L’annonce d’une entente avec Québecor pour Freedom Mobile semble grandement rassurer les marchés. Les investisseurs semblent maintenant beaucoup moins douter de voir la fusion de Shaw et Rogers approuvée, comme en témoigne la réaction boursière enregistrée durant la première séance de la semaine.

L’action de Rogers Communications a gagné 6 % lundi, celle de Shaw, 8 %, alors que celle de Québecor s’est appréciée de 6 %.

Québecor, Rogers et Shaw ont annoncé vendredi soir une entente selon laquelle Québecor convient d’acheter pour 2,85 milliards Freedom Mobile, une entreprise de services sans fil ayant 1,7 million de clients en Ontario, en Alberta et en Colombie-Britannique.

Rogers et Shaw avaient consenti plus tôt ce printemps à se défaire de Freedom Mobile pour convaincre les autorités réglementaires d’approuver l’acquisition de Shaw par Rogers, une transaction évaluée à 26 milliards (ce qui inclut la dette).

Le Bureau de la concurrence a cependant réitéré la semaine dernière son opposition au mariage de Shaw avec Rogers affirmant que la vente de Freedom Mobile ne serait pas une solution efficace et que cela affaiblirait Freedom en tant que concurrent.

L’accord survenu avec Québecor pour Freedom Mobile semble apaiser les craintes du gouvernement concernant un quatrième acteur viable dans le sans-fil au pays, soutient l’analyste Tim Casey, de la BMO.

« La réaction à venir du Bureau de la concurrence n’est toutefois pas claire », ajoute-t-il. Cet expert s’attend à ce que des rencontres avec le Bureau de la concurrence soient organisées en accéléré. Si les autorités décident d’approuver la transaction, Tim Casey estime que la fusion Shaw-Rogers pourrait se clôturer en 10 jours.

Les délais sont peut-être trop serrés pour respecter la date limite de clôture de la transaction fixée au 31 juillet par Rogers et Shaw, mais Tim Casey pense que les deux entreprises accepteraient de repousser la date limite encore une fois.

Encouragée par l’entente convenue avec Québecor pour Freedom, l’analyste Aravinda Galappatthige, chez Canaccord, change son fusil d’épaule et suggère désormais à ses clients d’acheter l’action de Rogers et celle de Shaw.

« C’est finalement positif pour Rogers [l’entente avec Québecor] puisque tout indique que ça permet à Rogers de franchir la ligne d’arrivée en ce qui concerne l’achat de Shaw », souligne-t-il dans une note rédigée dimanche.

Aravinda Galappatthige ajoute cependant que le coût devient plus élevé que prévu pour Rogers étant donné que l’évaluation moyenne de Freedom rendue publique dans les médias tournait autour de 3,75 milliards. Il précise également que Freedom est vendue à l’acquéreur le « moins désirable » pour Rogers.

Cet expert pense néanmoins qu’en raison de la faiblesse de l’action de Rogers et de Shaw ce printemps, les titres de ces deux entreprises sont maintenant attrayants puisque, selon lui, les probabilités de voir la fusion de Rogers et Shaw être approuvée augmentent maintenant à plus de 95 %.

En ce qui concerne Québecor, Aravinda Galappatthige se montre divisé. « D’un côté, l’occasion de développer le quatrième acteur en importance dans le sans-fil au pays vient avec un potentiel de croissance significatif. Avec une bonne exécution, l’avantage est significatif pour Québecor. »

De l’autre côté, dit-il, des questions sont soulevées entourant la perspective d’un succès à plus long terme en raison de la vulnérabilité possible à la suite de représailles sous la forme d’activités promotionnelles de la part des concurrents dans le marché du Québec pendant que Québecor tente de développer Freedom Mobile avec un manque d’expérience à l’extérieur du Québec et un bilan financier plus lourd.

Bien qu’il soit encore trop tôt pour déterminer les effets à long terme de la transaction avec Québecor, puisque cela dépend notamment de la stratégie du propriétaire de Vidéotron et de son exécution, Aravinda Galappatthige estime que le résultat est en fin de compte modérément négatif pour Rogers, BCE et Telus. Ces trois géants des télécoms auraient, selon lui, assurément préféré un autre acquéreur pour Freedom Mobile étant donné que Québecor est sans doute le plus fort concurrent auquel ils peuvent se mesurer.

« Cela dit, ça demeure un long voyage pour Québecor », dit Aravinda Galappatthige.