(New York) La Bourse de New York a terminé en hausse vendredi, au plus haut depuis un mois, surmontant les échos alarmants des banques sur l’économie américaine, grâce à un indicateur qui signale que le moral des consommateurs américains s’améliore.

Le Dow Jones a progressé de 0,33 %, l’indice NASDAQ a pris 0,71 % et l’indice élargi S&P 500 a gagné 0,40 %.

Le NASDAQ a enchaîné une sixième séance de hausse consécutive et les trois indices ont fini à leur plus haut niveau depuis un mois.

La séance avait démarré dans le rouge sur un marché crispé par la communication de plusieurs grandes banques américaines sur l’état de l’économie et ses perspectives.

Les quatre établissements financiers majeurs qui ont ouvert la saison des résultats, vendredi, ont toutes fait mieux qu’attendu par les analystes.

Pour autant, les investisseurs ont initialement retenu la hausse des provisions pour créances douteuses, signe d’une détérioration de la conjoncture, et des commentaires assez pessimistes.

JPMorgan Chase (+2,52 %) table désormais sur une « récession modérée », tandis que le PDG de Bank of America (+2,20 %), Brian Moynihan a lui fait état d’un « environnement économique en ralentissement de plus en plus marqué ».

Wells Fargo (+3,25 %) et Citigroup (+1,69 %) ont également vu leurs provisions augmenter, la seconde les justifiant par « une détérioration des prévisions macroéconomiques ».

Les investisseurs ont également relevé que les consommateurs utilisaient davantage leurs cartes de crédit, selon les banques, ce qui fait craindre une augmentation des impayés.

Mais après cette mauvaise impression de départ, « le marché s’est repris avec la publication de l’indice de confiance des consommateurs », basé sur une enquête mensuelle de l’université du Michigan, a expliqué, dans une note, Edward Moya, d’Oanda.

L’indice est ressorti à 64,2 points en janvier, soit bien au-dessus de décembre (59,7) et des attentes des économistes (60,7).

Les opérateurs ont aussi salué l’évolution, selon la même enquête, des anticipations d’inflation des consommateurs, qui la voient à 4 % dans un an, contre 6,5 % actuellement.

Le léger accès de faiblesse de Wall Street en début de séance « a été vu comme une opportunité d’achat », a décrypté Patrick O’Hare, de Briefing.com, pour qui la place new-yorkaise continue de bénéficier d’un élan haussier.

Les opérateurs ont également relativisé, dans un second temps, le discours des banques. On se prépare à une récession modérée, « mais pas à un atterrissage brutal », a souligné Patrick O’Hare.

Le S&P 500 a fini vendredi au-dessus d’un important seuil technique, à savoir la moyenne des 200 derniers jours de Bourse.

Pour aller plus loin, il va falloir des résultats d’entreprises satisfaisants, prévient Art Hogan, de B. Riley Wealth Management.

« La semaine prochaine, l’attention sera uniquement concentrée là-dessus » ainsi que sur les prévisions de ces sociétés pour les mois à venir, annonce l’analyste. « On va pouvoir évaluer si nos estimations sont proches ou non de la réalité. »

Parmi les entreprises qui faisaient partie de la première vague des résultats figurait également Delta Air Lines (-3,54 % à 38,20 dollars), qui a, elle aussi, fait mieux que ne le prévoyaient les analystes.

Le titre a néanmoins été fui par les opérateurs, déçus par les prévisions de la compagnie pour le premier trimestre, qui intègre une augmentation des coûts hors carburant, liée à des revalorisations de salaires.

Ailleurs à la côte, Tesla a de nouveau été attaqué (-0,94 % à 122,40 dollars), après avoir abaissé les prix de la plupart de ses modèles aux États-Unis et en Europe.

Le constructeur a amputé le tarif de son modèle Y de près de 20 %. La décision doit notamment permettre aux acheteurs américains de bénéficier des abattements prévus par le gouvernement pour favoriser le développement des voitures électriques aux États-Unis.

Cette initiative de Tesla a pénalisé tout le secteur automobile, de General Motors (-4,75 %) à Ford (-5,29 %), en passant par un autre spécialiste des véhicules électriques, Rivian (-6,43 %).

L’assureur santé UnitedHealth (-1,23 % à 489,57 dollars), première pondération du Dow Jones, a été boudé malgré des résultats supérieurs aux attentes et la confirmation de ses prévisions, dans un contexte favorable au secteur technologique et aux valeurs de croissance.

Les taux obligataires se sont tendus après la publication de l’enquête de l’université du Michigan. Le rendement des emprunts d’État américains à 10 ans ressortait à 3,49 %, contre 3,44 % la veille.

La Bourse de Toronto

La Bourse de Toronto a avancé vendredi de près de 150 points grâce à des gains généralisés, pendant que les grands indices américains ont progressé eux aussi.

L’indice composé S&P/TSX du parquet torontois a grimpé de 148,90 points pour terminer la séance avec 20 360,10 points. Sur l’ensemble de la semaine, il a cumulé une progression de 2,8 %.

Sur l’ensemble de la semaine, le Dow Jones a gagné 2,0 %, tandis que le S&P 500 a augmenté de 2,7 % et le NASDAQ, de 4,8 %.

Les marchés ont ouvert en baisse vendredi, mais ont regagné du terrain tout au long de la journée, a observé Ian Chong, gestionnaire de portefeuille associé pour First Avenue Investment Counsel.

C’est probablement parce que les grandes banques américaines ont ouvert la saison des bénéfices, vendredi, avec des chiffres décents, mais des perspectives sans éclat, a souligné M. Chong. Cependant, lors des conférences téléphoniques au sujet de leurs résultats, leurs grands patrons ont évoqué la résilience des consommateurs, ce qui a contribué à rassurer les investisseurs, a-t-il poursuivi.

« Je pense que cela a apporté beaucoup d’aisance sur le marché », a-t-il affirmé.

La banque JPMorgan, par exemple, a appelé à une « légère » récession cette année.

Le sentiment du marché vendredi, tout comme les messages des grands patrons, était prudemment optimiste, a estimé M. Chong.

« Le consommateur est toujours dans une position de bilan très solide en ce qui a trait aux dépôts. Donc, même s’ils dépensent un peu plus, alors que les taux d’intérêt continuent d’augmenter, ils peuvent s’en sortir », a-t-il affirmé.

La semaine prochaine, des données sur les ventes au détail seront publiées au Canada et aux États-Unis, ce qui donnera un aperçu de la façon dont le consommateur s’est comporté pendant la saison des achats des Fêtes (les données du Canada sur le commerce de détail couvriront le mois de novembre). Les ventes au détail devraient avoir diminué des deux côtés de la frontière, a prédit M. Chong.

Au Canada, tous les yeux seront rivés sur les données sur l’inflation, en prévision de la décision de la Banque du Canada sur les taux d’intérêt, la semaine suivante. Les économistes s’attendent généralement à une hausse de 25 points de base du taux directeur.

Sur le marché des devises, le dollar canadien s’est négocié au cours moyen de 74,59 cents US, en baisse par rapport à celui de 74,75 cents US de jeudi.

La Presse Canadienne