(Paris) Les marchés boursiers ont salué vendredi les chiffres sur l’emploi américain, faisant état d’une décélération de la hausse des salaires en décembre, ce qui pourrait amener la Réserve fédérale à lever le pied dans son resserrement monétaire.

À Paris, l’indice vedette CAC 40 a progressé de 1,47 % à 6860,95 points, son plus haut de clôture depuis le début de la guerre en Ukraine. Londres a fini en hausse de 0,87 % à un sommet de 3 ans et Francfort a pris 1,20 %, son bilan sur la semaine approchant les 5 %.

Alors que les indices européens se sont focalisés cette semaine sur la réouverture en Chine et la baisse des prix de l’énergie, à Wall Street les investisseurs essaient plutôt de voir jusqu’où la banque centrale américaine (Fed) va remonter ses taux.

À New York, le Dow Jones a fini en progression de 2,13 %, l’indice NASDAQ, de 2,56 %, et l’indice élargi S&P 500, de 2,28 %.

Le taux de chômage américain a reculé en décembre à 3,5 %, signe de la résistance du marché du travail, mais, ce qui a surtout enthousiasmé, c’est la moindre hausse du salaire horaire moyen (+4,6 % par rapport à décembre 2021, contre +4,8 % en novembre).

« C’est du gagnant-gagnant pour la Fed, avec une hausse des salaires qui se calme tandis que le marché de l’emploi reste stable », a commenté Peter Essele, de Commonwealth Financial Network.

La dynamique initiée par le rapport sur l’emploi a été nourrie, un peu plus tard, par un autre indicateur, l’indice ISM, qui a montré que l’activité dans les services aux États-Unis s’était contractée en décembre, pour la première fois depuis mai 2020.

« On est toujours dans un contexte ou les mauvaises nouvelles (économiques) sont bien accueillies », a expliqué Nick Reece, de Merk Investments, les signes de fléchissement de l’économie américaine pouvant inciter la Fed à lever le pied.

Pour l’analyste, la place new-yorkaise a été plus sensible à l’ISM qu’au rapport sur l’emploi, « car il était bien en deçà de ce qui était attendu et inférieur à 50 » (49,6 %), ce qui témoigne d’une contraction de l’activité.

« C’est cela qui a fait chuter les taux (obligataires) et tiré le marché » actions, selon lui.

Le rendement des emprunts d’État américains à 10 ans s’est ainsi brutalement détendu à 3,56 %, contre 3,71 %.

Quant au taux à 2 ans, plus sensible aux anticipations de politique monétaire, il a lâché 20 points de base (0,2 point de pourcentage), un décrochage rare sur le marché obligataire, à 4,25 %.

La techno à la fête

Après un démarrage poussif, toute la techno s’est mise en mouvement, entraînée par une chasse aux bonnes affaires et la perspective d’un environnement de taux plus favorable aux financements importants dont a besoin le secteur pour se développer.

Apple (+3,68 %), Amazon (+3,56 %) et le fabricant de cartes graphiques Nvidia (+4,16 %) ont tous été à la fête.

Même Tesla, après être tombé initialement à son plus bas niveau depuis près de deux ans et demi, est parvenu à prendre l’aspiration (+2,47 % à 113,06 dollars).

Du côté du pétrole et des devises

Le dollar creusait ses pertes vendredi, les chiffres sur l’emploi américain pour décembre faisant état d’un ralentissement des hausses des salaires, ce qui atténue les pressions inflationnistes et ouvre la porte à un ralentissement du relèvement des taux de la Réserve fédérale (Fed).

Vers 16 h 45 (heure de l’Est), le billet vert perdait 1,14 % à 1,0643 dollar pour un euro, après avoir atteint avant la publication du rapport un plus haut depuis près d’un mois à 1,0484 dollar.

Les cours du pétrole ont fait du surplace vendredi après une séance volatile entre le rebond de Wall Street, la situation incertaine en Chine et l’arrêt d’un oléoduc dans l’Est des États-Unis.

Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en mars a cédé 0,15 % à 78,57 dollars.

Son équivalent américain, le baril de West Texas Intermediate (WTI) pour livraison en février, a grappillé 0,13 % à 73,77 dollars.