La décision de Netflix Canada de retirer le deuxième épisode de la série Les filles de Caleb « est un manque de respect pour l’histoire, pour l’auteure, pour la série elle-même », selon son principal interprète masculin, Roy Dupuis.

La série historique réalisée par le regretté Jean Beaudin, diffusée sur la plateforme de diffusion en ligne jusqu’en janvier, a été amputée de son deuxième épisode « en raison du blackface », a simplement fait valoir Netflix Canada.

Dans cet épisode, le personnage d’Ovila, incarné par Roy Dupuis, participe à un spectacle de Noël sur la Nativité. Il revêt le costume du roi mage noir, Balthazar. Il se peint donc le visage en noir.

C’est ce qui a fait réagir Netflix Canada, qui a retiré l’épisode dans son entièreté. Sans explications.

C’est un peu exagéré. La série se passe à Saint-Tite, au XIXsiècle, il n’y avait pas de Noirs à cette époque-là, donc pour raconter l’histoire des rois mages, c’est ce qu’on a fait. C’est une erreur de vouloir effacer l’histoire. Je comprends que ça puisse offusquer des gens, mais il y a des limites.

Roy Dupuis

Le fait que l’épisode soit tout simplement retiré fait également un « trou dans l’histoire », déplore le comédien. « Les filles de Caleb est un roman, une histoire, donc c’est sûr que là, ça fait un trou. Ils ont opté pour la solution la plus facile. »

ICI Tou.tv Extra, qui diffuse également Les filles de Caleb depuis le 28 septembre, a conservé ce fameux deuxième épisode, mais il l’a accompagné du message suivant : « Ce programme est proposé tel qu’il a été originellement créé et peut contenir des représentations sociales et culturelles différentes d’aujourd’hui. »

« Quand nous rediffusons une série d’époque, nous estimons qu’il faut respecter intégralement l’œuvre originale », a simplement indiqué Marc Pichette, premier directeur, Promotion et relations publiques à Radio-Canada, dans un courriel envoyé à La Presse.

« L’histoire ne se passe pas aujourd’hui »

Si la série devait être tournée à nouveau aujourd’hui, Roy Dupuis, qui partageait la vedette avec Marina Orsini (Émilie Bordeleau dans la série), la jouerait de la même manière qu’en 1990.

« L’histoire ne se passe pas aujourd’hui, ça se passe au XIXsiècle ! s’exclame le comédien. Si on mettait en scène la Nativité aujourd’hui, je suppose qu’on ferait appel à un acteur noir pour la faire, mais à l’époque il n’y en avait pas de Noirs à Saint-Tite, donc par respect pour l’histoire de la Bible, on a représenté tous les personnages, y compris le roi mage noir. Donc aujourd’hui, on ferait pareil. »

Le producteur Attraction Images n’a pas voulu se mouiller, laissant les diffuseurs libres de faire ce qu’ils veulent.

« Attraction est très fière de distribuer sur toutes les plateformes la série Les filles de Caleb, un véritable chef-d’œuvre de la culture québécoise, nous a répondu son président Richard Speer par courriel. Bien sûr, la série a été produite il y a plus de 30 ans et raconte une histoire d’une autre époque. Cela dit, la façon de traiter les sensibilités d’aujourd’hui face à une série créée il y a plusieurs décennies appartient à chaque diffuseur et nous respectons la décision [de chacun]. »