(Toronto et New York) Une baisse du niveau de confiance des consommateurs américains et des avertissements de la Réserve fédérale des États-Unis sur les hausses de taux d’intérêt ont pesé sur les marchés boursiers nord-américains, mardi, avant la publication de données qui pourraient confirmer mercredi que les États-Unis sont entrés dans une récession technique.

Après avoir connu un bon départ, les marchés ont plongé lorsque deux membres de la Réserve fédérale ont fait éclater la bulle des investisseurs qui pensaient que des données économiques plus faibles pourraient inciter la banque centrale à lever le pied dans ses dynamiques hausses de taux d’intérêt.

Le président de la Fed de New York, John Williams, et la présidente de la Fed de San Francisco, Mary Daly, ont affirmé mardi que la banque centrale s’était pleinement engagée à lutter contre l’inflation.

Le ton n’était pas nouveau, mais il y avait eu une pause dans l’utilisation de ce langage au cours des deux derniers jours, ce qui a fait rebondir les actifs à risque, a souligné Mike Archibald, vice-président et gestionnaire de portefeuille chez Placements AGF.

« Alors maintenant, on subit une pression aujourd’hui sur les types d’actifs à long terme, les segments les plus en croissance du marché, donc ceux de la technologie et de la consommation discrétionnaire, et ceux des services de communication », a-t-il expliqué lors d’une entrevue.

Des analystes prévoient que l’économie américaine montrera une contraction de 1,5 % au deuxième trimestre, après avoir diminué de 1,5 % sur une base annualisée au premier trimestre. Ensemble, ces deux trimestres consécutifs de croissance négative représentent une récession.

« Une baisse plus importante est certainement la préoccupation et on a évidemment vu l’impact de cela sur certains actifs à risque », a souligné M. Archibald.

« Nous devons nous rapprocher du moment où nous sommes convaincus que la Fed a terminé son cycle de hausse des taux d’intérêt et je ne pense pas que nous en soyons encore proches. Cela signifie donc probablement qu’il y aura davantage de volatilité sur le marché. »

En plus des commentaires des orateurs de la Fed, les données sur la confiance des consommateurs ont été plus faibles que prévu.

Le Conference Board a indiqué que son indice de confiance des consommateurs était tombé à 98,7 points en juin, par rapport à celui de 103,2 points de mai, rejoignant son plus faible niveau depuis avant la pandémie de COVID-19.

Ce pessimisme survient dans un contexte de forte inflation et de crainte que les hausses des taux d’intérêt ne plongent l’économie dans une récession en bonne et due forme.

Selon des résultats définitifs à la clôture, l’indice Dow Jones a lâché 1,56 % à 30 946,99 points, le NASDAQ, à dominante technologique, qui avait tiré le rebond de la semaine précédente, a de nouveau plombé le marché, plongeant de 2,98 % à 11 181,54 points.

L’indice élargi S&P 500 a perdu 2,01 %, à 3821,55 points.

L’indice composé S&P/TSX de la Bourse de Toronto a clôturé en baisse de 35,58 points à 19 222,74 points.

Sur le marché des devises, le dollar canadien s’est négocié au cours moyen de 77,74 cents US, en hausse par rapport à celui de 77,60 cents US de la veille.

À la Bourse des matières premières de New York, le cours du pétrole brut a avancé de 2,19 $ US à 111,76 $ US le baril, pendant que celui du gaz naturel a pris 2,4 cents US à 6,57 $ US le million de BTU.

Le prix de l’or a rendu 3,60 $ US à 1821,20 $ US l’once et celui du cuivre s’est apprécié de 1,4 cent US à 3,78 $ US la livre.

La séance avait pourtant bien démarré avec des nouvelles positives venues de Chine sur sa politique de tolérance zéro vis-à-vis de la COVID-19.

Mais ce baume au cœur des investisseurs, espérant entrevoir un rebond de la demande, a fait long feu après la publication de l’indice de confiance des consommateurs américains du Conference Board.

Celui-ci s’est dégradé nettement plus que prévu en juin, tombant à son plus bas niveau depuis février 2021.

« Que la confiance baisse, c’est normal avec ce qui se passe avec l’inflation et sur le principe, ce n’est pas forcément mauvais pour le marché car cela signifie que l’économie ralentit, que la hausse des prix devrait diminuer et donc que la Fed devrait être moins agressive », a commenté Gregori Volokhine de Meeschaert Financial Services.

« Mais ce qui est plus inquiétant, c’est que les attentes d’inflation des Américains restent à 8 % sur douze mois, ce qui montre qu’ils n’ont pas confiance dans la politique de la Fed », a poursuivi M. Volokhine.

« Avec ce manque de confiance dans la politique de la banque centrale américaine » pour juguler l’inflation, « les Américains, qui sont quand même les investisseurs, ne vont en tout cas pas investir maintenant dans le marché », a-t-il ajouté.

Coup dur pour le marché

Quasiment tous les secteurs du S&P ont conclu dans le rouge, à commencer par les dépenses non essentielles, qui ont perdu plus de 4 %, suivies par les valeurs dites de croissance relevant des technologies de l’information (-3,0 %) et du secteur de la communication (-2,9 %).

Seule l’énergie a gardé la tête hors de l’eau, dans le sillage de la hausse des prix du brut (+2,7 %).

Les grands noms de la tech ont plombé le NASDAQ, comme Amazon, Meta (Facebook) ou Tesla, qui ont tous chuté de plus de 5 %. Les fabricants de semi-conducteurs ont aussi plongé comme AMD (-6,2 %) ou Nvidia (-5,3 %).

Dans le secteur de la consommation, Nike a dégringolé de presque 7 % après avoir publié des projections moroses pour l’ensemble de l’année, notamment à cause d’une baisse de ses ventes en Chine.