(Londres) La BBC a repris son enquête interne jeudi sur Huw Edwards, son présentateur vedette au centre d’un scandale sur des photos à caractère sexuel, également visé désormais par des accusations d’employés du groupe audiovisuel public britannique.

L’affaire fait les titres de la presse depuis six jours, mais le nom du journaliste, suspendu dimanche, n’a été révélé que mercredi soir, par son épouse. Le portrait de Huw Edwards est à la une de tous les journaux britanniques jeudi.

Ce pilier de la BBC, qui présentait depuis 20 ans le journal de 22 h, émission phare du groupe, a été hospitalisé, souffrant de dépression. « Une fois qu’il sera en état de le faire, il a l’intention de répondre aux articles qui ont été publiés », a dit son épouse Vicky Flind dans un communiqué.

Au même moment, la police déclarait qu’elle n’avait pas trouvé d’éléments indiquant qu’une infraction pénale avait été commise.

La BBC a cependant annoncé qu’elle allait reprendre son enquête interne, promettant de « procéder à une évaluation approfondie des faits ».

« La préoccupation immédiate du groupe est notre devoir de prudence envers toutes les personnes impliquées », a dit dans une lettre aux salariés de la BBC, le directeur général Tim Davie.

Tout comme deux autres hauts responsables du groupe public, il doit être questionné mardi prochain devant une commission parlementaire sur la conduite de cette affaire.

Les accusations contre Huw Edwards, père de famille de 61 ans, tombent au compte-gouttes depuis vendredi soir.

Le tabloïd The Sun, un des critiques les plus virulents de la BBC, avait alors cité une femme non identifiée affirmant que son enfant, âgé de 17 ans au départ, avait reçu 35 000 livres (60 000 $) du présentateur sur trois ans, « en échange de photos sordides », ce qui avait nourri sa dépendance au crack.

Cette personne, désormais âgée de 20 ans, a réagi lundi soir en qualifiant les accusations de sa mère de « foutaises ».

Le tabloïd a affirmé mardi que le présentateur s’était rendu en février 2021 durant le confinement anti-COVID-19 chez une personne de 23 ans rencontrée sur une application. La jeune personne l’a décrit comme « très arrogant » et « très insistant » et a ajouté que le présentateur l’avait payé 650 livres (environ 1120 $) après leur rencontre.

Tranquillité

BBC News aussi a révélé que le présentateur avait envoyé des menaces depuis son téléphone portable à une autre jeune personne rencontrée sur une application, après que ce jeune eut laissé entendre qu’il allait révéler son identité. Le Sun a affirmé qu’il avait contacté une autre personne de 17 ans, qu’il ne connaissait pas, sur Instagram en 2018.

Mercredi soir, la BBC a rapporté des allégations de la part de deux employés du groupe et d’un ancien employé, qui ont dit avoir reçu « des messages inappropriés » et « suggestifs » de Huw Edwards, « certains tard dans la nuit et terminés par des baisers ».

« Les jeunes salariés hésitent à se plaindre à leurs supérieurs de la conduite de collègues célèbres », craignant « des conséquences négatives sur leur carrière », ont-ils expliqué, selon la BBC.

De son côté, le Sun, qui appartient au groupe du milliardaire Rupert Murdoch, a été vivement critiqué pour sa couverture de l’affaire. Il a indiqué qu’il ne publierait pas davantage d’accusations.

Huw Edwards, qui avait déjà souffert de dépression et en avait parlé dans des entrevues, va rester à l’hôpital « dans un avenir prévisible », a dit son épouse, avec laquelle il a eu cinq enfants.

Plusieurs personnalités britanniques et des journalistes de la BBC ont demandé jeudi d’accorder de la tranquillité à Huw Edwards.

« Je suis vraiment désolé pour toutes les personnes impliquées dans cette affaire : pour la famille Edwards, pour les plaignants et pour Huw lui-même », a écrit John Simpson, rédacteur en chef international à la BBC, sur Twitter.

« Aucune infraction pénale n’a été commise, il s’agit donc d’une tragédie purement personnelle pour toutes les personnes concernées. Espérons que la presse les laissera tranquilles maintenant. »

Quant au public britannique, selon une étude YouGov 60 % des sondés jugent que les médias en ont trop fait sur cette affaire.