(Cannes) Le réalisateur iranien Asghar Farhadi, membre du jury du 75e Festival de Cannes, a récusé mardi les accusations de l’une de ses étudiantes affirmant qu’il a plagié son travail pour son dernier film, Un héros, Grand Prix du jury l’an dernier.

Interrogé lors de la conférence de presse de présentation du jury cannois, le réalisateur aux deux Oscars s’exprimait pour la première fois publiquement sur la plainte déposée en Iran par Azadeh Masihzadeh, qui a étudié le cinéma sous sa direction et assure que son film est fondé sur son documentaire All Winners All Losers.

Un héros, qui raconte l’histoire d’un détenu devenant célèbre après avoir trouvé une bourse de pièces d’or et l’avoir rendu à son propriétaire au lieu de le garder pour lui, et le documentaire tourné par son étudiante, avait « le même thème » et s’inspirait du même fait divers, a reconnu M. Farhadi.

« Quand un évènement a eu lieu, et qu’il en est rendu compte dans la presse, il appartient au domaine public », s’est défendu le cinéaste. « Un héros est une interprétation libre de cette histoire, comme le documentaire de cette personne, il n’est pas question de droits d’auteur ».

M. Farhadi a précisé avoir apporté, pour un atelier avec ses étudiants, des coupures de presse, dont l’une relatant ce fait divers.

Le cinéaste a précisé qu’il n’y avait « pas encore eu de procès », mais seulement « une première étape d’instruction où le cas est étudié par une autorité religieuse ». Cette autorité « a simplement estimé que l’affaire pouvait être jugée et qu’il y aurait un procès ».

« Dans ce procès, s’il y a des spécialistes du droit d’auteur, ça va être très simple de prouver que l’accusation n’est pas recevable », a-t-il poursuivi.

« En raison des efforts qu’avait fait cette stagiaire dans son documentaire, et des recherches qu’elle avait faites, j’ai proposé que son nom soit au générique pour dissiper toutes ces polémiques », a encore affirmé le cinéaste d’Une séparation.

Mais l’étudiante aurait refusé : « elle voulait que je dise au début du film que c’était d’après son documentaire, et elle avait des prétentions financières de partager tous les revenus du film. Le producteur français, évidemment, n’a pas du tout accepté cette demande ».

En avril, le producteur du film, Alexandre Mallet-Guy, avait lui aussi récusé les accusations : « l’histoire de cet ancien prisonnier trouvant de l’or dans la rue et le rendant à son propriétaire n’est que le point de départ de l’intrigue d’Un héros. Le reste relève de la pure invention d’Asghar », assurait-il.