Le Québec est riche en ressources naturelles, mais nous appartiennent-elles ? demande le documentaire Pour nous chez nous, qui brosse un portrait inquiétant de l’état des lieux.

La pandémie a mis en lumière notre dépendance à des systèmes d’approvisionnement qui s’étendent aux quatre coins du monde. L’arrêt ou le ralentissement de la production en Chine, par exemple, a eu des effets sur le commerce partout sur la planète et provoqué des pénuries de biens parfois essentiels.

« On s’est demandé comment on en était arrivés là », résume Dominic Leclerc, réalisateur de Pour nous chez nous, documentaire présenté mercredi à Télé-Québec qui se demande si le Québec a à sa disposition les leviers nécessaires pour tendre vers l’autonomie.

Son film est, dans une certaine mesure, un cours d’économie financière, en ce sens qu’il explique la façon dont l’économie internationale est devenue de plus en plus soumise à une logique strictement basée sur le rendement à court terme qui traite la nature et les ressources naturelles (eau, forêts, gisements miniers, etc.) comme des biens ou des actifs financiers comme tous les autres.

Dominic Leclerc souligne que c’est dans la foulée de la crise de 2008 que les grands investisseurs se sont tournés vers du « concret » : les ressources naturelles et les terres agricoles, notamment. « Du strict point de vue financier, ça tient la route », convient-il. D’un point de vue politique et communautaire, ça soulève des questions et ça pose des risques, souligne son film.

PHOTO TIRÉE DU FILM POUR NOUS CHEZ NOUS DE DOMINIC LECLERC

Dans Pour nous chez nous, le sociologue François L’Italien, de l’Institut de recherche en économie contemporaine, décortique les lois du marché et va à la rencontre d’agriculteurs, de pêcheurs et d’autres travailleurs pour qui les principes abstraits du capitalisme financier ont des impacts très concrets. Il donne aussi la parole au philosophe Alain Deneault, critique du système, et à des personnalités connues (la cheffe Colombe St-Pierre, par exemple) ou moins connues qui ont à cœur leur communauté et le bien commun.

« Ce qui est inquiétant, c’est de voir en particulier les mines et les forêts accaparées par de grandes multinationales dont les actionnaires se trouvent partout sur la planète, des entreprises difficiles à légiférer et qui possèdent un grand pouvoir de persuasion, estime le réalisateur. »

On le voit très bien en Abitibi avec l’industrie minière : on est prêts à beaucoup de sacrifices pour des emplois.

Dominic Leclerc, réalisateur

Possession et dépossession

Ce qui est mis en valeur dans le film, c’est la fracture entre les communautés où se trouvent les ressources et ceux qui les exploitent et en tirent profit. Est-ce un documentaire militant ? Dominic Leclerc dit qu’il n’avait pas envie de faire un pamphlet. « Je pense que la force du film réside dans l’accumulation, expose-t-il. On a déjà vu des films qui parlent de la forêt ou d’agriculture. Le fait d’avoir mis toutes les ressources ensemble, avec l’angle de la financiarisation et donc de la dépossession, ça crée tout un effet. On a vraiment le sentiment que le tapis nous glisse sous les pieds. »

« Cela dit, je pense que je mets de la lumière dans le film. Parallèlement au constat qui est dur, j’ai voulu filmer le Québec avec beaucoup d’amour et qu’on voyage avec poésie, ou presque, à travers le territoire, dit-il. On critique un truc, mais l’idée était aussi de prendre conscience de la richesse de notre territoire. Il est quasiment absurde d’être aussi dépendants alors qu’on a autant de possibilités. »

Pour nous chez nous compte aussi un volet numérique composé de sept capsules d’environ quatre minutes destinées à vulgariser des notions abordées dans le documentaire et qui seront en ligne le jour de la diffusion du film. Du contenu pédagogique sera aussi disponible sur le site Télé-Québec en classe

Sur Télé-Québec, mercredi, 20 h

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