(New York) La Bourse de New York a perdu, en fin de séance, le peu de l’élan qu’elle avait trouvé et clôturé en légère baisse mercredi, entraînée notamment dans le rouge par le secteur de l’énergie.

Le Dow Jones s’est effrité de 0,15 %, à 30 483,13 points, l’indice NASDAQ, influencé par les valeurs technologiques, a perdu 0,15 %, à 11 053 017 points, et l’indice élargi S&P 500 a reculé de 0,13 %, à 3759,89 points.

« Le marché a été hésitant aujourd’hui », a réagi Angelos Kourkafas, d’Edward Jones, « ce qui n’est pas étonnant, car l’histoire qu’il se raconte n’a pas changé ».

Après avoir ouvert en baisse, les indices s’étaient relevés au fil de la journée, avant de s’essouffler.

« Globalement, le fait d’avoir fini cette journée sans effacer une portion significative des gains réalisés hier (mardi) est une victoire », a lancé Art Hogan, de National Securities.

Une bonne partie de la séance a été occupée par l’audition du président de la banque centrale américaine (Fed), Jerome Powell, devant la commission bancaire du Sénat.

Le responsable y a répété sa détermination à combattre l’inflation, estimant qu’une récession, due principalement au coup de frein monétaire de la Fed, était « une possibilité ».

« Nous n’essayons pas de provoquer une récession, nous n’en avons pas besoin », a cependant argumenté Jerome Powell. « Nous pensons avant tout qu’il est absolument essentiel de ramener la stabilité des prix, qui profitera au marché du travail. »

« Je ne pense pas que Powell ait dit quoi que ce soit de nouveau », a considéré Art Hogan, « et c’est souvent le cas lors de ces auditions au Congrès. Donc demain (audition devant une commission de la Chambre des représentants), cela devrait être la même chose ».

« Le fait que les valeurs cycliques et le secteur de l’énergie soient tous en baisse signale, à mon sens, que les investisseurs sont inquiets pour la croissance, à mesure que se manifestent les risques de récession », a souligné Angelos Kourkafas.

Parmi les valeurs cycliques, plus sensibles au cycle économique que la moyenne, le spécialiste des véhicules de chantier Caterpillar (-4,35 %) ou le fabricant de tracteurs et tondeuses John Deere (-3,44 %) ont tous deux reculé.

Quant au secteur de l’énergie, il a été sapé par la chute des cours du pétrole et des matières premières en général. Les pétroliers Exxon Mobil (-3,96 %) et Chevron (-4,35 %), l’aciériste US Steel (-2,70 %) ou le groupe gazier Cheniere (-4,44 %) ont mal vécu la séquence, tout comme la minière Freeport-McMoRan (-7,96 %).

Le pharmaceutique et la technologie résistent

À l’opposé, les valeurs dites défensives, les moins sensibles à la conjoncture économique, ont résisté, à l’instar de l’ensemble du secteur pharmaceutique, qu’il s’agisse de Merck (+1,28 %), Johnson & Johnson (+1,58 %) ou Moderna (+4,68 %).

Une fois n’est pas coutume, dans cette atmosphère d’aversion relative pour le risque, de nombreuses valeurs technologiques se sont bien comportées. Amazon (+0,25 %), PayPal (+0,83 %) ou Netflix (+4,67 %), qui serait en passe de trouver un partenaire pour créer son offre avec publicité, ont ainsi tiré leur épingle du jeu.

« Avec la baisse des taux obligataires, ces actions ont eu droit à un coup de pouce aujourd’hui », a expliqué Angelo Kourkafas.

Le marché obligataire a, en effet, été pris d’assaut, et ses taux, qui évoluent en sens opposé des prix, se sont violemment contractés. Le rendement des emprunts d’État américains à 10 ans est descendu à 3,15 %, contre 3,27 % la veille.

Ailleurs à la cote, le cigarettier Altria a plongé (-9,19 % à 41,50 dollars) après la décision, annoncée mardi, du gouvernement de réduire le taux de nicotine des cigarettes vendues aux États-Unis, ce qui permettrait, selon des experts, de limiter la dépendance des fumeurs.

Autre coup dur pour le groupe de Richmond (Virginie), l’agence américaine qui régule notamment la commercialisation du tabac et de ses produits affiliés se préparerait à interdire la vente des produits Juul, géant des cigarettes électroniques dont Altria possède 35 % du capital.  

Revlon a poursuivi sa folle chevauchée (+34,32 % à 8,14 dollars). Après avoir fondu de 73 % après la publication des premières informations liées à son dépôt de bilan, intervenu jeudi, le groupe cosmétique a vu la valeur de son titre plus que quintupler, dopée notamment par l’afflux d’investisseurs particuliers, décidés à spéculer sur l’action.

À Toronto

Les craintes de voir une baisse de la demande attribuable aux hausses de taux d’intérêt ont fait reculer le secteur de l’énergie de la Bourse de Toronto, mercredi, et forcé l’indice de référence du parquet à clôturer en baisse, alors que l’inflation atteignait en mai un sommet de près de 40 ans.

« Le Canada a mieux performé que les autres marchés cette année, mais pas cette semaine. L’énergie connaît de nombreuses prises de bénéfices et, à mesure que les rendements obligataires reculent, nous pourrions voir un rebond des actions technologiques survendues jusqu’à la fin du trimestre », a observé Greg Taylor, chef des investissements de Purpose Investments.

L’indice composé S&P/TSX de la Bourse de Toronto a retraité de 253,25 points pour terminer la journée avec 19 004,04 points.

Le secteur de l’énergie a enregistré le principal recul mercredi, perdant 5,4 % alors que les prix du pétrole brut retraitaient et nuisaient aux actions des producteurs canadiens. Le titre de Baytex Energy a rendu 12 % et celui de Meg Energy a effacé 9,5 %.

Sur le marché des devises, le dollar canadien s’est négocié au cours moyen de 77,27 cents US, en baisse par rapport à celui de 77,35 cents US de la veille.

M. Taylor a noté que la peur sur les marchés boursiers cette semaine se centrait sur la récession, la Réserve fédérale américaine semblant prête à accepter une récession pour faire face à l’inflation. Cela a nui aux matières premières, l’énergie et le cuivre ayant cédé du terrain.

La Banque du Canada devrait relever son taux d’intérêt le mois prochain, surtout après que la flambée des prix de l’essence a aidé l’inflation annuelle à atteindre en mai son plus haut niveau en près de 40 ans.

« Cela devrait à peu près garantir que la Banque du Canada augmentera (son taux directeur) de 75 points de base lors de la prochaine réunion », a écrit M. Taylor dans un courriel.