Notre envoyé spécial sur la Croisette fait un compte rendu des dernières nouvelles du Festival de Cannes.

Ça commence mal…

Arrivé tôt lundi matin près du Palais des Festivals pour cueillir mon accréditation, j’ai fait la queue pendant environ une demi-heure avec des gens fébriles et de bonne humeur. Ça avançait bien, puis est venu mon tour. Je me présente au guichet et je tends ma carte d’identité française au commis, en me disant que ce sera plus simple et que ça ira plus vite… Tout d’un coup, tout s’arrête. Panne majeure du système informatique, plus précisément du serveur internet. Alors que j’y étais depuis une heure trente, on nous a dit de revenir plus tard. Lorsque j’y suis retourné cinq heures plus tard, le service n’était toujours pas rétabli. Quelque 400 personnes faisaient la queue, de mauvaise humeur. Je me suis demandé une demi-seconde si ce n’était pas ma faute. « Vous nous avez amené la poisse d’outre-Atlantique ! », a blagué une employée du service de presse. J’ai fini par avoir mon accréditation, en fin d’après-midi, après 45 minutes d’attente additionnelles. Cette fois, je n’ai pas pris de risque : j’ai montré ma carte d’assurance-maladie. Ça m’apprendra à faire mon Français.

L’Ukraine en tête

PHOTO TOBIAS SCHWARZ, AGENCE FRANCE-PRESSE

Le cinéaste et dissident russe Kirill Serebrennikov

Le Festival de Cannes s’ouvre officiellement ce mardi avec un film de zombies dont le titre était jusqu’à récemment Z (comme Z). La lettre Z ayant été récupérée par les partisans de Vladimir Poutine, le réalisateur français Michel Hazanavicius a préféré rebaptiser son film Coupez ! Le drame qui se trame en Ukraine va sans doute nourrir bien des conversations pendant le Festival. Le délégué général Thierry Frémaux a parlé lundi en conférence de presse du délicat exercice de soutenir l’Ukraine sans en faire payer le prix aux artistes russes. Certains se sont indignés qu’il y ait une place en compétition pour le cinéaste dissident russe Kirill Serebrennikov, qui a quitté la Russie après l’invasion de l’Ukraine, mais dont le film La femme de Tchaïkovski est en partie financé par l’oligarque Roman Abramovitch. Alors que le plus récent film du plus célèbre des cinéastes ukrainiens, Sergei Loznitsa (The Natural History of Destruction), est présenté en « séance spéciale », tout comme le dernier film de son regretté compatriote Mantas Kvedaravicius (Mariupolis 2), assassiné par l’armée russe. La section Un certain regard présente aussi une œuvre de Maksim Nakonechnyi. « Je reçois des courriels très violents », a confié Thierry Frémaux, en réitérant la position du festival, qui est d’interdire toute représentation russe officielle, mais pas ses artistes dissidents.

Un casque sur la Croisette

PHOTO VIANNEY LE CAER, ASSOCIATED PRESS

Il y a un casque de pilote d’avion de chasse gigantesque sur la Croisette, juste devant le Carlton.

Il y a un casque de pilote d’avion de chasse gigantesque sur la Croisette, juste devant le Carlton. De plus de deux mètres de hauteur. Signe de plus de l’arrivée imminente de Tom Cruise à Cannes et de la suite de Top Gun, qui sera présenté hors compétition au milieu de la semaine. « Top Gun ou Elvis auraient pu figurer en compétition », disait lundi en conférence de presse Thierry Frémaux. « Tom Cruise est l’un des acteurs qui ont le plus grand taux de réussite », a-t-il ajouté, précisant que l’Américain « se consacre entièrement au cinéma » au détriment des séries télé, des publicités, etc. « Pour le voir, il faut le voir dans une salle de cinéma ! » Vincent Lindon, rencontré plus tôt dans la journée, milite aussi pour le décloisonnement des genres cinématographiques (comme on a pu le voir dans Titane, Palme d’or de l’an dernier). « J’aime jouer dans les films sociaux », dit celui qui a remporté le Prix d’interprétation à Cannes en 2015 pour son rôle de chômeur dans La loi du marché de Stéphane Brizé. « Mais j’aimerais aussi être dans Top Gun ! »