(New York) Les cours du pétrole ont un peu perdu pied lundi avec la crainte qu’un éventuel confinement massif en Chine, pour faire face à la résurgence de la COVID-19 à Shanghai et Pékin, ne déprime la demande d’énergie.

L’idée que des confinements puissent empêcher les déplacements, mais également limiter l’activité industrielle a fait perdre 4,06 % au baril de Brent, pour livraison en juin, qui a conclu à 102,32 dollars.  

En séance, le baril de pétrole de la Mer du Nord est même brièvement passé sous la barre des 100 dollars à 99,66 dollars (-6,55 %) pour la première fois depuis deux semaines.

Le baril de West Texas Intermediate (WTI) pour livraison le même mois, référence américaine, a cédé 3,45 % à 98,54 dollars. Il est aussi descendu en séance au seuil de 95 dollars (-6,50 %), proche de son plus bas depuis le début de la guerre en Ukraine.

« On a la COVID-19 qui s’étend à Pékin et avec cela, l’inquiétude qu’un confinement général soit imposé » dans la capitale chinoise, a indiqué Bob Yawger de Mizuho USA.

Le spécialiste précise que la demande chinoise de brut est déjà en chute de 1,2 million de barils par jour du fait des restrictions sanitaires sévères mises en place à Shanghai.

« Ce chiffre pourrait grossir. Il y a des tonnes de raisons pour le penser, car la situation à Shanghai n’a pas l’air de s’améliorer rapidement », a commenté l’analyste.  

La demande chinoise pour certains types de carburants (essence, gazole et kérosène pour l’aviation) a également déjà reculé de 20 % en avril 2022 par rapport à un an plus tôt, rapporte l’agence Bloomberg en citant des sources au ministère de l’Énergie chinois.

La Chine est le plus gros importateur de pétrole brut.

Depuis début avril, la quasi-totalité des 25 millions d’habitants de Shanghai sont confinés.

Et Pékin vit depuis lundi sous la menace d’un confinement après une rare flambée épidémique dans la capitale, alors que des dépistages massifs sont menés en pleine rue et que les supermarchés sont pris d’assaut.

Un autre facteur a plombé les cours du brut : la montée du dollar.

Face à l’euro, le billet vert est au plus haut depuis 25 mois.  

« Le dollar fort n’aide pas les prix du pétrole et cela ne devrait pas s’arranger alors que la Fed s’apprête à probablement accroître les taux d’intérêt de 50 points de base le 4 mai prochain », a souligné Bob Yawger.

La Banque centrale américaine devrait relever les taux dans cette ampleur au moins quatre fois d’affilée, estiment les investisseurs, ce qui favorise le dollar, devenant plus rémunérateur.

En Libye, la production a repris sur des sites qui avaient été perturbés par des blocages, a affirmé le ministre de l’Énergie aux agences financières.

« Ceci dit, les prix du pétrole ont peu de chance de baisser beaucoup plus alors que la production russe continue de diminuer », tempérait Carsten Fritsch, analyste chez Commerzbank.

Les prix du baril restent en hausse sur six mois de plus de 16 % pour le Brent et de plus de 14 % pour le WTI, tandis que l’aluminium gagne plus de 7 %.