(New York) Les craintes de récession ont à nouveau déprimé les marchés mardi, comme c’est le cas depuis plusieurs semaines, face à une possible hausse très brutale des taux directeurs de la banque centrale américaine (Fed).  

Les indices européens ont clôturé mitigés à l’issue d’une séance volatile : Paris a perdu 1,20 %, Francfort a cédé 0,91 %, mais Londres (-0,25 %) et Milan (-0,32 %) ont légèrement mieux résisté.

Wall Street a cherché une direction terminant en ordre dispersé.

Le Dow Jones a perdu 0,50 %, le S&P a lâché 0,38 % tandis que le NASDAQ, qui avait plongé la veille, a grappillé 0,18 %.

La probabilité d’un resserrement monétaire plus fort que prévu de la Réserve fédérale (Fed) a continué d’effrayer les marchés qui considèrent désormais qu’une hausse de taux musclée de 0,75 point de pourcentage semble être l’issue la plus probable de la réunion qui se termine mercredi.  

Un relèvement aussi brutal serait une première depuis 1994.

« En fait si la Fed s’en tient à un relèvement d’un demi-point de pourcentage », comme s’y attendaient jusqu’ici les investisseurs et comme l’avait télégraphié Jerome Powell le patron de la Fed, « le marché risque d’être déçu », a même souligné Quincy Krosby, analyste pour LPL Financial.

Et la Fed n’est pas la seule à durcir plus que sérieusement sa politique monétaire. « Les banques centrales semblent prêtes à s’engager dans une série de mesures agressives de relèvement des taux afin de contenir les pressions inflationnistes », souligne Michael Hewson, analyste de CMC Markets.

Cette perspective fait craindre aux investisseurs une entrée en récession de l’économie américaine l’année prochaine. Le contexte économique est « déjà mis à mal par les problèmes géopolitiques, la situation virale en Asie ainsi que l’inflation record actuelle, alors que la récession menace à moyen et long terme dans de nombreuses régions », rappelle Pierre Veyret, analyste chez ActivTrades.

« Compte tenu du rythme de resserrement attendu de la part des banques centrales […] un atterrissage en douceur est devenu incroyablement difficile à réaliser », appuie Craig Erlam, analyste d’Oanda.

De quoi provoquer un stress dans les salles de marchés : les indices boursiers dégringolent, le dollar s’est envolé et les taux obligataires s’enflamment.

Les taux d’intérêt à 10 ans des dettes française et allemande ont retrouvé des plus hauts depuis 2014 et continuaient de monter de plus de dix points de base mardi.

Celui des emprunts d’État américains à 10 ans atteint 3,47 %, son plus haut niveau depuis plus de 11 ans.

Du côté du pétrole

Les cours de la variété de référence du pétrole américain, le West Texas Intermediate (WTI), ont baissé mardi, dans le sillage du gaz naturel aux États-Unis, en raison de l’arrêt prolongé d’un terminal, dont le gaz non exporté inondera le marché américain.

Le prix du baril de WTI pour livraison en juillet a cédé 1,97 %, pour clôturer à 118,93 dollars. Quant au baril de Brent de la mer du Nord, avec échéance en août, il a lui limité ses pertes à 0,89 %, pour finir à 121,97 dollars.

Le secteur des cryptomonnaies à la peine

La plateforme de cryptomonnaies Coinbase, qui avait chuté de plus de 11 % lundi dans le sillage de la débandade des monnaies virtuelles, a minimisé ses pertes à la clôture à -0,83 % alors qu’elle a annoncé mardi la suppression de 18 % de ses effectifs.

Le bitcoin restait sous pression après avoir vu son prix chuter de plus de 15 % lundi et s’être approché des 20 000 dollars dans la nuit de lundi à mardi. Il s’échangeait à 21 985 dollars (-5,30 %) peu avant 17 h.

Go-ahead avance

Le groupe britannique de transport Go-ahead s’est envolé de 16,18 %, après avoir annoncé lundi soir son rachat à 647,7 millions de livres par un consortium formé du groupe de transport australien Kinetic et du groupe d’infrastructures espagnol Globalvia Inversiones.

Plongeon de la livre

La livre plongeait quant à elle de 1,21 % face à l’euro et atteignait un plus bas depuis deux ans face au billet vert à 1,1975 dollar, plombée par une légère hausse du chômage au Royaume-Uni, nouveau signe de faiblesse de l’économie.

Vers 15 h 25, l’euro se stabilisait à 1,0405 dollar.