La musique étant omniprésente, il est difficile, voire impossible, de tout écouter ! Voici sept albums qui sont passés sous le radar de nos journalistes lors de leur sortie, mais qui, depuis, les font vibrer.

Il n’y a rien que je ne suis pas, Arielle Soucy

Dans le tourbillon de l’automne culturel, on n’avait pas eu le temps de jeter une oreille à Il n’y a rien que je ne suis pas, d’Arielle Soucy, sorti le 20 octobre. Mais on s’est bien reprise depuis le début de décembre, et chaque écoute de ce premier album à la beauté entêtante fait augmenter notre ravissement. Le folk de la jeune autrice-compositrice-interprète est intemporel et évoque autant Julie Doiron que les sœurs McGariggle, mais il est aussi fort personnel. Son utilisation de l’anglais et du français – parfois dans la même chanson ! – n’a jamais l’air forcée, son propos est plein de douceur et de candeur, et ses harmonies multiples sont étonnantes et riches. Avec sa voix singulière, Arielle Soucy a déjà une signature unique, et notre grand regret est de ne pas l’avoir écoutée avant !

Josée Lapointe, La Presse

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Il n’y a rien que je ne suis pas

Folk

Il n’y a rien que je ne suis pas

Arielle Soucy

Bonbonbon

My Back Was a Bridge for You to Cross, ANOHNI and the Johnsons

IMAGE TIRÉE D’UNE VIDÉO

ANOHNI

En 1971, Marvin Gaye chantait « You know we’ve got to find a way, Bring some understanding here today, Come on, talk to me », sur What’s Going On, le meilleur album soul rock de l’histoire. Il y peignait le portrait réaliste du quotidien des Afro-Américains aux États-Unis – alors engagés dans la guerre du Viêtnam – sur un fond musical Motown, R’n’B, soul et funk. Plus de 50 ans plus tard, ANOHNI chante « It must change, The way you talk to me, it must change » sur My Back Was a Bridge for You to Cross, le meilleur album soul rock de 2023. De son côté, ANOHNI mène le combat pour l’acceptation des personnes trans au sein de la société américaine. Et le fait sous les inspirations musicales évidentes de What’s Going On. La chaude voix de l’artiste s’attache à des guitares électriques glissantes, des chœurs célestes et une lourde batterie. ANOHNI se veut l’artiste actuel le plus en phase avec l’héritage musical légué par Gaye.

Philippe Beauchemin, La Presse

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My Back Was a Bridge for You to Cross

Soul rock

My Back Was a Bridge for You to Cross

ANOHNI and the Johnsons

Secretly Canadian

Les égarés, Ballaké Sissoko, Segal, Peirani et Parisien

PHOTO JACQUES GROSSEMY, TIRÉE DE LA PAGE FACEBOOK DE BALLAKÉ SISSOKO

Émile Parisien, Ballaké Sissoko, Vincent Segal et Vincent Peirani.

On a connu Vincent Segal auprès du percussionniste Cyril Atef au sein de Bumcello, au tournant des années 2000. Il a multiplié les collaborations depuis (d’Elvis Costello à Césaria Evora), mais a surtout développé une complicité avec le joueur de kora malien Ballaké Sissoko. La paire fait équipe ici avec un autre tandem formé de l’accordéoniste Vincent Peirani et du saxophoniste Émilie Parisien sous le nom Les égarés. Cet insolite quatuor prend volontiers des chemins de traverse : jazz, circonvolutions orientales, mélodies qu’on dirait venues des Balkans, souvenirs de valse musette, ils font fi de toutes les frontières, nous emmènent dans un fabuleux voyage où la virtuosité reste sensible et où chacun trouve sa place avec naturel. Ce parti pris pour les sons qui veulent voir du pays s’affirme dans le titre d’une reprise de Joe Zawinul, Orient Express. Cet emblématique train ne traversait-il pas justement l’Europe jusqu’aux portes de l’Orient ? Magnifique.

Alexandre Vigneault, La Presse

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Les égarés

Jazz / Musiques du monde

Les égarés

Ballaké Sissoko, Vincent Segal, Vincent Peirani et Émile Parisien

No Format!

