(New York) Les cours du pétrole ont rebondi jeudi après deux séances difficiles, stimulés par des achats d’opportunité et l’arrêt d’un oléoduc dans l’Est des États-Unis, même si les opérateurs restent pessimistes quant à la demande d’or noir.

Le prix du baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en mars a grignoté 1,09 %, pour clôturer à 78,69 dollars.

Le baril de West Texas Intermediate (WTI) américain, avec échéance en février, a lui gagné 1,13 %, à 73,67 dollars.

« Ce n’est qu’un rebond technique, après les pertes des premiers jours de l’année », a commenté Andrew Lebow, de Commodity Research Group.

Sur les séances de mardi et mercredi, le WTI avait ainsi reculé de plus de 9 % et approché un plus bas de plus d’un an.

Pour l’analyste, les cours ont aussi profité de l’arrêt d’un oléoduc opéré par la compagnie Colonial Pipeline et qui assure le transport de produits raffinés de Greensboro (Caroline du Nord) à Linden (New Jersey).

La décision a été prise après la constatation d’une fuite près de Danville (Virginie). L’opérateur a indiqué qu’il prévoyait la remise en service de l’installation samedi.

Le marché a fait relativement peu de cas du rapport hebdomadaire de l’Agence américaine d’information sur l’énergie (EIA), avec des chiffres qui « partaient un peu dans tous les sens », selon Robert Yawger, de Mizuho.

Parmi les surprises, la chute du taux d’utilisation des raffineries, qui est tombé à 79,6 %, au plus bas depuis près de 22 mois, contre 92,0 % la semaine précédente.

Selon l’analyste, ce décrochage s’explique par le passage de la tempête hivernale Elliott, fin décembre, aux États-Unis. L’évènement climatique avait entraîné des perturbations dans plusieurs raffineries, en particulier au Texas.  

Le rapport hebdomadaire publié jeudi par l’EIA a également mis en évidence un brutal affaissement de la demande de produits raffinés, qui a chuté de 20 %.

Ce reflux est surtout notable pour l’essence (-19 %) et les produits distillés (-28 %), qui comprennent le gazole, mais aussi le fioul domestique.

Si le fléchissement de la consommation d’essence et de gazole intervient dans un contexte de faible demande, il est partiellement attribuable à la tempête hivernale, qui a limité les déplacements dans de nombreux États américains.

La publication a suscité « une bonne dose de scepticisme tant sur l’offre que sur la demande », selon Andrew Lebow, et les courtiers y ont vu une anomalie, qui ne reflète pas les fondamentaux du marché.

Les opérateurs n’ont pas non plus réagi à l’annonce par Vladimir Poutine d’un cessez-le-feu unilatéral de 36 heures en Ukraine.

Un arrêt définitif des hostilités augurerait d’une augmentation des exportations de pétrole russe, ce qui pourrait faire baisser encore davantage les cours, anticipe Robert Yawger.

Pour Andrew Lebow, malgré le rebond de jeudi, « la direction du marché reste à la baisse », sur fond de résurgence de la COVID-19 en Chine et de la perspective d’une Réserve fédérale prête à plomber l’économie américaine pour juguler l’inflation.

Robert Yawger voit le marché tester de nouveau le seuil des 70 dollars le baril pour le WTI, seuil en deçà duquel il n’est plus descendu depuis plus d’un an.