(New York) Les cours du pétrole ont limité leurs pertes vendredi après avoir encaissé une série de mauvais indicateurs macroéconomiques américains, signe que le marché est aujourd’hui davantage préoccupé par l’offre que par la demande.

Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en août a cédé 0,86 %, pour clôturer la semaine à 122,01 dollars.

Le West Texas Intermediate (WTI) américain, avec échéance en juillet, a lui abandonné 0,69 %, à 120,67 dollars.

Les prix de l’or noir avaient initialement chuté après la publication de l’indice des prix CPI, qui a montré que les prix avaient davantage progressé que prévu en mai (+1,0 % par rapport à avril) aux États-Unis.

Sur un an, l’inflation a enregistré un nouveau sommet depuis 1981, à 8,6 %.

La deuxième lame est venue de l’université du Michigan, dont l’enquête mensuelle a montré que la confiance des consommateurs était descendue, en juin, à son plus bas niveau en 70 ans d’existence.

« Le chiffre qui a le plus inquiété le marché, c’est celui de la confiance des consommateurs », a décrypté Phil Flynn, de Price Futures Group, « parce que cela pourrait signaler un changement dans les habitudes des consommateurs. »

Si le prix de l’essence au détail a encore inscrit un nouveau record vendredi, le prix de gros sur le marché à terme s’est lui nettement contracté (-2,86 %), a relevé l’analyste, illustration de doutes naissants sur la capacité des consommateurs à encaisser l’envolée des tarifs.

Pour autant, « ce sont les craintes concernant l’offre qui orientent le marché, pas la demande, en ce moment », a rappelé Matt Smith, de Kpler.

La réduction des exportations russes et l’incapacité de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) à tenir ses objectifs de production écartent toute décélération des prix à court terme.

Pourtant proche de ses niveaux records et malgré le bond du dollar, l’or noir s’est donc mieux tenu que les indices boursiers ou même la plupart des autres matières premières.

Autre facteur qui pèse sur l’offre, le relèvement très modéré de la production américaine, qui n’a pas évolué depuis trois semaines, alors que les stocks sont très bas, et reste très loin de ses volumes d’avant la pandémie.

Vendredi, le président Joe Biden s’en est, une nouvelle fois, pris à l’industrie pétrolière américaine, qu’il a mise en garde contre « l’utilisation » de la situation en Ukraine « pour rendre les choses pires pour les familles, faire des bénéfices excessifs ou remonter les prix ».

« Pourquoi ne forent-ils pas davantage ? », a-t-il interrogé, « parce qu’ils font plus d’argent en ne le faisant pas. »

« Ce genre de commentaire est vraiment contre-productif », a commenté Phil Flynn. « Biden accuse les compagnies pétrolières, alors qu’il leur barre la route depuis le début ».

Pour l’analyste, « il a dissuadé les investissements dans le pétrole et le gaz ».