(New York) Les marchés financiers ont été poussés à des ventes massives lundi par la perspective d’un durcissement encore plus marqué de la politique monétaire américaine pour lutter contre l’inflation, alors que se profile déjà le spectre d’un ralentissement économique.

En Europe, les indices européens ont signé leur 5e séance de baisse d’affilée : Paris a perdu 2,67 %, Francfort 2,43 %, Londres 1,49 %.

Après de lourdes pertes vendredi, les indices américains ont fait encore pire lundi. Le Dow Jones a perdu 2,79 %, l’indice NASDAQ, sous influence technologique, a lâché 4,68 %, tandis que l’indice élargi S&P 500 a abandonné 3,87 %, à 3749,91 points.

Les marchés actions sont « en chute libre alors que la réalité d’une inflation élevée, d’un resserrement monétaire encore plus rapide et d’une crise du coût de la vie se fait vraiment sentir », a commenté Craig Erlam, analyste chez Oanda.

Après le regain d’inflation aux États-Unis en mai, les investisseurs craignent que la Réserve fédérale (Fed) ait la main encore plus lourde que prévu jusqu’ici en matière de resserrement monétaire.

Ils auront les yeux rivés sur ses annonces à l’issue de sa réunion, qui se tient mardi et mercredi. Une hausse de ses taux directeurs d’un demi-point de pourcentage, soit 50 points de base, semble acquise, mais, désormais, les marchés s’inquiètent d’un relèvement plus fort, de 75 points de base.

Il en va de même au Royaume-Uni, où la banque centrale pourrait augmenter ses taux plus rapidement à l’issue de sa réunion de jeudi, tandis que la possibilité d’une hausse plus importante des taux directeurs de la Banque centrale européenne (BCE) en septembre n’est plus un tabou depuis la semaine dernière.

Choc obligataire

Le risque de hausses des taux plus prononcées et de récession s’est reflété dans l’envolée des rendements souverains.

Le taux des emprunts d’État américains à 10 ans, qui évolue en sens inverse de leur prix, a atteint lundi son plus haut niveau depuis plus de 11 ans : le rendement de référence des obligations souveraines américaines est monté jusqu’à 3,38 %, un sommet depuis mai 2011, contre 3,15 % vendredi.

Le taux d’emprunt américain à 2 ans a grimpé au niveau de 2007, dépassant brièvement les taux à long terme pour la première fois depuis avril. Il s’élevait à 3,37 % vers 20 h 40 GMT.

En zone euro, le mouvement était identique : la dette italienne a vu son rendement à 10 ans déborder les 4 %, le taux d’emprunt français de même échéance dépassait les 2 % et le Bund allemand s’inscrivait à 1,63 %, un niveau plus vu depuis 2014.

« La seule chose qui peut calmer les marchés, c’est de voir le prix des matières premières baisser » de façon prononcée et durable, a estimé Alexandre Baradez, analyste d’IG France.

Le pétrole repasse au-dessus des 120 dollars

Après avoir fléchi une grande partie de la journée, les prix du pétrole ont remonté au-delà des 120 dollars.

Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en août a grappillé 0,21 % à 122,27 dollars, et le West Texas Intermediate (WTI) américain pour livraison en juillet a aussi avancé de 0,21 % à 120,93 dollars.

Bitcoin, yen et roupie au plus bas

Le cours du bitcoin, qui avait flambé fin 2020 et en 2021 pour atteindre un record à 68 992 dollars, a renoué lundi avec son niveau d’il y a 18 mois à moins de 24 000 dollars, soit une chute de près des deux tiers.

Le dollar a profité en revanche de son statut de valeur refuge et de la perspective de nouvelles hausses de taux par la Fed.

L’euro a perdu 1,06 % à 1,0407 dollar.

La livre a reculé de 1,46 % face au billet vert, à 1,2135 dollar pour une livre, souffrant d’une contraction de l’économie britannique en avril.

La roupie indienne a plongé lundi à un plus bas historique, à 78,28 roupies pour un dollar.

Vente généralisée

Les investisseurs ont fui les marchés actions et la vente des titres a concerné tous les secteurs, à commencer par la tech, l’automobile, le secteur minier, le luxe et le tourisme.

Même les bancaires étaient en baisse, malgré la hausse des taux d’intérêt qui augmente leur rentabilité.

Parmi les rescapés

Le groupe britannique de transport Go-ahead a fini en forte hausse (+11 %), après avoir révélé qu’il avait reçu deux offres de rachat non sollicitées dont les montants n’étaient pas identifiés.