(ROME) Le réalisateur italien Franco Zeffirelli est mort samedi à l’âge de 96 ans dans sa résidence de Rome, suscitant une vague d’émotion dans sa ville natale de Florence mais aussi dans le milieu du cinéma et de la culture dont il était une figure marquante.

Franco Zeffirelli « s’est éteint sereinement après une longue maladie, qui s’était aggravée ces derniers mois », ont annoncé les médias italiens, citant des sources dans la famille du cinéaste.

« Je n’aurais jamais voulu que ce jour arrive. Franco Zeffirelli est parti ce matin. Un des plus grands hommes de la culture mondiale. Nous nous joignons à la douleur de ses proches. Adieu, cher Maître, Florence ne t’oubliera jamais », a écrit Dario Nardella, le maire de Florence.

« Le monde de la culture et du cinéma pleure la mort du maestro Franco Zeffirelli, un génie de notre temps. J’adorais ses films », a déclaré sur Twitter le ministre italien de la Culture Alberto Bonisoli.

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« Zeffirelli, esprit libre. Son activité a traversé et influencé le XXe siècle, et a transféré à notre époque un culte pour la beauté - au cinéma, au théâtre, à l’opéra - qui est inséparable de celui d’être italien »,  a déclaré pour sa part Francesco Rutelli, ancien  ministre de la Culture et président de l’association nationale italienne des industries du cinéma (Anica).

Franco Zeffirelli est mort samedi dans sa maison à Rome, sur l’Appia Antica, assisté de ses fils adoptifs Pippo et Luciano, d’un médecin et du curé de l’église San Tarcisio.

Il y a environ une semaine, lui qui souffrait depuis longtemps d’une pneumonie avait reçu les derniers sacrements, rapportent les médias italiens citant la famille.

Franco Zeffirelli, après les funérailles dont la date et le lieu restent à définir, reposera dans le cimetière des Portes Saintes de Florence. Une chapelle ardente sera installée lundi au Capitole, colline de Rome où se trouve la mairie.

Bientôt une « Traviata »

Profondément attaché à sa ville natale, Franco Zeffirelli avait réalisé en 1966 le film-documentaire Per Firenze (Pour Florence) dans lequel il décrivait avec émotion l’inondation historique qui avait frappé la cité la même année et qui avait détérioré nombre de ses richesses artistiques.

Ce film pour lequel l’acteur Richard Burton avait prêté sa voix avait permis de recueillir vingt millions de dollars pour les travaux de restauration et de reconstruction.

Franco Zeffirelli avait aussi installé dans le centre historique de Florence sa fondation dont il voulait qu’elle rende son œuvre accessible au plus grand nombre.  

Dans cet espace baroque de 4000 mètres carrés, que lui avait offert la ville pour ses 92 ans, le maestro avait entreposé ses innombrables collections : des milliers de croquis, épreuves préparatoires pour ses somptueux décors d’opéra, affichettes de la vingtaine de films qu’il a tournés au cours de sa longue carrière.

Une précieuse bibliothèque y contenait plus de 10 000 volumes consacrés à l’art, l’histoire, la littérature et le spectacle.  

Anobli par la reine d’Angleterre (le seul en Italie dans de cas) pour son travail d’adaptation à l’écran des œuvres de William Shakespeare, il avait été nommé à deux reprises aux Oscars (comme metteur en scène pour Roméo et Juliette et comme décorateur pour La Traviata).

Sa dernière œuvre du metteur en scène, un rêve nourri depuis plus de dix ans, aura été la mise en scène d’une nouvelle Traviata qui ouvrira la saison du festival d’opéra dans les Arènes du Vérone le 21 juin.

À 96 ans, il projetait encore un Rigoletto dont les débuts étaient prévus pour le 17 septembre 2020 au Sultanat d’Oman, avec l’Opéra Royal de Mascate.

Réalisateur, scénariste, producteur, Franco Zeffirelli a signé une vingtaine de longs métrages dans sa carrière.

Il était le chantre d’un cinéma d’esthète étudié auprès de son maître Luchino Visconti et inspiré des chefs-d’œuvre de la littérature anglaise et des grands opéras.

Son film le plus connu, Roméo et Juliette (1968), est d’ailleurs une adaptation de Shakespeare, auquel il a aussi emprunté Hamlet (1992, avec Mel Gibson et Glenn Close) et La mégère apprivoisée (1967, avec Elizabeth Taylor et Richard Burton).

Il a aussi mis en scène plus d’une trentaine de pièces de théâtre et d’opéras.