(New York) Le dollar avançait mardi à la faveur d’un moindre appétit pour le risque, face à un euro pénalisé par des indicateurs économiques détériorés, tandis que le yen a plongé à de nouvelles profondeurs.

Vers 19 h 30 GMT (15 h 30 à Montréal), le billet vert gagnait 0,58 % face à la monnaie unique, à 1,0520 dollar pour un euro. Plus tôt, il avait même flirté avec 1,05 dollar, avant de fléchir légèrement.

Pour Juan Manuel Herrera, de Scotiabank, « les marchés ont réagi aux mauvais indicateurs américains, en particulier l’indice de confiance des consommateurs », publié par l’institut Conference Board, qui est ressorti, pour juin, à son plus bas niveau depuis février 2021.

À 98,7 points, cet indice enregistre une chute de 4,5 points par rapport à mai, et est sensiblement inférieur aux prévisions des économistes, qui tablaient sur 101 points.

« Ça a calmé le goût pour le risque qui se dessinait un peu plus tôt », a expliqué Juan Manuel Herrera, pour qui le mouvement « ne s’est pas limité à l’euro ».

La livre sterling, en particulier, a brutalement reculé face au « greenback », surnom du dollar.

« Les inquiétudes liées à une inflation élevée et au ralentissement de la croissance continuent à peser sur la confiance du marché, un climat de prudence et d’incertitude qui limite les accès de faiblesse du dollar », a renchéri, dans une note, Joe Manimbo, de Western Union.

Dans le cas de l’euro, la devise commune à 19 pays européens a également pâti de la morosité des consommateurs. En Allemagne, le baromètre GfK est descendu, en mai, au plus bas niveau jamais enregistré, tandis qu’en France, l’indicateur Insee du moral des ménages a accusé, en juin, sa sixième baisse mensuelle consécutive.

Loin de profiter du climat d’aversion au risque, le yen a de nouveau visité les abîmes, au plus bas depuis plus de 7 ans face à l’euro et depuis 42 ans face au franc suisse.

« Nous ne pensons pas que les taux de change mettent la BoJ (Banque du Japon) sous pression extrême », a tempéré Juan Manuel Herrera.

La seule évolution envisageable, selon lui, est de voir l’institution laisser davantage flotter les taux obligataires, qu’elle plafonne aujourd’hui artificiellement à 0,25 % pour le rendement des emprunts d’État à 10 ans.

Pour autant, elle devrait « maintenir son engagement très ferme à mener une politique ultra-accommodante », estime l’analyste.

Mardi, le marché des changes a également vu le rouble s’élever au plus haut depuis 7 ans face au dollar, signe que la Russie profite toujours des revenus de ses exportations de matières premières.

Dans le même temps, la roupie indienne a elle atteint le plus faible cours de son histoire face au dollar, à 78,86 roupies pour un dollar, malgré une nouvelle intervention de la banque centrale indienne, qui a vendu des dollars.

Le cours de la roupie est plombé par sa dépendance aux importations d’énergie, pétrole en tête, qui ont flambé cette année, ainsi qu’à la réduction de l’écart entre le taux directeur de la banque centrale indienne et ceux des grandes banques centrales.