Les marchés boursiers et financiers ont terminé la semaine en forte baisse, vendredi, alors que les investisseurs s’inquiètent de plus en plus d’une dégradation de la conjoncture économique mondiale.

Au Canada, le principal indice de la Bourse de Toronto a subi sa plus forte baisse journalière en plus de trois mois et le dollar canadien a accentué sa descente sous les 74 cents US.

Ces deux indicateurs ont été bousculés surtout par une rechute des prix du pétrole et par les inquiétudes qu’un ralentissement accentué de l’économie mondiale ait un effet négatif sur les marchés des matières premières.

L’indice S&P/TSX a terminé en baisse de 521 points, ou 2,8 %, à 18 480,98 points, à son plus bas niveau de clôture en plus de deux mois.

Il s’agissait de la quatrième session consécutive en baisse, portant le recul à 4,7 % en une semaine, et à 16 % par rapport au niveau record de clôture atteint en mars dernier.

Prise de conscience

« C’est la prise de conscience, parmi les investisseurs boursiers, que nous assistons à un ralentissement général de l’économie mondiale. Cela fait déjà son chemin dans la baisse des prix des matières premières », a commenté Philip Petursson, stratège en chef des investissements chez Gestion de patrimoine IG, à l’agence d’information financière Reuters.

Vendredi, à la Bourse de Toronto, l’indice sectoriel de l’énergie a chuté de 7,8 %, tandis que celui des matériaux, qui comprend les sociétés minières de métaux et de minéraux d’engrais, a chuté de 4,5 %.

Ensemble, ces deux secteurs représentent près de 30 % de la pondération de l’indice de marché S&P/TSX.

Par ailleurs, des données de l’économie canadienne divulguées vendredi ont montré que les ventes au détail ont chuté de 2,5 % en juillet. C’est plus que prévu par les économistes, mais aussi un indicateur que les hausses de taux d’intérêt par la Banque du Canada ralentissent rapidement les dépenses de consommation.

« La maîtrise de l’inflation restera coûteuse [pour l’économie et les marchés financiers], mais le prix de faire autrement ne ferait que s’accroître avec le temps », estime Royce Mendes, directeur général et chef de la stratégie macroéconomique au Mouvement Desjardins, dans une note de conjoncture obtenue par La Presse.

« Pour les banques centrales, effectuer le travail le plus tôt possible pourrait bien entraîner une légère récession à court terme, mais permettra aussi d’éviter une importante contraction à plus long terme. »

Inquiétudes économiques

Les principaux indices de la Bourse américaine ont également clôturé en forte baisse, vendredi, mais pas autant que l’indice-phare de la Bourse canadienne.

À New York, l’indice Dow Jones a reculé de 486 points, soit 1,6 %, à 29 590 points, ce qui constitue son plus bas niveau de clôture depuis la fin de l’année 2020.

Pendant ce temps, l’indice élargi S&P 500 cédait 64 points, soit 1,7 %, à 3693, et l’indice du marché NASDAQ reculait de 198 points, ou 1,8 %, à 10 867 points.

De l’avis d’analystes des marchés, les investisseurs craignent que les mesures prises par les principales banques centrales pour contenir l’inflation, en particulier les fortes hausses de taux d’intérêt, puissent faire basculer les grandes économies du monde en récession.

« Le marché boursier continue d’être embêté par les mêmes inquiétudes qui lui ont causé des problèmes au cours des dernières semaines ; les taux d’intérêt en forte hausse accentuent les craintes que ces politiques monétaires des principales banques centrales du monde conduisent à un atterrissage brutal de l’économie, et donc à une réduction considérable des perspectives de prochains bénéfices des entreprises en Bourse », indique Martin Roberge, analyste principal des marchés nord-américains chez Canaccord Genuity, à Montréal, dans une note à ses clients-investisseurs obtenue par La Presse.

À ce rythme, l’indice S&P 500 de la Bourse américaine et l’indice MSCI des actions mondiales s’affichent maintenant en baisse de plus de 20 % depuis le début de l’année.

Pour sa part, l’indice S&P/TSX de la Bourse canadienne s’en tire un peu mieux jusqu’à maintenant, s’affichant en baisse d’environ 13 % depuis le début de l’année.

Quelles perspectives pour la suite ?

« Malheureusement pour les investisseurs, il y a peu de visibilité quant au moment où les taux d’intérêt cesseront d’augmenter, à quel niveau ils culmineront et dans quelle mesure ils affecteront les bénéfices des entreprises, indique Martin Roberge dans sa note aux investisseurs.

« Et pour rendre la situation encore plus difficile, ces incertitudes surviennent alors que l’indice S&P 500 de la Bourse américaine se négocie toujours au-dessus des moyennes historiques de ses principaux multiples de valeur. »