(New York) Les cours du West Texas Intermediate (WTI), principale variété américaine de pétrole, ont glissé après l’annonce d’une hausse brutale du taux directeur de la banque centrale américaine (Fed), qui a renforcé le dollar, devise de référence de l’or noir.

Le baril de WTI pour livraison en juillet a lâché 3,04 %, pour clôturer à 115,31 dollars US. Quant au Brent de la mer du Nord, pour livraison en août, il a lui limité ses pertes et abandonné seulement 2,19 %, à 118,51 dollars.

« Le marché a vendu massivement après la nouvelle », a commenté Andy Lipow, de Lipow Oil Associates, en référence au relèvement de 0,75 point de pourcentage du taux directeur de la Fed.

« Une hausse de cette amplitude est favorable au dollar », a-t-il expliqué, « et bien sûr, les matières premières, qui sont libellées en dollars, ont flanché. »

Pour Craig Erlam, d’Oanda, les cours étaient déjà mal orientés par des prises de bénéfices après une longue séquence de hausses, encouragées par de nouveaux confinements en Chine.

Par ailleurs, le bureau national des statistiques a annoncé que les volumes traités par les raffineries chinoises avaient chuté en mai sur un an (-11 %), signe de l’effet des restrictions sanitaires sur l’activité économique et la demande d’énergie.

Pour Andy Lipow, la récente retraite des cours du brut, avec un cours du WTI qui a perdu près de 6 % en une semaine, ne présage pas d’une chute plus marquée.

« Nous allons rester dans des marges étroites, parce qu’il y a toujours l’autre côté de l’équation, à savoir l’offre », qui continue d’inquiéter les opérateurs.

Aux contraintes existantes est venu s’ajouter le blocage de la plupart des sites de production libyens par des hommes armés, résultat d’une impasse politique, alors que Abdelhamid Dbeibah refuse de céder le pouvoir exécutif à Fathi Bachaga, investi par le Parlement siégeant à l’Est.

En 2021, la Libye a produit environ 1,2 million de barils par jour.

Le marché a aussi pris note de la nouvelle ponction record des réserves stratégiques américaines de brut la semaine dernière, qui a atteint 7,7 millions de barils, selon les chiffres publiés par l’Agence américaine d’information sur l’énergie (EIA).

Même si les stocks commerciaux ont augmenté, dans le même temps, de 1,9 million de barils alors que le marché attendait une contraction de 2,2 millions, les réserves totales d’or noir aux États-Unis ont bien diminué de 5,8 millions de barils en comptant les réserves stratégiques.

Et même si la production américaine a légèrement augmenté, pour la première fois depuis plus d’un mois, au niveau mondial, « les producteurs semblent incapables de rattraper la demande », estime Craig Erlam.

Quant à la nouvelle sortie du président américain Joe Biden, qui a réclamé aux pétroliers « une action immédiate » pour augmenter la production de pétrole aux États-Unis, elle n’a pas ému le marché.

« C’est de la politique », a commenté Andy Lipow, « mais dans les faits, la capacité du président et de l’industrie d’augmenter sensiblement l’offre à court terme est assez limitée. »