(New York) Les Bourses occidentales ont de nouveau reculé mercredi, craignant qu’à la faiblesse de l’activité économiques dans le monde des derniers mois s’ajoute la remontée ou la persistance de l’inflation via les prix des matières premières.

À Wall Street, le Dow Jones a perdu 0,57 %, l’indice NASDAQ a lâché 1,06 % et l’indice élargi S&P 500 a abandonné 0,70 %.

En Europe, la Bourse de Paris a perdu 0,84 % à la clôture, plombée par le luxe, Francfort 0,19 % et Londres 0,16 %. Milan a aussi reculé, de 1,54 %, chahutée par ses banques.  

« Les marchés sont en train d’intégrer le risque d’une stagflation », c’est-à-dire une situation ou l’inflation est élevée, mais la croissance faible, qui « serait le marqueur de l’économie », décrit Michael Nizard, directeur des investissements multiactifs d’Edmond de Rothschild AM.

« L’œil du cyclone » est, selon lui « le prix des matières premières », notamment le pétrole : après avoir augmenté tout l’été, les cours ont été encore soutenus par les annonces mardi du prolongement des coupes effectuées par la Russie et l’Arabie saoudite.

Le prix du baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en novembre a pris 0,62 %, pour clôturer à 90,60 dollars, un nouveau sommet de près de 10 mois.

Le baril de West Texas Intermediate (WTI) américain, avec échéance en octobre, s’est lui apprécié de 0,98 %, à 87,54 dollars, également au plus haut depuis mi-novembre. Il s’agit de la neuvième séance positive de suite pour le WTI.

Cette hausse du pétrole fait craindre une reprise de l’inflation, ou un recul plus lent qu’espéré, notamment en Europe. Ce scénario se répercute sur « les taux longs », qui sont remontés, mais aussi sur la force du dollar depuis plusieurs semaines ainsi que sur les marchés action, décrit le gérant.

Une résurgence de l’inflation inciterait les banques centrales à garder leur politique monétaire restrictive, mise en place depuis 2022, pendant encore de longs mois.  

Même la bonne tenue du secteur manufacturier aux États-Unis selon l’indicateur ISM n’apporte pas de réconfort aux investisseurs. « Elle suscite des inquiétudes quant à une inflation persistante » notamment, car l’indice des ISM des prix payés est largement supérieur aux attentes, dit Christophe Boucher, directeur des investissements d’ABN AMRO IS.

Les taux d’intérêt des États remontaient encore : le taux d’intérêt de l’emprunt américain à 10 ans passait à 4,28 %, contre 4,26 % mardi, et celui de l’Allemagne passait à 2,66 % contre 2,61 % mardi.  

Face à ces visions pessimistes sur les prochains mois, le sursaut pourrait paradoxalement venir du manque de dynamisme en Chine, qui « pourrait exporter le ralentissement de sa demande », notamment en matières premières et ainsi faire baisser les prix du pétrole, nuance M. Nizard.

Apple en ligne de mire de la Chine 

Selon le Wall Street Journal, les autorités ont interdit aux employés d’agences gouvernementales l’usage professionnel d’iPhone, ou même, pour les détenteurs du téléphone intelligent d’Apple, de l’emmener sur leur lieu de travail. La directive concernerait également d’autres modèles de téléphones non chinois.

La firme de Cupertino a perdu plus de 100 milliards de dollars de capitalisation boursière sur la seule séance de mercredi (-3,58 %).

Le fait que la Chine « s’en prenne à Apple a pesé sur le marché, parce que c’est la plus grosse capitalisation », a expliqué Steve Sosnick, d’Interactive Brokers.

LVMH encore chahuté

Le numéro 1 mondial du luxe LVMH a reculé de 3,64 % à Paris, le prix de son action tombant à son plus bas niveau depuis janvier. Tout le secteur du luxe souffre avec les déclarations du propriétaire de Richemont (-5,18 %) Johann Rupert lors de l’Assemblée générale de l’entreprise, soulignant que l’inflation est en train de toucher la demande en produit de luxe en Europe, a rapporté l’agence Bloomberg.  

LVMH, qui a perdu son rang de première capitalisation européenne la semaine passée, est également affecté par une note HSBC, qui a maintenu sa recommandation, mais fortement diminué son objectif de cours.  

Les actions de Kering (-2,31 %) et Hermès (-1,86 %) ont aussi été revues à la baisse par la banque, mais plus légèrement. Ailleurs, Burberry cédait 4,71 %, Swatch 2,72 %.  

Du côté des devises

Le dollar américain se stabilisait par rapport à l’euro après des gains la veille, à 1,0724 (+0,03 %) vers 16 h 55 (heure de l’Est).  

Le bitcoin se repliait de 0,15 % à 25 666 dollars.