Space Heavy, King Krule

PHOTO FRANK LEBON, TIRÉE DE LA PAGE FACEBOOK DE L’ARTISTE

King Krule

Je suis tombée sur cet album en retard, mais il m’habite depuis que je l’ai entendu pour la première fois. Parue l’été dernier, cette nouvelle proposition de King Krule réaffirme l’ampleur de ce que le Londonien a à offrir. Il a ralenti le tempo pour ce disque aux orchestrations surprenantes, à la douceur omniprésente et aux soubresauts d’envolées punk toujours plaisantes. Le côté jazzy qui s’immisce ici et là vient amplifier l’unicité de cet objet musical qui ne déçoit jamais. Tout en nuances, Space Heavy a une aura ravissante, une force dans ses mélodies et son rythme que je trouve renversante.

Marissa Groguhé, La Presse

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Space Heavy

Rock

Space Heavy

King Krule

Matador Records

Blue Notes 2, Willie The Kid et V Don

CAPTURE D’ÉCRAN DE YOUTUBE

Willie The Kid et V Don

Je n’avais pas manqué cet album, sorti en février. J’attendais simplement le disque vinyle pour le déguster. Car Willie The Kid est mon rappeur préféré depuis quelques années et il en va de même pour V Don dans la catégorie des producteurs. Blue Notes 2 est leur septième collaboration et l’ambiance sonore de cette série est parfaite pour les journées froides. Ensemble, ils créent un rap raffiné et feutré qui nous transporte dans un bar d’hôtel luxueux ou, dans ce cas-ci, sur le bord d’un feu dans un chalet des Alpes. Les compositions de V Don sont rythmées par des percussions costaudes qu’il marie à merveille avec du piano, des cordes et des échantillons (samples) doux et mélodieux. Willie est maître des rimes plurisyllabiques, en plus d’avoir un vocabulaire extraordinaire et un flow exquis. Faites-vous plaisir et découvrez ce duo cet hiver.

Pascal LeBlanc, La Presse

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Blue Notes 2

Rap

Blue Notes 2

Willie The Kid et V Don

Serious Soundz et The Fly LLC

I Inside the Old Year Dying, PJ Harvey

PHOTO TOM LITTLE, REUTERS

PJ Harvey

Le dixième album de Polly Jean Harvey est une œuvre unique remplie de mysticisme qui baigne dans la lumière vaporeuse de la forêt de son Dorset natal. Dans I Inside the Old Year Dying, la chanteuse de 54 ans met en musique l’histoire de la petite Ira-Abel Rawles, racontée dans son recueil de poèmes Orlam, publié en 2022. Victime d’une agression, la petite se réfugie dans la forêt, qui devient pour elle un havre de paix ouvert sur le monde des esprits. Le disque est sorti au beau milieu de l’été, alors que j’étais en vacances familiales. Or, le hasard a voulu que je sois justement dans la campagne de l’ouest de l’Angleterre. Quand à mon retour j’ai pris la peine d’écouter attentivement les nouvelles chansons de PJ Harvey, elles ont pris tout leur sens, malgré qu’elles soient écrites en partie dans la langue vernaculaire du Dorset. Les mélodies, à la fois douces et étranges, souvent chantées dans un falsetto fragile qui détonne, tissent une ambiance inquiétante vers laquelle on est invariablement attiré, à chaque écoute toujours un peu plus.

Pierre-Marc Durivage, La Presse

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I Inside the Old Year Dying

Folk rock

I Inside the Old Year Dying

PJ Harvey

Partisan Records

Romantisme, Élégie

PHOTO ANTOINE BOILY-DUGUAY, FOURNIE PAR SIMONE RECORDS

Élégie

Il n’y a rien de plus rassurant que de voir, à chaque génération, de nouveaux rêveurs déçus embrasser l’héritage éperdument cafardeux de The Cure. Rien de plus émouvant que de constater que la chaîne de larmes ne s’est pas interrompue. Chez Élégie, un trio de Québec qui a reçu un coup de main d’un certain Hubert Lenoir, la passion est douloureuse, la souffrance, réconfortante, mais l’espoir, toujours battant. « Je veux beaucoup plus que ce qu’on me propose », annonce dans la pièce titre de Romantisme le chanteur Lawrence Villeneuve, un fier et funeste descendant du jeune Werther de Goethe et d’Ian Curtis, sans cesse affligé par les « conséquences de constamment prendre les corbeaux pour des anges ». Acceptons notre sentence : l’amour nous déchirera, encore.

Dominic Tardif, La Presse

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Romantisme

Post-punk

Romantisme

Élégie

Simone Records