de cinéma Mel-Hoppenheim accueillera donc autour de 220 étudiants par année, alors qu’elle en accepte actuellement de 70 à 80 sur les quelque 800 demandes reçues annuellement.

« Il y a un besoin de main-d’œuvre, et tout le monde le sait », note Annie Gérin, doyenne de la faculté des beaux-arts de l’Université Concordia.

« Il y a des productions qui ont été annulées, ou du moins reportées, parce qu’il manquait de travailleurs sur les plateaux. Donc, on répond à l’appel de former plus de gens », souligne de son côté le directeur de l’École de cinéma Mel-Hoppenheim, Martin Lefebvre, dont les étudiants se placent rapidement dans le milieu.

Avec le développement des plateformes, on tourne comme on n’a jamais tourné au Québec.

Martin Lefebvre, directeur de l’École de cinéma Mel-Hoppenheim

« J’ai des collègues qui me disent souvent qu’ils ont reçu un coup de fil dans la semaine de toutes sortes de productions qui cherchent un monteur, un troisième assistant, et qui demandent si on a un étudiant à leur refiler », illustre-t-il.

Voilà déjà deux ans que l’Université planche sur ce projet, de pair avec le gouvernement, le Bureau du cinéma et de la télévision du Québec et les grands studios établis dans la région de Montréal. En plus de répondre à la demande du milieu, l’enjeu est à la fois économique et culturel, précise la doyenne.

« J’arrive d’un voyage de quelques semaines à Los Angeles où on a rencontré les gens de HBO, Warner Bros, Amazon… On leur a parlé de notre projet et on nous a dit que c’est ça qu’ils attendaient pour envoyer des productions au Québec », dit-elle.

Un plus grand choix de programmes d’études

Malgré l’arrivée de tous ces nouveaux étudiants, une expansion physique n’est pas prévue pour le moment, l’Université ayant décidé d’aller de l’avant en utilisant les locaux disponibles.

« Si on avait décidé d’attendre un pavillon, on n’aurait pas été aussi réactifs. Et si on n’a pas fait ça avant, c’est qu’on est vraiment en train de créer des partenariats solides avec les gens de l’industrie. En ce moment, on parle avec les gens aux studios MELS et surtout aux Studios Grandé pour pouvoir faire des classes de maître dans leurs espaces qui pourraient nous permettre de toucher à des équipements que l’Université n’achètera pas », explique Annie Gérin.

En travaillant directement avec les gens qui vont embaucher nos étudiants, ça nous permet vraiment d’être à la fine pointe et d’exposer nos étudiants aux espaces et aux milieux professionnels.

Annie Gérin, doyenne de la faculté des beaux-arts de l’Université Concordia

En plus des programmes de baccalauréat et de maîtrise existants, l’Université veut ouvrir la porte à des étudiants au parcours atypique ou qui seraient déjà sur le marché du travail, notamment avec la création de plusieurs certificats (y compris aux cycles supérieurs) et de quelques microprogrammes — soit des formations spécialisées et concentrées en trois cours.

Parmi ceux-ci, le microprogramme de Screenwriting créé l’an dernier dans le cadre du Programme d’aide à la relance par l’augmentation de la formation (PARAF) pour permettre à des gens de se réorienter se poursuivra, indique Annie Gérin, mais il sera également offert en français dès l’hiver.

Le microprogramme en scénarisation et en production sera quant à lui offert en ligne en français, tandis que la version anglaise de la formation se donnera les soirs et week-ends à l’hiver afin de faciliter l’accès à des étudiants qui travaillent durant la semaine, précise Martin Lefebvre.

Ce sont des diplômes qui n’existent pas au Québec. Donc on remplit un espace qui est nécessaire à la santé du milieu du cinéma au Québec.

Martin Lefebvre, directeur de l’École de cinéma Mel-Hoppenheim

Des discussions sont également en cours pour ouvrir la porte de l’École de cinéma à certaines communautés qui sont sous-représentées dans l’industrie du cinéma. C’est ainsi qu’une passerelle entre l’École et le cégep Kiuna est en voie de développement pour faciliter le recrutement d’étudiants issus des Premières Nations.

« Téléfilm Canada, la SODEC, tout le monde s’entend pour dire que c’est vraiment un besoin d’encourager cette diversité dans l’industrie du cinéma », conclut la doyenne de la faculté des beaux-arts.